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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort
Autoren: C.L. Grace
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épaules.
    — Mais nous étions tous bloqués par la neige. À midi, il a mangé d’assez bon appétit, sans avoir à se précipiter aux latrines. Il n’a plus parlé de fantôme. Sir Reginald,  conclut Sir Gervase, n’avait pas un caractère très amène, je me méfiais beaucoup de lui, aussi ne m’en suis-je plus préoccupé.
    — C’est bon, intervint Colum, le dérangement de Sir Reginald, qu’il ait été physique ou mental, peut attendre. Maître tavernier, allons examiner le corps.
    Smithler les précéda dans l’escalier raide qui s’achevait par deux énormes piliers en bois. Les galeries qui partaient à gauche et à droite de ceux-ci n’avaient rien de particulier : les murs étaient propres et blanchis à la chaux, les bois de charpente, élégamment peints en noir. Kathryn regarda les lieux. Quatre chambres donnaient sur chaque galerie, fermées par de lourdes portes cloutées. Smithler emprunta la galerie de droite. La dernière chambre, celle de Sir Reginald, se trouvait dans le plus grand désordre. Le sol à l’extérieur était creusé, et la porte, arrachée de ses gonds de cuir, était appuyée de guingois contre le linteau. Aidé de Colum, Smithler la poussa doucement de côté pour que l’on pût entrer. Kathryn frissonna et ses cheveux rebiquèrent sur sa nuque. La chambre exhalait une odeur aigre, et voilà longtemps que la jeune femme n’avait pas éprouvé autant d’appréhension ni senti la main de la mort si proche.
    Tobias alluma une chandelle à mèche de jonc au mur, puis une bougie sur la table. Le regard de Kathryn se porta sur Colum et Luberon. Eux aussi étaient mal à l’aise, bien que tout parût normal dans la chambre. Celle-ci était carrée, avec un plafond à nervures, les poulies noires en bois contrastant avec le plâtre blanc. Les murs étaient chaulés et drapés de toile ou de tissu de lin. Des joncs secs et propres recouvraient le plancher de bois et ils étaient parsemés d’herbes fraîches. Dans un angle se trouvait une petite armoire, et au pied du grand lit à colonnes, un gros coffre en bois. Deux sacoches de cuir, ou des fontes de selle, étaient posées à côté, leurs crochets défaits, leurs rabats ouverts. Elles étaient remplies de pierres.
    — Elles contenaient l’argent des impôts ? demanda Kathryn.
    Smithler haussa les épaules.
    — C’est ce qu’a dit Standon.
    — Et c’est la vérité, intervint le sergent royal sans y avoir été invité.
    Dans la galerie, derrière lui, se tenait la femme de l’aubergiste, son joli visage tendu et préoccupé. Colum ouvrit la bouche pour dire à Standon de repartir, mais il vit le regard de mise en garde de Kathryn.
    — À présent, examinons le corps, grommela l’Irlandais, indiquant les rideaux du lit.
    Luberon les écarta. Sir Reginald Erpingham gisait là, recouvert d’un drap que Kathryn souleva lentement : le collecteur d’impôts était trapu et ramassé, presque chauve, avec des traits empâtés. Il avait les yeux fermés, ses paupières maintenues closes par deux pièces de monnaie. Se penchant, Kathryn huma ses lèvres, puis tâta ses mains froides et déjà rigides.
    — Quand l’a-t-on découvert ?
    — Tôt ce matin, répondit Smithler.
    Kathryn glissa la main sous la chemise du défunt pour palper sa poitrine et son ventre.
    — À quelle heure vous êtes-vous couché hier soir ? demanda-t-elle encore à l’aubergiste.
    — Vers huit heures.
    Kathryn secoua la tête.
    — Cet homme est mort depuis des heures, marmotta-t-elle. La chair a la consistance de la cire, les muscles et les articulations sont raidis. Elle examina le cadavre de plus près.
    — Colum, rabattez les rideaux du lit, et vous, Maître Standon, ouvrez la fenêtre. Non, n’en faites rien !
    Elle gagna la fenêtre.
    — À la réflexion, je préfère l’ouvrir moi-même.
    Avec beaucoup de précaution, elle souleva la clenche des volets et les ouvrit. Elle examina ensuite celle de la fenêtre avant de l’abaisser pour écarter les battants. De la neige sur le rebord tomba dans la cour.
    — Que se passe-t-il, Kathryn ? demanda Colum qui s’était approché dans son dos.
    — Je ne vous adresse pas la parole, Irlandais, chuchota-t-elle. Vous me devez une explication. Elle se tourna vers les autres.
    — Je pense qu’Erpingham a été assassiné, déclara-t-elle. Je veux seulement m’assurer qu’on n’a pas forcé la fenêtre.
    L’aubergiste avait compris.
    — Cette fenêtre
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