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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume
Autoren: Bernard Cornwell
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comme des chiens
enragés, cherchant seulement à nous tuer, certains de nous vaincre puisqu’ils
étaient des Danes et nous des Saxons. Nous nous préparâmes à l’affrontement et
je vis un homme au visage couturé de cicatrices, hurlant, la bave aux lèvres,
se précipiter sur moi. C’est alors que l’apaisement me gagna. Soudain, je ne
sentis plus mon ventre se nouer ni mes muscles trembler : le calme magique
de la bataille m’enveloppait. J’étais heureux.
    Je n’avais point dormi. J’étais trempé. J’avais froid, mais
soudain je me sentais invincible. Le calme de la bataille est une chose
merveilleuse. Les nerfs cèdent, la peur se volatilise, tout est clair comme le
cristal et l’ennemi n’a aucune chance, car il est trop lent. D’un coup de
bouclier, je déviai la lance de mon adversaire, pointai ma spathe en avant et
le Dane s’y embrocha. Mon bras vibra sous le choc tandis que la pointe
s’enfonçait dans son ventre et, déjà, je la retournai et la ressortis en
arrachant cuir, peau, muscles et tripes. Je sentis la chaleur du sang sur ma
main glacée. Un autre homme s’avançait sur ma droite, assenant des coups de
hache sur le bouclier de mon compagnon. Je n’eus aucune peine à le tuer d’un
coup d’épée dans la gorge, et nous avançâmes. Une femme échevelée se rua sur
moi en brandissant une lance et je lui donnai un violent coup de pied avant de
lui écraser le visage du rebord de mon bouclier. Elle tomba en hurlant dans les
braises et ses cheveux dénoués prirent feu comme petit bois.
    — Formez le mur ! entendis-je crier dans les rangs
des Danes.
    Il faisait jour, à présent, et le soleil pointait à
l’horizon. Les navires n’étaient plus qu’une fournaise. Une tête de dragon se
dressait dans la fumée et ses yeux dorés étincelaient. Des mouettes criaient
dans le ciel et un chien courait le long des navires en jappant. Un mât
s’écroula, éparpillant des étincelles dans les airs. Je vis se dresser la
bannière au corbeau, le triangle d’étoffe qui annonçait qu’Ubba était arrivé
pour prendre part au carnage.
    — Formez le mur ! criai-je. (C’était la première
fois que je donnais cet ordre.) Le mur !
    Il était temps de resserrer nos rangs. Bouclier contre
bouclier. Devant nous, des centaines de Danes s’apprêtaient à nous submerger et
je frappai de ma spathe sur le rebord d’acier de mon bouclier.
    — Ils courent à la mort ! criai-je. Ils viennent
répandre leur sang ! Ils se jettent sur nos lames !
    Mes hommes poussèrent des vivats. Nous étions une centaine
au début du combat, mais nous avions perdu une douzaine de nos
compagnons ; l’ennemi était six fois plus nombreux. Leofric entonna le
chant de bataille de Hegga, un chant de rameurs angles, rythmé et brutal, qui
raconte une bataille menée par nos ancêtres contre ceux qui possédaient la
terre avant notre venue. À présent, nous nous battions à nouveau pour cette
terre et, derrière moi, j’entendis une voix solitaire murmurer une prière. Je
me retournai et vis le père Willibald qui brandissait une lance. J’éclatai de
rire devant sa désobéissance.
    Rire dans la bataille. C’est ce que m’avait enseigné Ragnar.
Je frappai Dard-de-Guêpe contre mon bouclier, dans un fracas qui couvrit les
cris des Danes. Nous devions tenir jusqu’à l’arrivée d’Odda, mais je comptais
sur Leofric pour résister sur le flanc droit, là où les Danes tenteraient de
nous contourner en passant par le marécage. Le flanc gauche était sûr, car il
côtoyait les navires.
    — Boucliers ! braillai-je.
    Nous resserrâmes nos rangs. Nous étions trop peu nombreux
pour effrayer les Danes, ils n’avaient pas besoin de rassembler leur courage pour
cette bataille : il leur suffisait de venir à nous.
    Et c’est ce qu’ils firent. Rangs serrés, boucliers contre
boucliers, la lumière du matin étincelant sur l’acier des armes.
    Haches et lances furent les premières à pleuvoir. Notre
premier rang se baissa derrière ses boucliers tandis que le second levait les
siens au-dessus de nous. Les projectiles firent mouche, mais ne causèrent point
de mal, puis j’entendis le cri de guerre des Danes, la peur m’effleura un
instant, et ils furent sur nous.
    Le fracas des boucliers résonna jusque dans ma poitrine,
puis ce furent les cris de fureur, une lance entre mes chevilles, Dard-de-Guêpe
brandie en avant, une hache sifflant au-dessus de moi. Les Danes hurlaient,
poussaient,
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