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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort
Autoren: C.L. Grace
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grande eau. Bientôt un bon feu ronflait dans l’âtre ; à chaque angle de la pièce, des braseros à charbon de bois rougeoyaient et crépitaient, tandis que Thomasina disposait partout des réchauds remplis de braises, soigneusement munis de couvercles pour éviter les risques d’incendie. Très vite, il fit une douce chaleur dans la cuisine, le petit solarium et le cabinet d’écriture de Kathryn, et l’air y embaumait autant qu’en été grâce aux menus sachets d’herbes que Kathryn avait accrochés au-dessus du feu. Le jeune Wuf, un enfant trouvé tout blond que Kathryn avait pris chez elle, descendit au rez-de-chaussée en rugissant. Il était chevalier, criait-il, Agnes serait la princesse, et Thomasina le dragon. On le renvoya vite dans sa chambre. Agnes se mit en devoir de préparer des galettes de farine d’avoine et un ragoût relevé afin que l’on rompît le jeûne, comme disait Thomasina en vraie chrétienne.
    Le repas terminé, Kathryn remonta dans sa chambre pour se changer. Elle ferma la porte et se laissa tomber sur le grand lit à colonnes dont elle remonta sur elle le couvre-pied de laine. Se relevant sur un coude, elle jeta un coup d’oeil à la bougie des heures. Elle ne savait trop l’heure qu’il était : la bougie s’était éteinte, et le ciel gris et bas donnait l’impression que le temps entre le jour et la nuit s’était raccourci. De plus, à cause des grosses chutes de neige, les cloches de la cathédrale et des  églises de la ville, qui d’habitude sonnaient les heures, demeuraient silencieuses. Etait-il midi ?
    — Oh, Irlandais, où êtes-vous ? murmura Kathryn.
    Elle posa la tête sur son oreiller et, les yeux fermés, se représenta les étendues sauvages du Kent, les vastes champs découverts et les chemins tortueux. Elle s’assoupit un moment, tournant et se retournant, en proie à un affreux cauchemar : Colum mourait de froid dans sa charrette ou un molosse féroce aux yeux rouges l’attaquait. Elle se réveilla une heure plus tard. De la cuisine lui parvenait le bavardage d’Agnes et de Thomasina. Repoussant le couvre-pied, Kathryn gagna la porte qu’elle entrebâilla pour écouter. Rien n’indiquait que Colum fût revenu. Elle se glissa dans la galerie jusqu’à la porte de la chambre de l’Irlandais qu’elle ouvrit. Il y faisait froid et sombre, à cause des volets fermés. Kathryn prit une chandelle qu’elle alluma à un brasero et la replaça sur son ergot de fer. Puis elle jeta un regard circulaire à la pièce. « Une chambre de soldat », voilà ce  qu’elle disait toujours, et malgré ses offres, c’est ainsi que Colum la voulait : des carpettes de laine au sol, un simple lit de camp et un coffre cerclé de fer qu’il gardait toujours verrouillé, et dont les clés étaient suspendues à son cou. Sur le mur, à côté des fontes de selle en cuir, était accrochée la grosse ceinture de guerre. À sa vue, Kathryn sentit son estomac se nouer.
    — Vous auriez dû l’emmener, murmura-t-elle.
    Puis elle se souvint de l’arbalète dont s’était muni Colum et s’efforça de se rassurer. Elle traversa la pièce où régnait une odeur de cuir et de chevaux, et abaissa les yeux sur la table à côté du lit pour prendre la statue de bois représentant la Vierge et l’Enfant. Elle était vieille et bien abîmée par les ans, mais la Vierge n’en posait pas moins un sourire serein sur l’enfant dans ses bras. Se sentant un peu coupable, Kathryn remit l’objet en place puis observa la croix celtique colorée, accrochée au-dessus du lit. « C’est tout ce que m’a donné ma mère, lui avait dit un jour Colum. Elle ne possédait rien d’autre. Ces objets m’ont suivi partout, en camp ou dans mes appartements quand j’étais maréchal du roi. »
    Kathryn se pencha pour effleurer le crucifix et ferma les yeux.
    — Revenez sain et sauf, stupide Irlandais, revenez ! pria-t-elle.
    Elle gagna le pied du lit et s’agenouilla près du coffre. Qu’y conservait Colum ? Mystère. Kathryn sourit au souvenir d’un des proverbes de Thomasina : « C’est la curiosité qui a tué le chat ! »
    — Oui, murmura la jeune femme, et c’est le plaisir qui l’a engraissé.
    En allant souffler la chandelle, elle aperçut le rouleau de parchemin à côté du livre relié de cuir, sur l’étagère près de la porte. Elle le prit et en défit le cordon rouge pour déchiffrer l’écriture maladroite : Colum y consignait des histoires
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