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Le Maréchal Suchet

Titel: Le Maréchal Suchet
Autoren: Frédéric Hulot
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pris le commandement de tout le centre du dispositif français, avait été remplacé par Laharpe. Celui-ci, afin d’aguerrir ses bataillons, n’hésita pas à les engager dans la montagne et, ainsi, Suchet fut envoyé au col de Saint-Bernard (à ne pas confondre avec le Grand et le Petit du même nom), situé à une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau de la côte. En fait, la position était d’importance et il s’agissait de la tenir à tout prix car elle couvrait le flanc gauche de Masséna qui, après s’être enfoncé dans la montagne, allait pivoter sur sa droite et se rabattre sur la côte afin d’enlever la petite ville de Loano. Sa manœuvre réussit parfaitement et seules la crainte permanente et la pusillanimité du général en chef Sche´rer l’empêchèrent de pousser en avant après sa victoire et d’envahir la plaine du Pô. Le rôle du bataillon de Suchet avait été plutôt secondaire mais, en raison de l’activité de l’ennemi, des maladies dues à la rudesse du climat car le col était à près de mille mètres, de la précarité du ravitaillement et aussi des désertions, ce mal endémique, les effectifs avaient sérieusement fondu. À la fin du mois d’octobre 1795, le bataillon ne comptait plus que deux cents hommes sous les armes, et manquait de tout : vêtements, couvertures, vivres ; un mois plus tard, ils n’étaient plus que cent vingt !
    Pourtant, Suchet avait fait de son mieux pour améliorer les conditions de vie de ses soldats. Il avait, d’ailleurs, à faire face à un nouveau problème. Certains déserteurs rentrés au pays n’avaient pas caché à leurs concitoyens la précarité de leur mode de vie à l’armée et le nombre des enrôlements avait sérieusement baissé. Aussi, malgré les demandes de renforts de Suchet, était-il difficile de lui en envoyer.
    Ramené à la côte à la fin de l’année, le bataillon fut mis au repos à Cériale au bord de la mer. Ce fut à ce moment qu’il perdit son caractère d’unité indépendante. Devant la faiblesse des effectifs de plusieurs de ces bataillons volontaires, l’état-major de l’armée décida de les fusionner dans une demi-brigade (un régiment) provisoire, la 211 e . Elle comprenait le 2 e bataillon de la Haute-Loire, le 4 e de l’Ardèche, le 5 e de la Corrèze et le 1 er de Paris. Alors qu’elle aurait dû aligner en théorie deux mille quatre cent trente rationnaires officiers et soldats, elle n’en comptait pas la moitié. Du reste, elle changea bientôt de numéro et devint la 69 e un peu plus étoffée.
    Tous les commandants de ces bataillons indépendants qui portaient les galons de lieutenant-colonel se trouvèrent automatiquement ramenés au rang de chefs de bataillon sous les ordres directs d’un chef de brigade (colonel). En ces temps d’avancement rapide, cette rétrogradation fut peu appréciée par les intéressés et Suchet eut quelques doutes sur ses perspectives de carrière.
    Pour faire en quelque sorte passer la pilule aux officiers de la 69 e , on leur donna pour colonel un général de brigade, Victor. Celui-ci, il est vrai, était d’intelligence médiocre. Ancien tambour, il avait tendance à se démener pour faire supporter à d’autres le poids de ses erreurs et de ses défaites, ce qui devait lui valoir cette remarque cinglante de la part du général Delmas, un peu plus tard : « Il y aura toujours du tambour dans cet homme qui ne fait du bruit que quand on le bat ! »
    **
    À la Convention avait succédé un régime qu’elle avait créé de toutes pièces : le Directoire. Celui-ci s’empressa de relever Schérer de son poste et de le remplacer par le vieux Kellermann, le vainqueur de Valmy. Il commandait déjà l’armée des Alpes et estima que les difficultés de communications rendraient malaisée la direction des deux armées. Il se contenta donc de consolider ses positions. Ce comportement déçut le Directoire qui décida de mettre un nouveau général en chef à la tête de l’armée d’Italie. Dans celle-ci, tout le monde pensait et espérait que ce serait Masséna qui lui succéderait. Il avait fait ses preuves. Vainqueur à Loano, il connaissait le terrain et ne cachait pas son désir de prendre l’offensive même si l’armée, il le savait parfaitement, manquait d’équipements et de chevaux tant pour la cavalerie que l’artillerie.
    Aussi la surprise fut-elle immense lorsque l’on apprit que le nouveau « patron » serait le général
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