Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
Thomasina n’aurait rien trouvé à y redire, et sur les étagères les chopes, les pots, les coupes et les brocs étincelaient.
    — Je leur ai dit de ne toucher à rien, déclara Luberon d’un air important quand ils sortirent de la cuisine pour emprunter un couloir dallé de grès jusqu’à la salle de l’auberge.
    Il s’y trouvait du monde : le maréchal-ferrant, des palefreniers, des valets en tenues malpropres jaune paille, et des cuisiniers et des marmitons avec leurs tabliers tachés. Les ignorant, Luberon s’approcha d’un groupe de gens assis autour d’une table ovale en bois ciré, devant la fenêtre. Tous se turent aussitôt et leurs visages se fermèrent tandis qu’ils regardaient d’abord le clerc, puis, tout aussi froidement, Kathryn.
    — Vous êtes enfin de retour ? demanda l’un d’eux.
    — En effet, en effet. Voilà Maîtresse Swinbrooke, le médecin de la ville.
    — Où est le coroner  ? demanda encore l’homme.
    — Il ne tardera pas, répliqua Kathryn. Et vous, monsieur, qui êtes-vous ?
    — Tobias Smithler, l’aubergiste.
    Kathryn considéra l’homme, maigre et sec comme un piquet, avec sa toison de cheveux blond-roux. Smithler avait le regard dur, un nez en bec de faucon et une bouche mince, fendue d’une oreille à l’autre. Il était vêtu avec sobriété de futaine bleu foncé, et ne cherchait pas à dissimuler son hostilité envers Luberon et Kathryn. Sans s’attarder  à ses  mauvaises manières, Luberon présenta le reste de l’assemblée : la femme de Smithler, Blanche, qui portait une robe vert bouteille modeste, refermée très haut autour du cou. Elle était menue, avec des traits bien dessinés, des lèvres généreuses et des yeux rieurs. Kathryn trouva le couple mal assorti. Les clients pensaient-ils que l’hospitalité de l’établissement allait jusqu’à leur permettre d’embrasser la patronne ? Et le tenancier s’en préoccupait-il ? Kathryn se reprocha aussitôt son manque de charité. Blanche essayait seulement de compenser la rudesse de son mari. Elle cherchait à se rendre aimable et sa nervosité ne faisait pas de doute, à voir comment elle tirait sans arrêt sur le cordon autour de sa taille mince. Kathryn lui adressa un sourire rassurant, mais il eût été difficile d’oublier son rustre de mari.
    — Ça alors ! s’exclama-t-il, désignant Kathryn du doigt.
    Il s’interrompit parce que du bruit provenait de la cuisine, puis il reprit :
    — Que fait-elle ici ?
    Luberon se redressa de toute sa hauteur, bombant son torse de pigeon.
    — Je l’ai expliqué, répliqua-t-il patiemment.
    — Certes, et j’ai attendu ! aboya Smithler. J’ai un établissement à tenir, moi, Maître clerc. Je suis désolé qu’Erpingham soit mort, mais je dois préparer les repas.
    Il fusilla les autres du regard.
    — Il faut nettoyer les chambres et j’aimerais qu’on enlève ce maudit cadavre.
    Kathryn gémit intérieurement : le visage de l’aubergiste exprimait une malveillance déterminée.
    — Maître Smithler, commença-t-elle, je…
    Elle vit alors l’homme changer soudain d’expression comme son regard se portait derrière elle.
    — Vous ferez ce que l’on vous dit et sans discuter ! tonna une voix dans le dos de Kathryn. Celle-ci pivota vivement.
    — Colum !
    L’Irlandais se tenait là, les cheveux en bataille, pas rasé, emmitouflé dans son épaisse capote militaire brune. Kathryn comprenait cependant pourquoi Smithler s’était repris : Colum, bien qu’il ne fût guère présentable, n’en était pas moins menaçant et il respirait l’autorité. Kathryn eut envie de courir vers lui pour lui passer les bras autour du cou, mais l’expression de l’Irlandais et son petit signe de tête l’en retinrent. Il avança et lui serra doucement le bras.
    Il sourit au clerc, qui était tout heureux qu’il soit intervenu.
    — Maître Luberon, j’étais absent pour affaires.
    Il jeta un regard de biais à Kathryn avec un sourire narquois.
    — Des affaires sans importance, qui m’ont retenu plus longtemps que prévu.
    Il défit les liens de sa capote et la tendit à Smithler.
    — Avant que vous ne me posiez la question, je m’appelle Colum Murtagh, commissaire du roi à Cantorbéry. Et maintenant, monsieur, allez pendre ce vêtement. J’ai besoin d’un gobelet de vin et de victuailles, ensuite je veux qu’on me dise de quoi il retourne.

CHAPITRE II
    Pendant que Smithler servait à Colum du pain
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher