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Le Dernier Caton

Le Dernier Caton

Titel: Le Dernier Caton
Autoren: Matilde Asensi
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d’or.
    — Savez-vous où nous nous trouvons ? me demanda le préfet avec des gestes nerveux et un petit sourire de profonde satisfaction.
    — À peu près…, répondis-je en regardant avec attention autour de moi.
    Il y avait une odeur particulière de vêtements fraîchement repassés, de vernis et de cire.
    — Ce sont les bureaux de la 2 e Section de la Secrétairerie d’État, celle qui est chargée des relations diplomatiques du Saint-Siège avec le monde. Là, en face, se trouve le cabinet de l’archevêque secrétaire, monseigneur François Tournier.
    — Ah ! oui, je vois, affirmai-je avec conviction, sans avoir la moindre idée de qui il voulait parler ; ce nom pourtant me semblait familier.
    — C’est ici que l’on peut démontrer avec le plus de facilité que le pouvoir spirituel de l’Église se situe bien au-dessus des gouvernements et des frontières.
    — Et pour quelle raison sommes-nous là ? Notre travail n’a rien à voir avec tout cela.
    Il me regarda, troublé, et baissa la voix pour me répondre :
    — Je ne connais pas la raison exacte… La seule chose que je peux vous dire sans risque de me tromper, c’est qu’il s’agit d’une affaire de la plus haute importance.
    — Mais enfin, insistai-je, têtue, je ne suis qu’une employée des Archives. Ce serait plutôt à vous ou à monseigneur Oliveira de traiter de ce sujet. Je ne comprends pas ce que je fais ici.
    Il me regarda sans savoir quoi me répondre, puis me donna quelques petites tapes sur l’épaule et m’abandonna pour s’approcher d’un groupe de prélats qui se trouvaient près des fenêtres et des rayons chauds du soleil. Ce fut alors que je compris que l’odeur de linge repassé provenait de ces hommes.
    C’était l’heure du déjeuner, mais personne ne semblait s’en préoccuper. Les couloirs et dépendances étaient remplis d’une activité fébrile et le brouhaha des prêtres et civils en train de discuter dans chaque coin était permanent. Jamais je n’avais eu l’occasion d’entrer dans ce lieu et je m’amusai à observer, émerveillée, l’incroyable somptuosité des salles, l’élégance du mobilier, la valeur inappréciable des tableaux et des objets décoratifs qui s’y trouvaient. Une demi-heure auparavant, je travaillais seule et dans le plus grand silence dans mon petit laboratoire, avec ma blouse blanche et mes lunettes, et je me retrouvais maintenant entourée des membres de la haute diplomatie internationale dans ce qui semblait être l’un des centres du pouvoir les plus importants au monde.
    On entendit soudain le grincement d’une porte qui s’ouvrait et le tumulte nous fit tourner la tête dans cette direction. Immédiatement, un groupe important de journalistes bruyants, certains armés de caméras, d’autres de magnétophones, fit son apparition par le couloir principal avec des rires et des exclamations. La plupart étaient des correspondants étrangers. Une cinquantaine de reporters envahirent notre salle en quelques secondes. Certains s’arrêtèrent pour saluer les prélats, évêques et cardinaux qui comme moi déambulaient par là, et d’autres avancèrent prestement vers la sortie. Presque tous me regardèrent à la dérobée, surpris de trouver une femme dans ce lieu où ce n’était guère habituel.
    — Lehmann en a pris pour son grade ! s’exclama en passant devant moi un journaliste chauve avec des lunettes aux verres épais.
    — Il est clair que Wojtyla ne compte pas démissionner, affirma un autre en se grattant la joue.
    — Ou on ne le laisse pas démissionner, déclara un troisième avec audace.
    Je ne pus entendre la suite de leur conversation car ils s’éloignaient dans le couloir. Le président de la Conférence épiscopale allemande, Karl Lehmann, avait fait de dangereuses déclarations, quelques semaines auparavant, en affirmant que si Jean-Paul II ne se trouvait pas en mesure de guider de manière responsable l’Église, il serait souhaitable qu’il trouve le courage nécessaire de prendre sa retraite. La phrase de l’évêque de Maguncia, qui n’avait pas été le seul à faire cette suggestion étant donné la mauvaise santé et l’état général fragile du pape, avait fait l’effet d’une bombe dans les cercles les plus proches du pape. Apparemment, le cardinal secrétaire d’État Angelo Sodano venait de répondre à ces rumeurs lors d’une conférence de presse tumultueuse. Les eaux sont agitées, me dis-je avec
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