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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix
Autoren: David Camus
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température était telle que les cierges fondirent et que
de leur gangue de cire sortirent des serpents, semblables à ceux du krak.
Sifflant, rampant, ils mordirent tous ceux qui passaient à leur portée,
ajoutant encore à la confusion. Cela étant, Morgennes avait moins d’adversaires
à combattre – quand un brandon tombé d’un mur s’accrocha à sa croix et
commença à la dévorer !
    — Morgennes ! cria Cassiopée. Laisse tomber ta
croix !
    Morgennes avait-il entendu ? Il ne répondit pas.
    Cassiopée se précipita dans la salle. Elle repoussa les gardes
qui voulaient l’empêcher d’approcher, et se dirigea vers Morgennes – aux
prises avec un Templier. Cherchant du regard Wash el-Rafid, elle le vit ajuster
Morgennes de son arbalète.
    — Morgennes ! hurla-t-elle. Garde-toi à
gauche !
    Trop tard ! Wash el-Rafid avait tiré sur la croix
tronquée, la clouant sur Morgennes.
    — Morgennes ! s’époumona Simon.
    Morgennes chercha à retirer la croix de son armure, mais n’y
parvint pas. Titubant, il s’approcha dangereusement de l’œil noir au milieu de
la salle, et l’incroyable se produisit : tandis que le feu gagnait
l’ensemble de la caverne, et que le combat se disloquait dans un désordre
indescriptible, une main noire jaillit du puits des Âmes, et l’agrippa !
    — Apocalypse ! cria une voix d’outre-tombe.
Apocalypse !
    Renaud de Châtillon ! Le Loup de Kérak avait tenu sa
promesse. Revenu du fin fond des Enfers, il cherchait à y traîner Morgennes.
Folle de rage, Cassiopée se jeta sur Wash el-Rafid et l’obligea à reculer en
direction du puits des Âmes, frappant et frappant sans relâche, avec une froide
détermination. Simon joignit ses efforts aux siens, et à eux deux ils firent si
bien que Wash el-Rafid se retrouva acculé au bord du puits, où l’un de ses
pieds glissa, puis l’autre. Mais le Perse résista et parvint à se dégager.
    Lorsqu’une seconde main jaillit des ténèbres, et se referma
sur sa cheville.
    — Apocalypse ! cria de nouveau Châtillon.
    Sa poigne était une ancre, une lourde chaîne de métal qui
tirait Morgennes et Wash el-Rafid, inexorablement, vers le puits des Âmes.
    — Simon ! hurla Cassiopée, il faut sauver
Morgennes !
    Ils tentèrent de lui arracher la croix, mais elle semblait
greffée à sa cuirasse.
    — Vous n’y arriverez pas, dit Morgennes.
    — Non, non, s’exclama Simon. Ce n’est pas
possible !
    La croix était en feu et leur brûlait les doigts. Quelques
flammèches couraient sur leurs vêtements ; déjà, la barbe de Morgennes
roussissait, s’enflammant à son tour.
    — Sauvez-vous ! dit Morgennes.
    — Jamais ! répliqua Cassiopée.
    — Partez, je ne suis pas seul…, dit Morgennes, comme
soulagé.
    — Jamais ! fit Simon.
    — Simon, tu avais raison… Cette croix est bien la Vraie
Croix.
    Simon éclata en sanglots, et tenta désespérément de le
sauver. Mais Châtillon était le plus puissant. Morgennes avait beau faire, il
était traîné vers le puits des Âmes, où les étincelles crépitaient de plus
belle, avides de l’accueillir.
    — Partez vite ! insista Morgennes, des flammes
dans la bouche.
    Alors que la salle menaçait de s’effondrer, des blocs de
pierre tombant du plafond et les colonnes vacillant, une voix ordonna :
    — Faites ce qu’il vous dit !
    — Taqi !
    Taqi et ses hommes pénétrèrent à cheval dans la caverne des
Âmes, surgissant de tous les côtés à la fois. L’apercevant sur son cheval
blanc, Bernard de Lydda s’écria, apeuré :
    — Par saint Georges !
    — Qui diable es-tu donc ? lui demanda Taqi.
    — C’eeest moooon frèèèèère ! répondit Rufinus.
    Taqi se tourna vers Bernard de Lydda, le menaçant de son
cimeterre.
    — Ne me touchez pas ! Je suis un
ecclésiastique ! vociféra l’évêque, levant les bras en signe de reddition.
    — Justement ! Il y a longtemps que tu aurais dû
mourir ! répliqua Taqi en lui passant son cimeterre en travers du cœur.
    — Sooon cooorps ! mugit Rufinus en voyant son
frère tomber à terre. Sooon cooorps !
    Mais personne ne l’écoutait : tous étaient occupés à
évacuer al-Afdal et à tuer les Templiers qui n’avaient pas encore fui. Des
langues de feu parcouraient la salle, pareils à des serpents ignés. Une vie
paraissait les mener, une intelligence les habiter. Les Sarrasins étaient
persuadés qu’il s’agissait de Sohrawardi, réincarné en flammes.
    Ce brasier
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