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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi
Autoren: Max Gallo
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l’accompagnent tout au long du
parcours.
    « La tête au bout d’une pique, Capet ! Mort au
tyran ! »
    Au Temple, seul avec Cléry, il peut enfin laisser voir son
épuisement.
    « Je ne compte sur aucun égard, aucune justice, murmure-t-il,
mais attendons. »
     
    Il est surpris, heureux aussi et il en remercie Dieu, que la
Convention lui accorde le droit d’avoir pour l’assister un conseil.
    Malesherbes, âgé de soixante et onze ans, ancien secrétaire
d’État à la Maison du roi, qui avait été l’un des hommes les plus ouverts à l’esprit
des Lumières, se propose d’être l’avocat de Louis XVI.
    « J’ai été appelé deux fois au Conseil dans un temps où
cette fonction était ambitionnée de tout le monde, écrit Malesherbes. Je lui
dois le même service lorsque c’est une fonction que bien des gens jugent
dangereuse. »
    D’autres se proposent pour cette charge périlleuse.
    Louis et Malesherbes retiennent les avocats Tronchet et de
Sèze. Le premier avait été bâtonnier à Paris et député à la Constituante.
    « Tout sera inutile », murmure Louis XVI après
avoir serré Malesherbes contre lui, et l’avoir remercié d’exposer ainsi sa vie.
    « Non, Sire, je n’expose pas ma vie et même j’ose
croire que Votre Majesté ne court aucun danger. Sa cause est si juste et les
moyens de défense si victorieux ! »
    « Ils me feront périr, répond Louis en secouant la tête.
N’importe, ce sera gagner ma cause que de laisser une mémoire sans tache. Occupons-nous
de mes moyens de défense. »
     
    Il prie. Malesherbes a présenté aux gardiens l’abbé
Edgeworth de Firmont, comme un commis. Et Louis prie à ses côtés, lui demande
de l’assister quand viendra l’heure de sa mort. Car si, scrupuleusement, Louis
lit, paraphe, conteste les pièces provenant de l’armoire de fer qu’on lui
présente, il ne doute pas de l’issue du procès.
    Il a même renoncé à voir ses enfants, car il n’y aurait été
autorisé qu’à la condition que le dauphin et Madame Royale soient séparés de
leur mère. Et il sait que Marie-Antoinette ne trouve un peu de force et de paix
qu’au contact de ses enfants.
    Il murmure :
    « On noircit la reine pour préparer le peuple à la voir
périr : sa mort est résolue. En lui laissant la vie on craindrait qu’elle
ne se vengeât. Infortunée princesse ! Mon mariage lui promit un trône, aujourd’hui… »
    La mort pour moi et pour elle.
    Il n’ose penser au sort de ses enfants.
    Il pleure, le 19 décembre, jour anniversaire de sa fille, qu’il
ne verra pas.
    Il est seul avec Cléry le jour de Noël, et il rédige son
testament.
    « À présent ils peuvent faire de moi ce qu’ils voudront. »
     
    Le lendemain, mercredi 26 décembre – « il a fait grand
vent, bourrasque, et plu toute la nuit et toute la journée, et 2 degrés au
thermomètre » –, Louis comparaît devant la Convention pour la seconde et
dernière fois.
    L’avocat de Sèze se lève. Il est jeune, plein de fougue
maîtrisée. C’est lui qui, avant la déclaration de Louis, prononcera la plaidoirie
de la défense.
    Il déroule, avec une précision implacable, sa démonstration,
montrant que le roi n’a jamais violé la lettre ou l’esprit de la Constitution
de 1791, usant seulement des droits qu’elle lui avait consentis.
    « Citoyens, conclut-il, je cherche parmi vous des juges
et je n’y vois que des accusateurs ! Louis n’aura ni les droits du citoyen
ni les prérogatives de roi… Citoyens je n’achève pas, je m’arrête devant l’histoire.
    Songez quel sera votre jugement et que le sien sera celui
des siècles ! »
     
    Louis prend la parole. Sa voix est apaisée. Elle ne tremble
pas. « En vous parlant, peut-être pour la dernière fois, je vous déclare
que ma conscience ne me reproche rien et que mes défenseurs ne vous ont dit que
la vérité.
    « Je n’ai jamais craint que ma conduite fût examinée
publiquement ; mais mon cœur est déchiré de trouver dans l’acte d’accusation
l’imputation d’avoir voulu faire répandre le sang du peuple et surtout que les
malheurs du 10 août me soient attribués.
    « J’avoue que les gages multipliés que j’avais donnés
dans tous les temps de mon amour pour le peuple et la manière dont je m’étais
toujours conduit me paraissaient devoir prouver que je craignais peu de m’exposer
pour épargner son sang et devoir éloigner à jamais de moi pareille imputation. »
     
    Il se
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