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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle
Autoren: Christian Bernadac
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rejoignons le block où nous tombons littéralement sur nos lits.
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    — Nous cxix savions, par notre poste radio donnant les nouvelles de la B.B.C., que le front russe des Balkans, après avoir été longtemps calme au profit des autres fronts où d’importantes offensives se développaient, venait enfin de s’animer. Vers la mi-février 1945, on apprend la chute de Budapest, puis l’avance russe qui, en mars, bordait le lac Balaton et atteignait la frontière autrichienne. Enfin, ce fut l’offensive en direction de l’ouest, le long du Danube. Le 10 avril, la chute de Vienne et la poussée en direction de Melk et Linz. Depuis le début d’avril, il y avait de l’agitation et de l’énervement chez les S.S. Une fourmilière dans laquelle on aurait donné un coup de pied. Les soldats de la Wehrmacht qui, de plus en plus nombreux, constituaient la garde du camp, avaient au contraire l’air plutôt satisfait. Les S.S. brûlaient beaucoup de papiers dont on voyait voltiger les morceaux calcinés ; mais le travail continuait comme par le passé.
    — Un jour, au début d’avril, ils évacuent le Revier, entassant les malades incapables de marcher, dans des charrettes. On apprit, plus tard, qu’ils avaient été empilés dans des chalands et remorqués ainsi dans des conditions atroces et inhumaines à Mauthausen. Ceux jugés capables de se déplacer seuls ont été conduits également à Mauthausen, à pied, jalonnant la route de cadavres. Restaient au camp les « valides ». Le 15 avril, vers 15 heures, on voit arriver des chantiers de l’usine, dans un désordre inouï, au galop, les détenus mélangés aux S.S. et Posten qui, de la voix et du gummi, accéléraient le train. Tous s’engouffrent dans le camp. Rassemblement immédiat de tout le monde, sans exception, sur l’Appel-Platz. Là, dans une pagaille indescriptible, sans appel préalable, sans aucun contrôle, toujours au pas de course direction la gare de Melk où un train, composé de vieux wagons de marchandises, est sous pression avec une locomotive minable, laissant échapper sa vapeur par tous les joints. Sans délai, on est poussé dans les wagons, lorsque arrivent des avions qui s’amusent à faire des piqués sur le train, dans des vrombissements effrayants de moteurs. Heureusement, ils ne lâchent ni bombes ni rafales de mitrailleuses. Fuite éperdue des S.S. et des Posten. Quant à nous, chacun s’abrite où il peut. Pour ma part, étant devant deux châteaux d’eau, je me glisse dans la fosse contenant les vannes dont je ramène la plaque, laissant juste une petite fente pour voir et entendre ce qui se passe. Les avions s’en vont, nos gardiens reviennent et encore plus vite, pressés de partir, font réintégrer les wagons à leurs prisonniers, sans contrôle de l’effectif. Je ne bouge pas de mon trou pour attendre, enfin libre, l’arrivée des Russes qui ne pouvaient tarder si l’on en juge la hâte des Allemands à détaler. Hélas ! les camarades, ne me voyant pas, se mettent à m’appeler à tue-tête, me croyant blessé dans quelque coin. Je fus bien obligé de reparaître, craignant que leurs appels signalent ma disparition. Furieux, je quitte mon trou et me hisse dans le wagon en face. Dans ce wagon, une trentaine d’hommes, dont le brave père Combanaire qui me dit que j’avais tort de vouloir rester là, que ça sentait la fin, qu’on allait vers l’ouest, qu’il n’y en avait plus que pour quelques jours à prendre patience…
    — Avec nous pour nous garder, deux braves vieux réservistes du Volk-Sturm, d’au moins soixante à soixante-cinq ans, inoffensifs et imprudents. Ils font fermer les portes d’un côté, « pour éviter les courants d’air » et s’installent assis sur le plancher, les jambes pendantes à l’extérieur, leur vieux Mauser en travers des genoux. Nous tous, debout derrière eux, dans l’obscurité du wagon. C’était d’une inconscience et d’une imprudence ! Je me voyais déjà, lorsque la nuit serait venue et que je pourrais partir sans être vu, les prendre sous les aisselles et les expédier dehors. Mais dans le wagon, des cris, des bousculades : c’était un des « mignons » du kapo tailleur, vêtu comme un prince, égaré au milieu de nous (deux Français, le reste des Russes) à qui les Russes, qui venaient de le découvrir, étaient en train de régler son compte. Il appelle au secours les Posten qui déclarent ne pas vouloir se mêler de nos
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