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Le Lis et le Lion

Le Lis et le Lion

Titel: Le Lis et le Lion
Autoren: Maurice Druon
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de gloire, autant pour ses arts que pour son commerce. Entre
l’occupation de la ville par Charles de Valois en 1301 et sa conquête en 1399
par Jean Galeazzo Visconti, duc de Milan, le seul malheur véritable qui
s’abattit sur Sienne fut l’épidémie de peste de 1347-1348.
    [32] Tout le temps
qu’il passa en Avignon, Pétrarque ne cessa d’exhaler, avec un rare talent de
pamphlétaire, sa haine contre cette ville. Ses lettres, où il faut faire la
part de l’exagération poétique, nous ont laissé une saisissante peinture
d’Avignon au temps des papes.
    « … J’habite maintenant, en France, la Babylone de
l’Occident, tout ce que le soleil voit de plus hideux, sur les bords du Rhône
indompté qui ressemble au Cocyte ou à l’Achéron du Tartare, où règnent les
successeurs, jadis pauvres, du pêcheur, qui ont oublié leur origine. On est
confondu de voir, au lieu d’une sainte solitude, une affluence criminelle et
des bandes d’infâmes satellites répandus partout ; au lieu de jeûnes
austères, des festins pleins de sensualité ; au lieu de pieuses
pérégrinations, une oisiveté cruelle et impudique ; au lieu des pieds nus
des apôtres, les coursiers rapides des voleurs, blancs comme la neige, couverts
d’or, logés dans l’or, rongeant de l’or, et bientôt chaussés d’or. Bref, on
dirait les rois des Perses ou des Parthes, qu’il faut adorer et qu’il n’est pas
permis de visiter sans leur offrir des présents… »
    (Lettre V)
     
    « … Aujourd’hui Avignon n’est plus une ville, c’est la
patrie des larves et des lémures ; et pour le dire en un mot, c’est la
sentine de tous les crimes, et de toutes les infamies ; c’est cet enfer
des vivants signalé par la bouche de David… »
    (Lettre VIII)
     
    « … Je sais par expérience qu’il n’y a là aucune
pitié, aucune charité, aucune foi, aucun respect, aucune crainte de Dieu, rien
de saint, rien de juste, rien d’équitable, rien de sacré, enfin rien d’humain…
Des mains douces, des actes cruels ; des voix d’anges, des actes de
démons ; des chants harmonieux, des cœurs de fer… »
    ( Lettre
XV )
     
    « … C’est le seul endroit de la terre où la raison n’a
aucune place, où tout se meurt sans réflexion et au hasard, et parmi toutes les
misères de cet endroit, dont le nombre est infini, le comble de la déception
c’est que tout y est plein de glu, de grappins, en sorte que, quand on croit
s’échapper on se trouve enlacé et enchaîné plus étroitement. En outre il n’y a
là ni lumière ni guide… Et, pour employer le mot de Lucain, « une nuit
noire de crimes » Vous ne diriez pas un peuple, mais une poussière que le
vent fait tournoyer… »
    (Lettre XVI)
     
    « … Satan regarde en riant ce spectacle et prend
plaisir à cette danse inégale, assis comme arbitre entre ces décrépits et ces
jeunes filles… Il y avait dans le nombre (des cardinaux) un petit vieillard
capable de féconder tous les animaux ; il avait la lascivité d’un bouc ou
s’il y a quelque chose de plus puant qu’un bouc. Soit qu’il eût peur des rats
ou des revenants, il n’osait pas dormir seul. Il trouvait qu’il n’y a rien de
plus triste et de plus malheureux que le célibat. Il célébrait tous les jours
un nouvel hymen. Il avait depuis longtemps dépassé la soixante-dixième année et
il lui restait tout au plus sept dents… »
    (Lettre XVIII)
    (Pétrarque, Lettres sans titre , à Cola de Rienzi, tribun de Rome, et à d’autres.)
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