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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney
Autoren: Frédéric Hulot
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était mort et dont on aurait pu espérer, si nécessaire, que sa déposition contrebalancerait celle de Bourmont. En réalité, comme les débats le montrèrent, le procès avait un caractère tellement politique, le verdict était tellement certain d’avance, qu’on peut considérer les trois jours d’audience comme une comédie de mauvais genre.
    Au matin du 4 décembre, les avocats de Ney eurent un avant-goût de ce qui les attendait. Ils avaient fait remettre aux huissiers des exemplaires de leurs mémoires en défense pour qu’ils soient distribués aux pairs. Ces fonctionnaires les jetèrent à la volée parmi l’assistance. Mieux, on vit certains pairs les déchirer avec fureur, sans vouloir les lire.
    Peu après le maréchal, fut introduit le premier témoin à charge, le général de Bourmont. Sa déposition fut fielleuse et filandreuse. C’est que son comportement avait donné lieu à de curieux revirements. Royaliste puis bonapartiste, il était revenu à ses premières opinions en 1814 pour solliciter ensuite de resservir Napoléon. Tout cela avant de déserter. Son attitude à Lons-le-Saunier avait été pour le moins ambiguë. Ney n’eut aucun mal à le démontrer, et d’accusé se faire accusateur. Ainsi l’effet attendu par Bellard fut-il le contraire de ce qu’il avait escompté.
    Le même jour, le maréchal se disculpa sans peine de l’accusation d’avoir touché cinq cent mille francs du roi pour arrêter l’empereur. Certains pairs, qui jusqu’à présent l’avaient regardé comme un traître dont le seul mobile était l’argent, commencèrent à avoir de lui une meilleure opinion. Le 5 décembre, les autres témoignages : Davout, qui malgré son inimitié déclarée pour Ney lui fut on ne peut plus favorable, Suchet qui parla également en faveur de son camarade, n’apportèrent aucun élément nouveau. Mais ils contribuèrent à embellir son image. Fournier-Sarlovèze, qui avait servi sous les ordres de Ney en Espagne et était en train de faire une belle carrière au service des Bourbons, proposa spontanément de venir déposer en sa faveur, mais les avocats le jugèrent inutile.
    Les représentants du ministère sentirent le revirement en train de s’opérer. Comme ils savaient que le lendemain Berryer avait l’intention de soulever la question de la convention de Paris du 3 juillet, une réunion secrète de la Chambre se tint dans la nuit. Les pairs acceptèrent que ce document ne soit pas évoqué, sous le prétexte qu’après son retour le roi ne l’avait pas ratifié. C’était une superbe tartuferie juridique. Averti par un pair que cette manière d’opérer dégoûtait, l’avocat imagina, lorsque le président lui couperait la parole, de faire protester Ney en personne. Sa voix était assez puissante pour se faire entendre par-dessus celle de ses adversaires. Il refusa, craignant, dit-il, de s’empêtrer dans les arguties juridiques qu’il lui faudrait développer.
    Le 6, après un réquisitoire âpre, violent et assez mal structuré de Bellard, Berryer prit la parole pour une plaidoirie qui dura plus de trois heures. Quand il arriva à son terme, Dupin, pendant une brève suspension de séance, exposa à leur client une nouvelle idée qui lui était venue. Sarrelouis, depuis le traité du 20 novembre 1815, n’était plus français, mais prussien. Aussi pouvait-on mettre en doute le fait que Ney était toujours sujet de Louis XVIII. Mais à cette seule idée le maréchal rugit d’indignation et s’écria : « Je suis Français ; je mourrai Français. »
    Le plus curieux est que plusieurs historiens ou hommes politiques d’outre-Rhin – en particulier le prince de Bûlow, chancelier de Guillaume II, dans ses mémoires – ont considéré que Ney, Rapp ou Kléber avaient été des généraux allemands au service de la France, tout comme Saxe, Rantzau ou Lûckner.
    Les débats étaient clos. Le vote n’était pas secret et la pression exercée sur les pairs était telle que le verdict ne semblait faire aucun doute. Pour sa part, Ney était désormais sans illusions. Il fallut toutefois que quelques ultras, et surtout de Sèze, ancien défenseur de Louis XVI, s’acharnent à convaincre certains de leurs collègues. Car un grand nombre, s’ils étaient d’accord pour reconnaître la trahison, étaient beaucoup plus hésitants à condamner au châtiment suprême. Toute honte bue, les maréchaux Marmont, Sérurier, Kellermann, Pérignon et Victor, ainsi
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