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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort
Autoren: C.L. Grace
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conscience des rafales de neige, du froid ou des questions de Murtagh.
    Celui-ci fit ralentir les chevaux.
    — Qu’y a-t-il, Henry ?
    Frenland cligna des paupières, et regarda Colum, ahuri.
    — Je suis désolé, Maître Murtagh, balbutia-t-il. Vraiment désolé.
    Colum Murtagh plissa les yeux.
    — Depuis combien de temps es-tu avec moi, Frenland ?
    — Six mois, Maître.
    Colum hocha la tête, et il regarda en grimaçant le carrefour où, à côté du poteau indicateur, se dressaient le gibet couvert de neige et sa potence en fer, vide.
    — En effet, murmura-t-il. Six mois.
    Frenland s’était montré bon serviteur. Il était doux avec les chevaux, travailleur, et n’ennuyait personne. On ignorait d’où il venait, mais il est vrai qu’au cours de l’hiver 1471, lorsque l’armée du roi s’était disloquée après la guerre contre les Lancastre, beaucoup d’anciens soldats et d’hommes qui n’avaient plus de terre couraient les routes de campagne, à la recherche de travail.
    — T’es-tu porté volontaire pour m’accompagner ? interrogea Colum. Tu n’as pas peur de la neige ?
    Frenland secoua la tête.
    — Non, Maître, je n’en ai pas peur.
    — Eh bien, moi, si. Où diable sommes-nous ? Je n’en ai aucune idée ; je suis gelé et les chevaux n’iront pas beaucoup plus loin.
    Comme en écho aux craintes de Colum, un long hurlement rompit le calme du paysage gris-blanc.
    — Un loup, hasarda Frenland.
    Colum serra les rênes pour masquer ses appréhensions.
    — Ce n’est pas un maudit loup, siffla-t-il, mais des chiens sauvages, Henry.
    D’autres hurlements déchirèrent le silence.
    — Ils chassent en bandes, dit Colum. Ce sont des molosses, bien plus puissants que les loups, forts comme des ours. Des chiens errants, qui ont fui des fermes pillées pendant la guerre civile. Ils suivaient les troupes. Maintenant ils ont formé des meutes et sont plus dangereux que des loups. Avançons.
    Colum fit claquer sa langue pour être entendu des chevaux.
    — Un peu de coeur, Henry ! T’ai-je raconté l’histoire du gros abbé et de la jeune fille aux lèvres roses et aux mains d’une blancheur de lis ?
    Il sursauta quand Frenland saisit les rênes.
    — Je suis désolé, Maître.
    — Au nom du ciel, que… !
    Frenland sauta en bas de la charrette et étendit les mains.
    — Maître Murtagh, je suis si désolé !
    — Bon Dieu, cesse de le répéter ! rugit Colum. De quoi es-tu désolé ?
    Frenland commença à s’éloigner à reculons.
    Colum demeura bouche bée, ahuri. Le palefrenier tourna les talons et se mit à courir ; il revenait sur leurs pas, trébuchant et glissant sur la neige de la chaussée.
    Henry ! hurla-t-il. Reviens ! Pour l’amour de Dieu, mon garçon, tu vas mourir !
    Il jura pendant que Frenland disparaissait dans les tourbillons de neige, et, sur sa droite, Colum entendit les aboiements des chiens.
    — Je ne puis courir après lui, marmonna-t-il, il faut que je trouve un abri.
    Secouant les rênes, il pressa les grands chevaux d’avancer.
    Les flocons tombaient plus dru. Colum, transi regarda le ciel. Devant lui,  le chemin pavé s’effaçait rapidement sous la neige dans le jour déclinant, tandis que les hurlements des chiens se rapprochaient de plus en plus.

Chapitre Premier
    Dans sa maison d’Ottemelle Lane, Kathryn Swinbrooke, médecin de la ville, était préoccupée elle aussi par la neige qui était tombée toute la nuit et qui commençait à glisser du toit de tuiles rouges.
    — Thomasina ! cria-t-elle, gagnant la porte de la cuisine. Thomasina, sois prudente !
    — Ne vous inquiétez pas, répliqua la vieille nourrice depuis le jardin. Il faut davantage que quelques flocons pour me faire peur.
    Kathryn entendit le fracas d’un paquet de neige qui s’effondrait, puis le juron haut en couleur de la servante.
    — Ne tente pas le Seigneur, Thomasina ! la mit en garde Kathryn.
    Son regard se porta sur la blancheur sauvage de ce qui était auparavant son jardin : à présent, les levées de simples, les plates-bandes de fleurs et même le vivier étaient recouverts de neige glacée. Les petits bancs disparaissaient presque et les deux tonnelles fleuries étaient transformées en tabernacles drapés de blanc.
    Une grosse masse de neige s’écroula de l’avant-toit. Kathryn, alarmée, éleva la voix :
    — Que fais-tu, Thomasina ?
    — L’eau du cuvier a gelé, c’est de la glace ! cria la nourrice.
    Kathryn
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