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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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En effet, Sire, votre mémoire est étonnante.
    - J'ai bonne mémoire. Je vous avais dit que je construirais un ch‚teau à nul autre pareil. Et que je vous y mènerais.
    - Je crois, oui, mais suis moins s˚re de la promesse...
    Elle sourit.
    Le ch‚teau est là, sur le papier. Je tenais à ce que vous fussiez la première à en voir l'esquisse et le plan. Pour vous prouver que je tiens toutes mes promesses, même celles d'un enfant.
    Et que je n'oublie rien des bienfaits ni des consolations, même si je fais mine d'en oublier les causes. qu'en pensez-vous ?
    - O˘ sera-t-il construit ?
    - Chez mon père, dont je néglige trop le souvenir. A Versailles.
    - Versailles. Il y vente sur des marécages.
    - Il y ventera mais les marécages seront asséchés.
    Le Roi se renfrogne légèrement.
    - Vous me croyez ? !
    - Oui, Sire. Toujours.
    - A leur place il y aura des jeux d'eaux comme nous les aimions tant, mais en plus magnifique, des bosquets o˘ l'on donnera thé‚tre et musique. Des galeries pleines de miroirs pour y surprendre votre merveilleux sourire.
    Il replace le voile soyeux sur le plan.

    - Je tenais à votre regard sur mon rêve d'enfant.
    - Sire, c'est un honneur dont...
    - Non, Madame, je vous le dois.
    Elle baisse la tête. Il ne me doit rien du tout.
    Il reprend sa main.
    - Vous aussi f˚tes mon rêve d'enfant. Et vous l'avez exaucé
    avec amour la nuit de l'été à Fontainebleau.
    Il lui baise la main.
    - Mon amour secret que nul ne connaîtra jamais.
    - Sire, mon amour de toujours.
    Il la reconduit à la porte.
    - A six heures, Madame, je serai chez ma mère.
    Chez la Reine mère était M. Fouquet. Anne l'appréciait, il était beau, aimable, créature de Mazarin, et avait ramené son cher Corneille au thé‚tre. Et puis il fournissait toujours l'argent qu'on demandait. Un magicien ! Il plaidait là une cause, celle d'une
    *****charmante personne, Mlle de Manneville, une nymphe qu'il osait demander dans un sourire éblouissant à la Reine mère de prendre au rang de ses filles d'honneur. Pourquoi désobliger un être si charmant. Et elle si endettée ! De plus il lui parlait d'une fête et Anne, Reine mère et écartée du Conseil, craignait de s'ennuyer.
    Elle était satisfaite, elle avait obtenu 200 000 livres du surintendant pour ses travaux à son cher Val-de-Gr‚ce qui un jour la rece-vrait à demeure, sa dernière demeure, comme elle le souhaitait.
    Bien s˚r, qu'il n'en dise mot au Roi !
    Fouquet dit tout. Il en avait l'ordre et, à celui-ci, il obéit.
    A six heures le Roi gronde sa mère, lui interdisant de demander ou d'ordonner la moindre chose au moindre des secrétaires d'Etat.
    La Reine proteste, Louis est de glace, ils se séparent f‚chés.
    Le 1er avril ils sont réconciliés, ils arrivent enfin à marier ce bel homosexuel de Monsieur avec Henriette Stuart, princesse d'Angleterre. L'ancienne exilée du Louvre qui quémandait du bois et du pain à son cousin qui n'avait pas liard en poche, tous les beaux portraits d'or sur les écus du roi Louis XIII allant dans les poches de Mazarin. Depuis tout a changé.
    Henriette est laide selon les canons du temps, mais elle est piquante ; elle lui semble un squelette. Lui semblait, dans son souvenir. Mais elle apparaît. Bien vêtue, resplendissante, animée et entraînante, elle est la reine de la fête et non seulement parce qu'elle est la jeune épousée. Le Roi ne la quitte plus au bout de deux semaines.
    Henriette loin des oubliettes du Louvre règne sur le Roi. La reine Marie-Thérèse ne voit rien, la Cour voit tout, la Reine mère demande à Henriette de se faire plus discrète. Rien n'y fait. On écrit au roi Charles II. Alors Henriette invente le plus doux stratagème : que Louis fasse semblant d'être amoureux d'une de ses filles d'honneur et ils auront la paix pour être amants.
    La fille choisie passe pour nigaude et timide ; de plus elle boite.
    Henriette et Louis s'aiment à la folie. Un nouvel épisode Marie.
    Mais celui-ci ne risque en rien de compromettre une paix.

    La fille d'honneur Louise de Lavallière aime le Roi sincèrement, sans calcul, sans retenue. Et le Roi le voit et s'en satisfait.
    On jase. Henriette trépigne de joie, le piège a fonctionné, mais ignore que son beau-frère et amant se partage désormais entre elle et la boiteuse !
    Encore Fontainebleau, ce ch‚teau lui réussit, Louis est aux anges. Deux amours. Deux maîtresses. Il se fait discret. La Cour ne jase plus, Henriette ignore qu'elle est
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