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Le dernier royaume

Le dernier royaume

Titel: Le dernier royaume
Autoren: Bernard Cornwell
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j’avais besoin de cette torche improvisée pour m’éclairer. Je passai
devant les cabanes, saluai d’un signe de tête les hommes qui se reposaient
devant un autre feu, et poursuivis mon chemin jusqu’au navire. Puis, tout en
sifflotant avec insouciance, je gravis l’échelle appuyée à la proue, sautai à
bord et longeai les bancs des rameurs. Je pensais trouver des hommes assoupis
dans les bateaux, mais il était désert à l’exception des rats qui galopaient dans
la cale.
    Je m’accroupis et plaçai ma torche sous le tas de rames,
mais, doutant que cela suffise pour y mettre le feu, je sortis mon couteau pour
couper de petits copeaux de bois d’un banc. Quand j’en eus assez, je les jetai
sur la flamme. Le feu commençait à prendre. J’en coupai d’autres et tisonnai le
feu. Sur la rive, personne ne bronchait. Les flammes n’étaient pas assez hautes
pour donner l’alerte, mais elles se propageaient et il ne me restait plus guère
de temps : je rengainai mon couteau et enjambai le bastingage pour me
laisser glisser dans la Pedredan, sans me soucier d’abîmer ma cotte de mailles
ou mes armes. Une fois dans l’eau, je pataugeai vers le nord en me dissimulant
derrière les poupes jusqu’au dernier navire, celui auprès duquel flottait
encore le cadavre du premier garde. Une fois là, j’attendis.
    Je crus que le feu s’était éteint. J’avais froid. Et
pourtant, j’attendais toujours.
    L’horizon s’éclaircit. Soudain, un cri furieux retentit. Je
m’écartai de ma cachette et je vis les Danes se précipiter vers le bateau qui
flambait. Je courus à leur feu abandonné, pris un autre tison et le jetai dans
le second bateau. Les Danes étaient trop occupés à gagner le navire en feu à
soixante pas de là pour me voir. Une corne sonna alors plusieurs fois, donnant
l’alerte : les hommes d’Ubba allaient accourir depuis leur campement de
Cantucton. Je jetai un dernier tison sur les bateaux et me brûlai la main en le
glissant sous un tas de rames. Puis je repartis me cacher dans la pénombre
d’une coque.
    La corne sonnait toujours. Des hommes sortaient des cabanes,
d’autres arrivaient du campement pour sauver la flotte. Les hommes d’Ubba
venaient donc de tomber dans notre piège. Ils arrivaient en désordre, souvent
sans armes, uniquement préoccupés d’étouffer les flammes qui léchaient les
gréements et rougeoyaient sur la grève. Les Danes se servaient de leurs
boucliers pour puiser de l’eau et la jeter sur le premier navire, mais un autre
cri retentit et je compris qu’ils avaient aperçu Leofric. Il avait dû passer la
première ligne de sentinelles et les massacrer, et il se trouvait maintenant
dans le marais. Je sortis de ma cachette le long de la coque du bateau, et vis
les hommes de Leofric arriver et une quarantaine de Danes prêts à les
accueillir. Mais les Danes virent de nouveaux feux jaillissant des navires le
plus au nord et furent saisis de panique devant ce double danger. La plupart
étaient encore à une centaine de pas et je songeai que, pour l’heure, les dieux
étaient avec nous.
    Je sortis de l’eau. Lances et épées commençaient à
s’affronter, mais Leofric avait l’avantage du nombre et l’équipage del’ Heahengel vint à bout de la poignée de Danes à coups d’épées et de haches. L’un des
nôtres fut saisi de panique en me voyant, mais je lui criai mon nom et me baissai
pour ramasser un bouclier dane. Les hommes d’Edor étaient derrière nous. Je
leur ordonnai d’incendier d’autres navires pendant que les hommes del’ Heahengel formaient un mur de boucliers barrant l’étroite langue de terre. Puis nous
avançâmes. Nous marchâmes vers l’armée d’Ubba : elle venait seulement de
comprendre qu’elle était attaquée.
    Nous étions une centaine et devant nous se dressait toute
l’armée dane, désemparée. Je levai les yeux vers Cynuit et ne vis aucun signe
des hommes d’Odda. Ils allaient arriver, me dis-je, oui,
certainement. Leofric donna l’ordre de resserrer les boucliers et je
dégainai Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe.
    Le mur de boucliers. Mon père disait que c’était un endroit
affreux. Il y avait combattu sept fois et avait trouvé la mort dans le dernier. N’affronte jamais Ubba, avait dit Ravn.
    Derrière nous, les navires brûlaient, et devant nous une
masse de Danes furieux hurlaient vengeance. C’est ce qui causa leur perte, car,
au lieu de former correctement le mur, ils se ruèrent sur nous
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