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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince
Autoren: Nicolas Machiavel
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attaquer un troisième, à moins qu'il n'y
soit contraint par la nécessité, car la victoire le mettrait à la
discrétion de cet autre plus puissant ; et les princes
doivent, sur toutes choses, éviter de se trouver à la discrétion
d'autrui. Les Vénitiens s'associèrent avec la France contre le duc
de Milan ; et de cette association, qu'ils pouvaient éviter,
résulta leur ruine.
    Que si une pareille association est
inévitable, comme elle le fut pour les Florentins, lorsque le pape
et l'Espagne firent marcher leurs troupes contre la Lombardie, il
faut bien alors qu'on s'y détermine, quoi qu'il en puisse
arriver.
    Au surplus, un gouvernement ne doit point
compter qu'il ne prendra jamais que des partis bien sûrs : on
doit penser, au contraire, qu'il n'en est point où il ne se trouve
quelque incertitude. Tel est effectivement l'ordre des choses,
qu'on ne cherche jamais à fuir un inconvénient sans tomber dans un
autre ; et la prudence ne consiste qu'à examiner, à juger les
inconvénients et à prendre comme bon ce qui est le moins
mauvais.
    Un prince doit encore se montrer amateur des
talents, et honorer ceux qui se distinguent dans leur profession.
Il doit encourager ses sujets, et les mettre à portée d'exercer
tranquillement leur industrie, soit dans le commerce, soit dans
l'agriculture, soit dans tous les autres genres de travaux auxquels
les hommes se livrent ; en sorte qu'il n'y en ait aucun qui
s'abstienne ou d'améliorer ses possessions, dans la crainte
qu'elles ne lui soient enlevées, ou d'entreprendre quelque négoce
de peur d'avoir à souffrir des exactions. Il doit faire espérer des
récompenses à ceux qui forment de telles entreprises, ainsi qu'à
tous ceux qui songent à accroître la richesse et la grandeur de
l'État. Il doit de plus, à certaines époques convenables de
l'année, amuser le peuple par des fêtes, des spectacles ; et,
comme tous les citoyens d'un État sont partagés en communautés
d'arts ou en tribus, il ne saurait avoir trop d'égards pour ces
corporations ; il paraîtra quelquefois dans leurs assemblées,
et montrera toujours de l'humanité et de la magnificence, sans
jamais compromettre néanmoins la majesté de son rang, majesté qui
ne doit l'abandonner dans aucune circonstance.

Chapitre 22 Des secrétaires des princes
    Ce n'est pas une chose de peu d'importance
pour un prince que le choix de ses ministres, qui sont bons ou
mauvais selon qu'il est plus ou moins sage lui-même. Aussi, quand
on veut apprécier sa capacité, c'est d'abord par les personnes qui
l'entourent que l'on en juge. Si elles sont habiles et fidèles, on
présume toujours qu'il est sage lui-même, puisqu'il a su discerner
leur habileté et s'assurer de leur fidélité ; mais on en pense
tout autrement si ces personnes ne sont point telles ; et le
choix qu'il en a fait ayant dû être sa première opération, l'erreur
qu'il y a commise est d'un très fâcheux augure. Tous ceux qui
apprenaient que Pandolfo Petrucci, prince de Sienne, avait choisi
messire Antonio da Venafro pour son ministre, jugeaient par là même
que Pandolfo était un prince très sage et très éclairé.
    On peut distinguer trois ordres d'esprit,
savoir : ceux qui comprennent par eux-mêmes, ceux qui
comprennent lorsque d'autres leur démontrent, et ceux enfin qui ne
comprennent ni par eux-mêmes, ni par le secours d'autrui. Les
premiers sont les esprits supérieurs, les seconds les bons esprits,
les troisièmes les esprits nuls. Si Pandollo n'était pas du premier
ordre, certainement il devait être au moins du second, et cela
suffisait ; car un prince qui est en état, sinon d'imaginer,
du moins de juger de ce qu'un autre fait et dit de bien et de mal,
sait discerner les opérations bonnes ou mauvaises de son ministre,
favoriser les unes, réprimer les autres, ne laisser aucune
espérance de pouvoir le tromper, et contenir ainsi le ministre
lui-même dans son devoir.
    Du reste, si un prince veut une règle certaine
pour connaître ses ministres, on peut lui donner celle-ci :
Voyez-vous un ministre songer plus à lui-même qu'à vous, et
rechercher son propre intérêt dans toutes ses actions, jugez
aussitôt qu'il n'est pas tel qu'il doit être, et qu'il ne peut
mériter votre confiance ; car l'homme qui a l'administration
d'un État dans les mains doit ne jamais penser à lui mais doit
toujours penser au prince, et ne l’entretenir que de ce qui tient à
l'intérêt de l'État.
    Mais il faut aussi que, de son
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