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Le crime de l'hôtel Saint-Florentin

Titel: Le crime de l'hôtel Saint-Florentin
Autoren: Jean-François Parot
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s'il est à Paris. J'affinerai mes conclusions. Nous pourrons, dès après-demain, faire comparaître le suspect.
    — Qui, jusqu'à plus ample informé, n'est accusé que d'actes de débauches sur une mineure.
    — Accusation à laquelle s'ajoute pour le moment celle d'enlèvement d'enfant, qui l'expose, au mieux, au fouet, à la marque, au carcan et à la détention à perpétuité dans une maison de force.
    — Cela est indubitable. Toutefois, nous pouvons toujours craindre des arguties et des interventions qui tentent de dévoyer notre procédure.
    — C'est pourquoi je tiens pour essentiel que nous courions la poste en vitesse soutenue et sans délai. Car, comme vous, je m'attends au pire.
    — Et Chambonas ?
    — Je crains qu'il ne soit intouchable. Les preuves sur ses activités occultes, le lieutenant général de police en dispose de longue main. L'impliquer équivaudrait à tirer les fils d'une trame qui nous conduirait trop près du trône.
    — Le temps viendra-t-il de lois applicables à tous ?
    — Quand les Bourdeau régneront, dit affectueusement Nicolas.
    Nicolas donna ses dernières indications concernant l'interrogatoire de Duchamplan cadet et, le cas échéant, d'autres protagonistes de l'affaire, et les dispositions particulières auxquelles il avait eu le loisir de réfléchir. Il s'en voulait un peu de ne pas s'ouvrir davantage à la discrète curiosité de Bourdeau, mais il n'aimait pas dévoiler un plan de campagne fondé sur son intuition, même si nombre de constatations matérielles venaient la corroborer. C'était pour lui comme une superstition de se taire, peut-être aussi goût du maître policier et de l'artiste de tout dévoiler en une seule fois.
    Rue Montmartre, la maisonnée dormait ; seule, Mouchette attendait son maître. Elle poussa de petits cris interrogatifs et renifla d'un air réprobateur l'odeur d'eau fangeuse qu'il dégageait. Il décida d'y remédier ne pouvant imaginer se glisser dans son lit dans cet état par trop puant. De l'eau chaude refroidissait dans un chaudron du potager. Il se dévêtit ; au fur et à mesure, la fatigue retombait sur lui, ravivant mille douleurs. Catherine, réveillée, le surprit, nu comme un ver essayant, sans y parvenir de se laver. Elle poussa un cri en voyant le pansement ensanglanté qui lui entourait le travers du corps. Elle prit les choses en main. Il fut mouillé, savonné, étrillé, bouchonné, pansé avec une ferme douceur. Après avoir siroté un lait de poule au schnaps parfumé à la cannelle, rompu mais requinqué, il monta se glisser dans sa couche pour quelques heures de répit.

    La journée fut longue. Nicolas, aussi moulu qu'à son retour précipité d'Angleterre quelques mois auparavant, se multiplia pourtant. Il rencontra M. Le Noir qui approuva son plan. Ensuite, la longue et blême figure du lieutenant criminel le retint. Comme toujours dépassé par l'événement, M. Testard du Lys commença à regimber devant les projets du commissaire. Il dénonça des pratiques dans lesquelles il ne se reconnaissait pas. Nicolas dut lui rappeler que, dans le passé, il n'avait jamais eu à se plaindre d'initiatives, certes peu conformes à la routine, mais qui aboutissaient toujours à la confusion des coupables et à la réputation auprès du roi d'une justice dont le lieutenant criminel était le plus éminent représentant. Celui-ci n'eut pas l'esprit de songer que la gloire de ces affaires résolues ne rejaillissait sur personne dans la mesure où, chaque fois, il s'agissait d'enquêtes extraordinaires, relevant pour la plupart de la justice particulière du souverain. Vaincu, M. Testard du Lys s'en lava les mains, tel un nouveau Pilate, et congédia Nicolas d'un air excédé. En ultime argument, le nom de Sartine avait été agité ; il remplissait toujours de crainte le magistrat.
    La garde-robe de la rue Christine fut soigneusement inventoriée et examinée pièce par pièce. Nicolas reçut aussi Sanson. Il se rendit ensuite à l'Hôtel-Dieu et la jeune fille découverte dans l'établissement de bains fut dûment interrogée, confirmant tout ce qu'on pouvait supposer. Elle et sa sœur, affamées, perdues dans Paris, avaient été récupérées par Duchamplan qui, sous de fallacieux prétextes, les avait amenées dans une maison inconnue pour ensuite les livrer dans différents lieux à la lubricité d'affidés.
    Enfin, Nicolas se fit conduire quai des Tournelles où les mouches qui le protégeaient de loin,
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