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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney
Autoren: Frédéric Hulot
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cela avait été avec des arrière-pensées totalement opposées. Les parlementaires espéraient renforcer leurs pouvoirs et exporter en Europe les idées qui les avaient fait élire. Ils la voyaient donc victorieuse.
    Au contraire, le roi tablait sur l’état de décomposition de l’armée qu’il constatait à vue d’oeil. Il espérait que les Français seraient battus et que les souverains étrangers l’aideraient à rétablir la plénitude de ses pouvoirs. Il avait compté sans l’intervention des francs-maçons, acquis aux idées révolutionnaires, qui convainquirent le général en chef prussien, le duc de Brunswick, un des leurs, de ne pas pousser à fond son offensive. Mais en ce qui concernait l’armée française, Louis XVI avait vu juste. Les notions de liberté et d’égalité liées par une bonne sauce démagogique, le refus systématique de la discipline et l’émigration de presque tout le corps des officiers étaient venus à bout de l’esprit militaire de la majorité des troupes. On le vit bien lors des premières escarmouches à la frontière. Les bataillons de volontaires « patriotes », partis plein de jactance, se débandèrent à qui mieux mieux.
    Affecté à l’été 1792 à l’armée du Nord que constituait La Fayette, le 5 e hussard rallia Carignan, près de Sedan. Depuis le 14 juin, Michel Ney était adjudant à titre définitif, et le même jour il avait été nommé sous-lieutenant à titre provisoire. Démentant les prédictions de son père, il devenait officier ! Son ambition était, pour lors, très limitée. Il était conscient de ses nombreuses lacunes, savait difficilement lire une carte et ne connaissait rien au service d’état-major. Il était capable de faire un bon officier subalterne, à la rigueur un chef d’escadrons, mais estimait que ses capacités n’allaient pas au-delà. D’ailleurs, il était incapable, comme ses camarades, de prédire si la guerre serait courte ou non et les possibilités d’avancement nombreuses.
    L’armée du Nord, entre-temps, avait changé de général. Au brouillon qu’était La Fayette avait succédé l’excellent Dumouriez. Celui-ci décida de stopper l’invasion prussienne en prenant position autour des cinq défilés de l’Argonne, que dans le langage fleuri de l’époque il nommait « les Thermopyles de la France ». Renforcé par les troupes de Kellermann, il y déploya son armée et le 5 e hussard aida à empêcher l’ennemi de franchir le défilé des Islettes.
    Sans avoir l’occasion de donner personnellement, Ney vit le feu pour la première fois. Mais s’ils avaient été arrêtés sur quatre des passages, les Prussiens avaient pu forcer celui de la Croix-au-Bois. Lancé à leur poursuite sur la route de Paris, Dumouriez les rejoignit à Valmy et les contraignit à la bataille. L’action se résuma à une canonnade sans grands dégâts de part et d’autre. Mais, bien reprise en main, l’armée française, amalgame de jeunes recrues et de vieilles troupes, montra qu’elle savait se tenir au feu. Le 5 e hussard et Michel Ney à la tête de son peloton y firent bonne figure tout en demeurant spectateurs, car la cavalerie n’y joua aucun rôle.
    *
    Dumouriez ne fit pas preuve de beaucoup d’ardeur pour poursuivre les Prussiens, toujours redoutables dans leur retraite. Il se contenta de les accompagner de loin jusqu’à la frontière avant de franchir celle-ci puis de battre les Autrichiens à Jemappes (6 novembre 1792). La France alors n’avait plus de roi. Celui-ci avait été détrôné le 10 août précédent et le gouvernement de la nouvelle assemblée, la Convention, en place depuis le 21 septembre, laissait par incompétence la bride sur le cou des généraux. D’ailleurs, pensait-il, l’hiver allait interrompre momentanément les opérations militaires.
    Un mois après Valmy, Ney avait été promu lieutenant (10 octobre). Quatre jours plus tard, intervint un changement important pour lui : le général Lamarche, commandant l’armée des Ardennes, qui avait remarqué la manière consciencieuse dont il menait ses hommes ainsi que le soin qu’il apportait à la condition des chevaux, le souci qu’il mettait à leur apporter un minimum de bien-être, le prit comme aide de camp à titre provisoire.
    Dans ses nouvelles fonctions, Ney allait étayer ses maigres connaissances et surtout commencer son apprentissage du métier d’état-major. Le général s’était logé avec ses officiers à
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