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Le Lis et le Lion

Le Lis et le Lion

Titel: Le Lis et le Lion
Autoren: Maurice Druon
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par le roi »
lui ordonnant d’arrêter le maréchal pour trahison, et de l’envoyer pendre
sur-le-champ au gibet de Montfaucon. Le prévôt était l’intime ami du
maréchal ; cet ordre soudain que n’avait précédé aucune action de justice
le stupéfia ; au lieu de conduire Robert Bertrand à Montfaucon, il
l’emmena d’urgence trouver le roi, lequel leur fit le meilleur accueil,
embrassa le maréchal et ne comprit rien à l’émoi de ses visiteurs. Quand ils lui
montrèrent l’ordre d’arrestation, il reconnut aussitôt que l’ordre venait de sa
femme et il enferma celle-ci, dit le chroniqueur, dans une chambre où il la
battit à coups de bâton et tellement « qu’il s’en fallut de peu qu’il la
tuât ».
    L’évêque
Jean de Marigny faillit lui aussi être victime des criminelles manœuvres de la
Boiteuse. Il lui avait déplu et ne le savait pas. Il revenait d’une mission en
Guyenne ; la reine feint de l’accueillir avec de grandes effusions
d’amitié et pour le défatiguer lui fait préparer un bain au Palais. L’évêque
d’abord refuse, n’en voyant pas l’urgente nécessité ; mais la reine
insiste, lui disant que son fils Jean, le duc de Normandie (le futur
Jean II), va se baigner également. Et elle l’accompagne aux étuves. Les
deux bains sont prêts ; le duc de Normandie, par mégarde ou indifférence,
se dirige vers le bain destiné à l’évêque et s’apprête à y entrer, quand sa
mère, brusquement, l’en empêche, donnant des signes d’affolement. On s’étonne.
Jean de Normandie, qui était fort ami de Marigny, flaire un piège, prend un
chien qui rôdait là et le jette dans la cuve ; le chien meurt aussitôt. Le
roi Philippe VI, quand l’incident lui fut raconté, à nouveau enferma sa
femme et la roua « à coup de torches ».
    Quant à
l’hôtel de Nesle, il lui avait été donné par son mari en 1332, c’est-à-dire
deux ans après que celui-ci eut acheté l’hôtel aux exécuteurs testamentaires de
la fille de Mahaut, Jeanne de Bourgogne la Veuve, qui le tenait elle-même de
son époux Philippe V.
    En
exécution d’une clause du testament de Jeanne la Veuve, le produit de la vente,
mille livres en espèces plus un revenu de deux cents livres, servit à la
fondation et à l’entretien d’une maison d’écoliers installée dans une
dépendance de l’hôtel. C’est là l’origine du célèbre Collège de
Bourgogne ; c’est également la cause de la confusion qui s’est établie,
dans la mémoire populaire, entre les deux belles-sœurs, Marguerite et Jeanne de
Bourgogne.
    Les
débauches d’écoliers qu’on attribua à Marguerite, et qui n’existèrent jamais
que dans la légende, trouvent là leur explication.
    [21] Fautre , ou faucre  : crochet fixé
au plastron de l’armure et destiné à y appuyer le bois de la lance et à en
arrêter le recul au moment du choc. Le fautre était fixe jusqu’à la fin
du XIV ème siècle ; on le fit ensuite à charnière ou à ressort
pour remédier à la gêne que causait cette saillie dans les combats à l’épée.
    [22] Ce séjour secret d’Édouard III en France dura quatre jours, du 12
au 16 avril 1331, à Saint-Christophe-en-Halatte.
    [23] Le roi d’armes , personnage qui avait des fonctions
d’ordonnateur, présidait à toutes les formalités du tournoi.
    [24] La compagnie des Tolomei, comme nous l’avons dit précédemment, était
la plus importante des compagnies siennoises, après celle des Buonsignori. Sa
fondation remontait à Tolomeo Tolomei, ami ou tout au moins familier
d’Alexandre III, pape de 1159 à 1181, lui-même siennois, et qui fut
l’adversaire de Frédéric Barberousse. Le palais Tolomei à Sienne fut édifié en
1205. Les Tolomei furent souvent les banquiers du Saint-Siège ; ils
établirent leurs filiales en France vers le milieu du XIII ème siècle, d’abord autour des foires de Champagne, puis en créant de nombreux
comptoirs, dont celui de Neauphle, avec une maison principale à Paris.
    Au moment des ordonnances de
Philippe VI, et quand de nombreux négociants italiens furent emprisonnés
pendant trois semaines pour ne recouvrer leur liberté qu’au prix de versements
considérables, les Tolomei partirent subrepticement, emportant toutes les
sommes déposées chez eux soit par d’autres compagnies italiennes, soit par
leurs clients français, ce qui créa d’assez sérieuses difficultés au Trésor.
    [25] Ces « remontrances » avaient été
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