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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort
Autoren: Caroline Roe
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Auprès d’un ébéniste.
    — Je le savais, murmura Romeu à sa fille, non sans satisfaction.
    — Et il nous disait…
    — Nous ? s’étonna le juge.
    — Oui, monseigneur, à mon maître et à moi-même, et parfois à cet autre garçon, un pauvre qui n’avait nul endroit où aller et nous rendait de temps à autre visite. Mon maître était très bon. Rubèn nous parlait des parents fabuleusement riches qu’il avait à Gérone, il racontait comment son oncle sans enfants avait écrit à sa mère parce qu’il cherchait un héritier. Mais avant de lui laisser de l’argent, il voulait le rencontrer. Rubèn irait donc à Gérone, même s’il disait qu’il ne voulait pas nous quitter. Mais, voyez-vous, monseigneur, je voulais m’en aller à la fin de mon apprentissage, et le garçon pauvre parlait également de quitter l’île. Rubèn allait donc devoir attendre pour se rendre à Gérone et toucher son héritage. Il prétendait que sa famille de Gérone buvait dans des coupes en or et mangeait avec des cuillères en or, et aussi que les fenêtres s’ornaient de vitraux, comme dans les églises, que les maisons étaient aussi grandes que l’Almudaina, qu’il y avait partout des serviteurs, des esclaves, ainsi que d’immenses fontaines, et que personne n’avait à travailler.
    Les spectateurs étaient abasourdis par cette vision de leur ville où semblaient ne régner que la richesse et l’oisiveté.
    — Vous avez dû être surpris en arrivant ici, dit sèchement Berenguer.
    — Oh, je savais bien à quoi m’attendre, Votre Excellence. Ce n’était qu’un enfant, et il adorait nous impressionner avec ses récits fabuleux.
    — Vous n’espériez donc pas hériter de cette immense fortune ? demanda le troisième juge.
    — Elle n’est pas mienne, monseigneur. C’est celle de Rubèn. Je désirais juste trouver du travail.
    Les dernières paroles de l’accusé furent ignorées de tous, à l’exception des scribes et des juges : un clerc venait de franchir une porte normalement réservée aux juges et aux autres personnages officiels. Il s’approcha de la table des juges, s’accroupit à côté de Berenguer et lui murmura quelques mots avant de disparaître. Mais au lieu de sortir aussitôt, il se dirigea vers le banc des témoins et posa la main sur l’épaule du jeune garçon appelé Tomás. Celui-ci se leva pour le suivre. Dès que Lucà eut fini de parler, Berenguer adressa un signe de tête à ses confrères, se leva et disparut à son tour.
    — Bien, dit le troisième juge. J’aimerais revenir sur votre déclaration relative à vos visites chez maître Narcís Bellfont.
     
    Le clerc, Tomás et l’évêque franchirent la porte et entrèrent dans l’antichambre du prétoire. Daniel et son captif étaient assis et leur tournaient le dos. Il avait réussi à remettre de l’ordre dans sa tenue pendant le bref laps de temps qu’on lui avait octroyé. Le jeune homme tombé de l’arbre avait des habits sales et déchirés, mais tout son être clamait son innocence.
    Le clerc s’assit à une extrémité de la table, bientôt rejoint par un scribe qui se dissimulait dans l’ombre. Il fut suivi du capitaine des gardes, qui posa aussitôt ses questions.
    — Tu dis t’appeler Raimon ?
    — C’est exact, répondit le jeune homme.
    — Tu es le Raimon qui travaillait pour l’intendant de la propriété sise au nord-ouest de la route de Figueres ?
    — Je travaille toujours pour lui. Je suis son clerc et son secrétaire particulier.
    — Est-ce lui ? demanda doucement Berenguer à Tomás.
    — Non, répondit-il sur le même ton. Il ne parle pas de la même façon, celui-ci a l’air d’un gentilhomme, poli et riche.
    — Je dois bientôt regagner le prétoire, lui dit Berenguer, mais, après mon départ, j’aimerais que tu restes ici où l’on ne peut te voir et que tu continues à écouter. Le clerc te fera revenir quand ce sera nécessaire.
    — Puis-je demander ce qui se passe ? dit Raimon sur un ton assez sec. Je suis un jeune homme respectable, qui effectue un voyage d’affaires pour le compte de mon maître. J’étais entré un instant dans les bois pour satisfaire un besoin naturel et, quand je cherchai à porter assistance à un homme attaqué sur une portion de route mal protégée, je fus saisi et mené ici comme si j’étais un criminel.
    — Qui l’a attaqué ? demanda le capitaine.
    — Un dément qui s’est laissé tomber d’un arbre. Je
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