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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin
Autoren: Jean-François Parot
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soupçonner.
    — Madame, calmez-vous. Rien de grave, je vous l'assure. Je souhaite simplement m'informer sur l'homme qui vient de sortir à l'instant de cette demeure.
    — Qu'a-t-il fait ? Pourquoi s'inquiète-t-on de lui ?
    Elle ne devait pas avoir dépassé de beaucoup les vingt ans, estima-t-il.
    — Les déplacements à des heures aussi tardives ont attiré notre attention.
    — Le pauvre homme ! Lui, le meilleur et le plus généreux des amis !
    — Que fait-il et comment le nomme-t-on ?
    — Charles Gobelet. Il est huissier de justice au Châtelet.
    Nicolas ne put s'empêcher de sourire à l'énoncé du métier choisi par le duc de la Vrillière.
    — Et que vous est-il, madame ? Le puis-je savoir ?
    Elle baissa la tête, tout empourprée, et murmura sur le ton de la confidence :
    — C'est mon ami et le père de mon enfant.
    Le tirant par la manche, elle l'entraîna vers une petite chambre toute blanche au centre de laquelle trônait un berceau d'osier couvert de mousseline. Elle écarta le tissu et il put admirer un joli enfançon qui dormait. Sans bruit, ils rejoignirent le vestibule.
    — Comment l'avez-vous rencontré ?
    — Je me nomme Marie Meunier. Je suis née à Meaux. Il y a un an, j'ai perdu ma mère, veuve depuis longtemps. N'ayant plus de quoi subsister, je suis venue à Paris pour y demander l'aumône. Quelqu'un m'a sans doute remarquée alors, car peu de temps après mon arrivée un homme fort poli m'a conduite ici, puis Charles s'est présenté. Il a affirmé vouloir me prêter secours et assistance. Je l'ai cru. Grâce à lui, j'ai retrouvé un foyer et du pain.
    — Et l'enfant ?
    Elle rougit à nouveau.
    — Charles m'a persuadée de la sincérité de son affection. Je lui devais tout. C'est notre enfant, et son père nous marque à chaque instant des attentions et un amour dont vous seriez touché.
    — Madame, ces éclaircissements me satisfont. Inutile d'inquiéter M. Gobelet. Ne lui parlez pas de ma visite.
    — Je me conformerai à votre conseil, monsieur. La tranquillité d'esprit de Charles m'importe au plus haut point. Je le sens parfois si soucieux.
    — Une dernière question. Pourquoi dissimule-t-il si soigneusement votre foyer et ses visites ?
    — C'est, hélas, monsieur le commissaire, qu'il a des enfants d'un premier mariage ! Ils n'accepteraient pas d'apprendre…
    — Je comprends. Merci de cette précision.
    Elle le raccompagna jusqu'à la porte.
    — Protégez-le, monsieur. Il prend tant de précautions que, parfois, je m'imagine qu'il se sent menacé.
    Il songea à la dernière prière de la duchesse de la Vrillière. Toutes ses femmes voulaient protéger le duc.
    — Nous y veillerons, dit-il.

    Nicolas retrouva Bourdeau qui l'attendait en bas. Ils gagnèrent leur voiture. Après un long moment de silence que l'inspecteur respecta, il raconta sa visite comme s'il se parlait à lui-même.
    — C'était donc cela ! conclut-il. La part pure d'un homme impur.
    — Ciel ! dit Bourdeau. Cessez, de grâce, de « Noblecouriser », et traduisez-moi cela avec clarté.
    — Le ministre a une petite famille clandestine : une jeune et charmante jeune femme, un enfant d'un an environ. Cette part-là de son existence, il entend d'évidence la préserver coûte que coûte. De là, ces escapades nocturnes et cette volonté de garder le secret le plus entier sur cette double existence.
    — Quel homme ! s'exclama Bourdeau. Le croirait-on, à le voir ? La Belle Aglaé, d'innombrables créatures, des responsabilités d'État, et quoi d'autre encore ?
    — Pour moi, répondit gravement Nicolas, j'ignore où se trouve la vérité d'un homme. Dans son désordre ou dans ce jardin d'innocence préservé comme avant le péché ?
    — À vous entendre, plus on est diable et plus on aspire à retrouver le jardin d'Éden.
    Nicolas rit en grimaçant.
    — Ne me distrayez pas, cela tire sur mon estafilade. Je n'ai droit qu'au sourire pour quelques jours et, encore, les circonstances ne s'y prêtent guère. Je vais aller prendre quelques heures de sommeil et nous nous retrouverons à l'aube, au Châtelet.
    — Quelles sont vos instructions ?
    — Vous enverrez des hommes rue Christine pour prendre la garde-robe de Duchamplan cadet et me la rapporter. Il faudra faire reconnaître le corps du malheureux Vitry, enfin ce qu'il en reste. Ce sera malaisé, mais je n'ai guère de doute à ce sujet. Je verrai Le Noir, et Testard du Lys. Sans oublier Sartine,
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