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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu
Autoren: Viviane Moore
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évanoui.
    — Gamaliel !
    La voix inquiète de sa maîtresse le ramena à lui. Il était sur le lit et le visage de son aimée planait au-dessus de lui. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il ne pouvait pas même lever la main tant il se sentait faible.
    — Reste tranquille. Je vais revenir. Je t’apporterai à manger. En attendant, dors.
    — Je voudrais... me laver, me raser.
    — Je m’occupe de tout. Repose-toi.
    Elle allait partir.
    — Laisse... Laisse-moi les clés, Théodora.
    Ses yeux se fermaient. Elle hésita.
    — Je ne veux plus jamais être emprisonné... même par toi.
    — Je frapperai trois coups quand je viendrai te voir, fit-elle en déposant le trousseau au creux de sa paume.

 
    LA CONCA DE ORO

 
    14
    Était-ce le crépitement du feu ou le raclement des sabots des chevaux à l’attache ? Tancrède ouvrit brusquement les yeux, se demandant où il se trouvait. Au moins, constata-t-il en regardant les rochers et les arbres qui encerclaient leur campement, c’était la terre ferme et non plus le balancement de la houle qui lui donnait la réponse. Des copeaux de bois sur sa couche lui rappelèrent les tours de garde qu’il avait pris alors que son maître dormait. Depuis qu’ils étaient en Sicile, cette habitude de sculpter tout ce qui lui passait sous la main l’avait repris. Il regarda d’un air amusé le tronc de l’arbre à côté de lui sur lequel s’enroulait une salamandre.
    Il s’assit en bâillant, repoussant le mantel qui le protégeait de la rosée. Une bonne odeur chatouillait ses narines, réveillant un appétit que son maître disait légendaire. À quelques pas de là, enveloppé dans son burnous, Hugues faisait griller des tranches de pain frottées d’oignon et du lard. Il repoussa de la pointe d’un bâton des braises trop vives.
    — Dans quelle réflexion êtes-vous encore parti ? demanda-t-il. Venez vous asseoir, j’ai à vous parler.
    Le jeune homme se leva, étirant sa haute stature, rejetant d’un geste les cheveux blonds qui lui tombaient sur les yeux. Il avait les muscles rompus par la dureté de sa couche et l’humidité.
    — Vous avez bien dormi ? demanda Hugues en lui tendant une tranche de pain et une gourde emplie de vin coupé d’eau.
    — Oui, fit Tancrède en s’installant sur une souche aux côtés de son maître. Que vouliez-vous me dire ?
    — Mangez d’abord !
    Le jeune homme ne se fit pas prier. Il dévora sa tranche à belles dents, laissant le goût du pain et la saveur tiède du lard envahir son palais, puis il avala une rasade de vin, ce qui acheva de dissiper le froid de la nuit et le réveilla tout à fait.
    — Je vous écoute.
    — J’aimerais, commença Hugues, vous parler de votre père, le duc de Pouilles, et de votre mère, Anouche.
    — Y a-t-il encore des choses que j’ignore ? s’étonna Tancrède.
    — Oui, par manque de temps et aussi faute de savoir comment vous les expliquer. Mais nous serons bientôt à Palerme et je me dois de tout vous confier.
    Il hésita.
    — Je n’ai jamais su la teneur exacte des rapports entre votre père et votre mère, et puis cela ne me regardait pas. Sans doute, à votre naissance, Anouche a-t-elle espéré plus qu’elle ne pouvait obtenir ? Toujours est-il que malgré l’amour évident que lui portait votre père, leurs relations se sont dégradées.
    Hugues fit une pause. Il ne lui plaisait guère de révéler ce qui ressemblait fort à des secrets d’alcôve, mais il n’y avait personne d’autre pour le faire.
    — Votre père a pris une maîtresse, Bianca de Lecce, dont il a eu deux enfants. Il a donné le prénom de Tancrède au garçon et les a reconnus more danico tout comme vous.
    — Pourquoi le même prénom ? souffla le jeune homme qui sentait le désarroi l’envahir.
    — S’il y a une chose dont vous ne devez jamais douter, c’est de l’amour de votre père. Il désirait vous protéger et s’il m’a chargé de vous emmener loin de lui, c’était uniquement parce qu’il pensait votre vie en danger sur le territoire de Sicile.
    Tancrède resta muet, Hugues poursuivit :
    — Ensuite arriva ce qui devait arriver. Le grand roi, Roger II, exigea de son fils qu’il se marie. Votre père a donc épousé l’année de notre départ une des héritières de la cour de Champagne, la jeune Élisabeth. Dont il n’a jamais eu d’enfants. Aux yeux de tous, y compris de Tancrède de Lecce, vous êtes l’aîné.
    — C’est
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