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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs
Autoren: Michel Zévaco
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dans quelle direction ils pourront détaler.
    Au même instant, un nouveau coup de sifflet retentit ; une nouvelle bande surgit on ne sait d’où et fonça sur eux en poussant des clameurs de mort.
    Et le comte de Louvre et le vicomte de Ferrière, qui, l’instant d’avant, faisaient généreusement grâce aux deux adversaires demeurés devant eux, se trouvèrent brusquement entourés par une dizaine de forcenés qui indiquaient clairement leur intention en hurlant :
    « Tue !… Tue !… »
    Et cette fois l’attaque était dirigée par Guillaume Pentecôte, le visage masqué par un loup de drap noir. Et il faut croire que l’homme de confiance du baron de Rospignac, jouissait d’une réelle autorité sur le groupe diabolique, car il était obéi sur un mot, sur un simple geste, avec une promptitude qui dénotait que ces malandrins étaient dressés à une discipline toute militaire.
    Ferrière et de Louvre s’étaient placés dos à dos pour faire face au cercle de fer qui les enserrait. C’était la seule manœuvre possible sur cet espace où ils n’apercevaient pas le plus petit abri de nature à garantir tout au moins leur arrière. La situation était effroyablement critique. Ils le comprirent si bien tous les deux que Ferrière, dans le cliquetis des fers entrechoqués, prononça de sa voix calme :
    « Ma foi, monsieur, je crois que c’est ici la fin de tout pour nous. »
    À quoi de Louvre répondit d’une voix non moins calme :
    « Ce me sera une consolation de finir en une aussi honorable compagnie que la vôtre, monsieur. »
    Ils ne se dirent plus rien, concentrant toute leur attention sur la manœuvre des assaillants, réunissant toutes leurs forces pour entraver cette manœuvre, la retarder tout au moins, le plus possible. Ils avaient assez à faire à parer les coups qui pleuvaient sur eux de toutes parts. Cependant, de temps en temps l’un d’eux allongeait le bras dans un geste foudroyant. Alors un juron ou une imprécation venait leur révéler que le coup avait porté.
    Durant quelques secondes, ils réussirent à contenir la meute. Mais le cercle se rétrécissait de plus en plus. Ils étaient à bout de souffle. Plus d’une fois, ils avaient senti le froid de l’acier pénétrer dans leur chair. C’était la fin de l’épique résistance. Terrassés par le nombre, ils allaient succomber.
    C’est alors que la foudre tomba sur les assaillants. La foudre, un bolide, un tourbillon vivant… ils ne savaient trop quoi, ni les uns ni les autres. Toujours est-il que les rangs pressés furent soudain écartés, brisés, disséminés comme si quelque cataclysme destructeur avait fondu sur eux. Il y eut des plaintes, des râles, des hurlements. Des crânes sautèrent, des côtes furent défoncées, des hommes tombèrent et ne se relevèrent pas.
    Et la chose monstrueuse, le phénomène dévastateur, allait, venait, bondissait, tourbillonnait, semblait être porté par des ailes invisibles, semblait disposer de cent bras qui s’abattaient à droite, à gauche, devant, derrière, en même temps. Et cela lançait dans l’espace, d’une voix claironnante un peu railleuse :
    « Beaurevers !… Le Royal de Beaurevers !… » Et là-bas, au bout de la prairie, quatre voix de tonnerre répondirent en un écho formidable :
    « Beaurevers ! »
    Et l’on eût pu entendre une galopade effrénée, l’on eût pu distinguer, dans la nuit qui tombait de plus en plus, quatre ombres qui accouraient en foulées démesurées.
    Dès les premiers coups, la moitié de la besogne se trouva accomplie ; les dix furent réduits à quatre. Sur ceux-là, effarés, anéantis, Trinquemaille, Corpodibale, Bouracan et Strapafar tombèrent à bras raccourcis. Beaurevers ne daigna même pas s’occuper d’eux et rengaina tranquillement.
    Quelques secondes à peine avaient suffi. Quelques secondes, et de Louvre et Ferrière, béants de stupeur admirative, purent compter treize corps, étendus sur l’herbe. Morts ?… Blessés ?… Peu importe. Ils étaient là, tous, immobiles dans des flaques de sang, ne donnant plus signe de vie.
    Et maintenant le chevalier de Beaurevers, les bras croisés sur sa large poitrine, semblait absent, plongé dans quelque mélancolique rêverie. Et à le voir si calme, si paisible, il semblait impossible que ce fût là le même homme qui venait d’accomplir cet exploit prodigieux.
    Sur un signe de lui, ses compagnons s’étaient écartés respectueusement. Ils se
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