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Le héron de Guernica

Le héron de Guernica

Titel: Le héron de Guernica
Autoren: Antoine Choplin
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basse.
    Le lieutenant le dévisage avec sévérité.
    Tu as juste à les conduire là-bas. Après, tu pourras revenir danser la polka autant qu’il te plaira. Allez, en route.
    Le lieutenant se détourne puis s’éloigne d’un pas vif.
    C’est par ici, dit Basilio en désignant l’autre côté de la place.
    Ainsi, à l’avant d’une trentaine de soldats aux démarches lasses, Basilio traverse la grande place de Guernica. Alors qu’il contourne le kiosque, il sent bien que le regard des gens abandonne un instant l’orchestre pour se consacrer à eux, la petite troupe et lui, Basilio, leur guide.
    Oh là, ma parole, mais c’est Basilio ! Il a pris du galon, on dirait.
    La voix est moqueuse, Basilio la reconnaît. Il se retourne, aperçoit Javier, le plus grand des fils Rodriguez. Avec lui, il y a Celestina et aussi un des deux gars avec qui il l’a vue partir la semaine précédente, au soir du bal.
    Hé, Basilio ! lance joyeusement Celestina.
    Basilio lui fait un petit signe de la main.
    Qu’est-ce que tu fais ? elle demande.
    Le gars à côté d’elle continue à marcher, ignorant Basilio.
    Le lieutenant m’a demandé d’accompagner ces soldats, dit Basilio. Ils vont camper vers le cimetière. Alors voilà, c’est ce que je fais, je les accompagne.
    Alors, tu viens pas au bal, elle demande.
    Si. Après, quand j’aurai fini ça, je viendrai.
    On y est presque, dit Basilio avec enthousiasme. Ce sera après ce virage qu’on aperçoit là-bas, en lisière de bois.
    Les soldats marchent derrière lui sur les deux bords de la route, en ordre dispersé. Certains sont vraiment à la traîne, assez loin, et Basilio propose de les attendre.
    Et puis quoi encore, dit le chef sans infléchir le pas, le regard droit devant et prenant même quelques mètres d’avance.
    Un peu embarrassé, Basilio reprend en trottinant sa place de guide, avec, de temps à autre, quelques discrets coups d’œil vers l’arrière quand même, l’air de rien, pour ne pas perdre les retardataires de vue.
    Après le virage, on quitte la route pour un large chemin qui en deux cents mètres à peine mène au cimetière. Sans rien dire, Basilio désigne aux soldats les plus proches le mur qui s’élève droit devant.
    Pas trop tôt, dit l’un d’eux.
    Ils longent l’enclos du cimetière.
    Juste au-delà, s’étend un vaste champ. Basilio marque le pas. Le chef scrute les alentours.
    On va camper là-bas, il dit, autour de la cabane. Allez.
    Et en levant exagérément les pieds, il progresse dans l’herbe haute jusqu’au petit abri en planches posé là, au beau milieu du champ. Un à un, les gars le rejoignent, laissent tomber leur barda au sol et s’assoient dessus. Certains détachent la gourde qui pend à leur ceinture et boivent un coup.
    Basilio s’approche à son tour de la cabane.
    Après un moment, le chef se met à compter les gars. Il s’y reprend à plusieurs fois.
    Il nous en manque deux, il fait. Qu’est-ce qu’ils foutent.
    C’est Pastor, dit un soldat. Son pansement, ça veut pas tenir et ça lui fait mal. Il s’arrête tous les dix pas. Bareno est resté avec lui. Je crois qu’ils étaient loin.
    Et puis merde, dit le chef.
    Je vais retourner à la route, voir un peu, dit Basilio.
    Le chef regarde Basilio sans rien dire. Il finit par hocher la tête.
    Après avoir passé le virage dans l’autre sens, Basilio aperçoit les deux soldats au loin. L’un semble avoir pris appui sur l’autre. Leur progression est très lente. Basilio marche à leur rencontre. Lorsqu’il arrive près d’eux, l’un des soldats lui demande où se trouve son foutu cimetière.
    Basilio le lui explique, parle du champ avec la cabane.
    On n’est pas rendus, continue le soldat en grimaçant.
    Il a passé un bras sur les épaules du second soldat et Basilio remarque son pantalon maculé de sang vers le genou.
    Peut-être que je pourrais prendre votre barda, propose Basilio.
    C’est sûr, ce serait déjà ça, fait le second soldat.
    Ça me soignera pas le genou, fait le soldat blessé.
    Allez, donne-lui le barda, insiste l’autre gars.
    Il laisse glisser les bretelles de ses épaules et Basilio se charge du barda du soldat. Ils se remettent en route. À chaque appui, le soldat blessé laisse échapper un court gémissement. De temps en temps, il gueule aussi un bon coup.
    Après une nouvelle pause, Basilio suggère au second soldat qu’après tout, on pourrait aussi bien le porter à deux.
    Les deux soldats se regardent et
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