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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince
Autoren: Nicolas Machiavel
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contenir
Pistoie au moyen des partis, et Pise par celui des forteresses. Ils
prenaient soin aussi d'entretenir la division dans quelques-uns des
pays qui leur étaient soumis, afin de les maintenir plus aisément.
Cela pouvait être bon dans le temps où il y avait une sorte
d'équilibre en Italie ; mais il me semble qu'on ne pourrait
plus la conseiller aujourd'hui ; car je ne pense pas que les
divisions pussent être bonnes à quelque chose. Il me paraît même
que, quand l'ennemi approche, les pays divisés sont infailliblement
et bientôt perdus ; car le parti faible se joindra aux forces
extérieures, et l'autre ne pourra plus résister. Les Vénitiens,
qui, je crois, pensaient à cet égard comme nos ancêtres,
entretenaient les partis guelfe et gibelin dans les villes soumises
à leur domination. À la vérité, ils ne laissaient pas aller les
choses jusqu'à l'effusion du sang, mais ils fomentaient assez la
division et les querelles pour que les habitants en fussent
tellement occupés qu'ils ne songeassent point à sortir de
l'obéissance. Cependant ils s'en trouvèrent mal ; et quand ils
eurent perdu la bataille de Vailà, ces mêmes villes devinrent
aussitôt audacieuses, et secouèrent le joug de l'autorité
vénitienne.
    Le prince qui emploie de pareils moyens décèle
sa faiblesse et un gouvernement fort ne tolérera jamais les
divisions : si elles sont de quelque utilité durant la paix,
en donnant quelques facilités pour contenir les sujets, dès que la
guerre s'allume, elles ne sont que funestes.
    Les princes deviennent plus grands, sans
doute, lorsqu'ils surmontent tous les obstacles qui s'opposaient à
leur élévation. Aussi, quand la fortune veut agrandir un prince
nouveau, qui a plus besoin qu'un prince héréditaire d'acquérir de
la réputation, elle suscite autour de lui une foule d'ennemis
contre lesquels elle le pousse, afin de lui fournir l'occasion d'en
triompher, et lui donne ainsi l'occasion de s'élever au moyen d'une
échelle que ses ennemis eux-mêmes lui fournissent. C'est pourquoi
plusieurs personnes ont pensé qu'un prince sage doit, s'il le peut,
entretenir avec adresse quelque inimitié, pour qu'en la surmontant
il accroisse sa propre grandeur.
    Les princes, et particulièrement les princes
nouveaux, ont éprouvé que les hommes qui, au moment de
l'établissement de leur puissance, leur avaient paru suspects, leur
étaient plus fidèles et plus utiles que ceux qui d'abord s'étaient
montrés dévoués. Pandolfo Petrucci, prince de Sienne, employait de
préférence dans son gouvernement ceux que d'abord il avait
suspectés.
    Il serait difficile, sur cet objet, de donner
des règles générales, et tout dépend des circonstances
particulières. Aussi me bornerai-je à dire que, pour les hommes
qui, au commencement d'une principauté nouvelle, étaient ennemis,
et qui se trouvent dans une position telle, qu'ils ont besoin
d'appui pour se maintenir, le prince pourra toujours très aisément
les gagner, et que, de leur côté, ils seront forcés de le servir
avec d'autant plus de zèle et de fidélité, qu'ils sentiront qu'ils
ont à effacer, par leurs services, la mauvaise idée qu'ils lui
avaient donné lieu de prendre d'eux. Ils lui seront par conséquent
plus utiles que ceux qui, n'ayant ni les mêmes motifs ni la même
crainte, peuvent s'occuper avec négligence de ses intérêts.
    Et, puisque mon sujet m'y amène, je ferai
encore observer à tout prince nouveau, qui s'est emparé de la
principauté au moyen d'intelligences au dedans, qu'il doit bien
considérer par quels motifs ont été déterminés ceux qui ont agi en
sa faveur ; car, s'ils ne l'ont pas été par une affection
naturelle, mais seulement par la raison qu'ils étaient mécontents
de son gouvernement actuel, le nouveau prince aura une peine
extrême à conserver leur amitié, car il lui sera impossible de les
contenter.
    En réfléchissant sur les exemples que les
temps anciens et les modernes nous offrent à cet égard, on verra
qu'il est beaucoup plus facile au prince nouveau de gagner ceux qui
d'abord furent ses ennemis, parce qu'ils étaient satisfaits de
l'ancien état des choses, que ceux qui se firent ses amis et le
favorisèrent, parce qu'ils étaient mécontents.
    Les princes ont été généralement dans l'usage,
pour se maintenir, de construire des forteresses, soit afin
d'empêcher les révoltes, soit afin d'avoir un lieu sûr de refuge
contre une première attaque. J'approuve ce système, parce
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