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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix
Autoren: David Camus
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sauvé l’homme, sauvez au moins
l’œuvre. Et, puisque vous en êtes pour l’instant la principale dépositaire,
c’est vous qui finirez l’histoire.
    — Une femme, auteur d’un roman ?
    — Ce peut être une suite anonyme.
    Et c’est ainsi que Cassiopée entreprit la rédaction d’une Continuation
et fin de Perceval, que Chrétien de Troyes n’avait pu faire lui-même et
qu’elle ne devait terminer que bien des années plus tard. Ils apprirent
également que d’autres s’étaient attelés à la tâche, parmi lesquels Wauchier de
Denain, Manessier et Gerbert de Montreuil. Par respect pour leur travail, et
par discrétion, Cassiopée décida de ne pas signer sa version.
    Alors qu’elle cherchait comment continuer l’histoire de
Perceval, une femme leur apporta un début de solution : la mère de
Cassiopée, Guyane de Saint-Pierre. Alors qu’ils étaient sur le point de quitter
le comté de Flandre pour la Bourgogne, leur chemin croisa celui d’un étrange
messager, qui s’avança vers eux le visage masqué. Il dit à Cassiopée :
    — Je sais qui vous êtes. Votre mère m’a confié cette
lettre, il y a bien longtemps, me demandant de vous la remettre à votre retour.
J’ai cru ne jamais vous trouver. Heureusement, Philippe d’Alsace m’a appris que
vous partiez aujourd’hui pour la Bourgogne…
    Puis il repartit, aussi mystérieusement qu’il était arrivé.
    Que disait le message ? Deux choses. Tout d’abord que,
lasse d’attendre le retour de sa fille, souhaitant la revoir une dernière fois
avant d’entrer au couvent, Guyane de Saint-Pierre était allée la chercher en
Terre sainte – où elle avait déjà perdu un mari : le propre père de
Cassiopée. Ensuite, et surtout, qu’une information de la plus haute importance
n’avait pas été livrée à Cassiopée quand elle s’était mise en quête de
Perceval. Et pour cause, ni Chrétien de Troyes ni Philippe d’Alsace n’en
savaient rien, mais Perceval, le mari de Guyane de Saint-Pierre et le père de
Cassiopée étaient une seule et même personne : Morgennes.
    En l’apprenant, Cassiopée sombra dans une profonde
léthargie, d’où les paroles de Simon eurent le plus grand mal à la sortir.
Pendant quelque temps, elle cessa totalement de s’alimenter, ne parlant plus
que pour murmurer des prières. Que demandait-elle ? Que Dieu protège sa
mère, et offre un espoir à son père, une issue. Elle s’était promis de
retrouver Morgennes, dût-elle y laisser la vie. À présent leur retour en Terre
sainte devenait plus qu’un projet, une certitude. C’était désormais une affaire
de semaines. Montferrat leur avait proposé de repartir avec lui, et leur avait
donné rendez-vous à Marseille, avec Josias de Tyr. Mais ils devaient d’abord se
rendre au chevet du père de Simon.
     
    Simon ne savait pas, en approchant du château, si son père
était encore en vie ; mais la présence de Cassiopée à ses côtés le
réconfortait, tout comme les cris du faucon, qui donnaient aux terres des
Roquefeuille un peu de vie – tant les animaux semblaient l’avoir
désertées.
    Le domaine était à l’abandon. L’allée qui menait au château,
d’ordinaire bien entretenue, était envahie de broussailles que l’on n’avait pas
taillées depuis des mois.
    Entendant des bruits sur leur dextre, ils avisèrent au beau
milieu d’un lac gelé deux serfs en train de braconner. Ils avaient découpé la
glace, et mis à tremper quelques lignes. En les apercevant, les paysans prirent
peur, mais Simon les rassura. Aucun mal ne leur serait fait, il n’en parlerait
à personne.
    — Je ne veux que des renseignements, expliqua-t-il.
    L’un des serfs, le plus âgé, s’approcha de Simon et le
dévisagea longuement. Le reconnaissait-il ? Probablement pas. Son visage
avait beaucoup changé depuis son départ, en outre, une courte barbe lui donnait
un air adulte qu’il n’avait pas autrefois. De toute façon, Simon était lui-même
incapable de dire s’il avait jadis connu ce gueux.
    — Qui est le seigneur de ces lieux ? questionna
Simon.
    — Le comte Étienne de Roquefeuille, messire, répondit
le paysan.
    Des nuages de fumée blanche s’exhalaient de leur bouche
alors qu’ils parlaient, tant il faisait froid. Le serf grelottait.
    — Et ses enfants ? s’enhardit Simon.
    — Morts en Terre sainte, soupira-t-il en se signant.
    Ils lui donnèrent un reste de viande en remerciement pour ses
informations, et se dirigèrent
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