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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney
Autoren: Frédéric Hulot
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1853, n’assista pas à la cérémonie d’inauguration qui eut lieu la même année. Le discours à cette occasion fut prononcé par un autre grand soldat, le maréchal de Saint-Arnaud, qui devait l’année suivante, à la bataille de l’Alma, écraser une armée russe, avec le concours des Anglais de Lord Raglan, qui avait perdu un bras à... Waterloo ! Hardiment, Saint-Arnaud évoqua l’incident de Lons-le-Saunier et ses conséquences, en comparant Ney à Condé et Turenne, qui eux aussi avaient en leur temps abandonné la cause du pouvoir.
    La statue ne demeura pas là où elle avait été érigée. Plus tard, lors des travaux pour la construction du chemin de fer de Sceaux (aujourd’hui le RER), on l’enleva et on la transporta de l’autre côté de la place de l’Observatoire.
    Napoléon III avait eu d’autant plus de mérite à poursuivre cette réhabilitation que l’un des plus féroces critiques du maréchal Ney n’avait été autre que son oncle Napoléon I er  !
    A Sainte-Hélène, où il avait eu tout son temps pour décortiquer les erreurs de ses anciens collaborateurs, Ney n’avait trouvé aucune grâce à ses yeux. Il le rabaissa systématiquement, l’affligea de toutes les épithètes péjoratives qu’il put trouver. En réalité, il ne lui pardonnait pas d’avoir fait carrière à l’armée du Rhin, d’avoir été un ami de Moreau, d’avoir dû l’employer à son corps défendant et par-dessus tout d’avoir été celui qui avait entraîné les autres maréchaux à exiger son abdication en 1814. Moins spontané, plus réfléchi, Ney ne se fût jamais rallié en 1815. Ainsi, grâce aux uns et malgré les autres, s’était tissée la légende du martyr sans que ses très réelles qualités militaires aient été mises en avant.
    *
    Tout avait été terminé en décembre 1815. Pourtant... pourtant en 1817, en Caroline du Sud aux États-Unis, apparut un professeur aux origines mystérieuses. Il était grand, rouquin, portait de nombreuses cicatrices et parlait l’anglais avec un accent germanique. Encore plus étonnant, il jouait de la flûte et se montrait plus qu’excellent cavalier. Lâchant peu à peu des bribes d’histoire sans jamais se livrer totalement, même les soirs de beuverie, car il avait un amour immodéré pour le whisky, il finit par suggérer très habilement à tous les habitants des environs qu’il était le maréchal Ney, sans toutefois en faire l’aveu. Ses connaissances sur la vie du duc d’Elchingen étaient incroyablement précises : son écriture ressemblait curieusement à celle du défunt. Il donnait de nombreux détails sur les batailles auxquelles Ney avait participé, qui montraient qu’il y avait assisté lui aussi.
    Évidemment, ses interlocuteurs se demandèrent comment Ney pouvait être encore vivant alors qu’il avait été fusillé devant un millier de personnes. Et c’est alors que le récit de Peter Stuart (c’était son nom) devenait rocambolesque. Furieux de ne pas avoir été reçu par Louis XVIII la veille du châtiment, le duc de Wellington aurait corrompu le peloton d’exécution pour qu’il tirât au-dessus de la tête du maréchal. A celui-ci on aurait fait passer une fiole remplie d’un liquide rouge qui se serait brisée lors de sa chute ! Puis grâce à l’aide des francs-maçons qui auraient fourni un cadavre pour le cercueil, Ney aurait pu gagner Bordeaux où il se serait embarqué pour Charleston.
    Si, dans ces récits, il y avait des points troublants de vérité, d’autres détails ne concordaient pas. Stuart était un excellent mathématicien, parlait plusieurs langues dont le latin, le grec l’hébreu et évidemment l’anglais. Il citait la Bible à tout bout de champ. Ce qui n’était pas le cas de Ney. De plus il montrait un amour, presque une passion pour Napoléon, et l’on sait à quel point les rapports de l’empereur et du maréchal avaient pu être difficiles. Il mourut en 1846 et confia peu auparavant au médecin qui l’assistait : « Je suis le maréchal Ney de France. »
    Qui était-il en réalité ? Probablement un ancien officier de la Grande Armée qui avait dû approcher Ney et avait fini par s’autosuggestionner. En tout cas, cet imposteur ne chercha jamais à entrer en rapport avec Eglé ni avec ses enfants.
    *
    On est tenté d’esquisser un parallèle entre ces deux personnalités de l’Empire que furent Ney et Murat. D’origine modeste, mais ayant reçu une éducation avancée
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