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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix
Autoren: David Camus
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allongé, blessé, sur la croix que tenait à présent
Châtillon, et qu’il avait été guéri, ce n’était pas uniquement à cause de la
foi, ou de la Vraie Croix. C’était aussi à cause de Morgennes, qui avait tout
donné pour sauver cette croix, y compris son honneur et son âme. Simon lui
devait plus que la vie. Il lui devait de lui avoir ouvert les yeux. Il lui
devait la vraie foi. Cette croix était vraie parce qu’elle était celle de
Morgennes et que lui, Simon, l’avait aidé à la porter ; comme jadis Simon
de Cyrène avait aidé le Christ à porter la sienne. L’histoire se répétait,
voilà tout.
    Si Châtillon la jetait dans le puits, ce serait
l’Apocalypse.
    « Ce n’est pas le moment de défaillir, pas le moment
d’avoir peur », pensa Simon, s’efforçant de ne pas quitter Châtillon des
yeux, de rendre son regard aussi droit qu’une lance, aussi dur que l’acier qui
en composait le fer. Et cela parut réussir, puisque Châtillon se troubla,
marmonnant :
    — Pas la Vraie Croix ? Vous nous auriez menti
depuis le début ? Vous avez même menti aux habitants de Jérusalem ?
    Sohrawardi s’approcha alors de la croix tronquée et tendit
la main pour la palper, mais Kunar Sell l’en empêcha :
    — N’y touchez pas !
    Wash el-Rafid, désignant la croix de son arbalète à deux
plateaux, demanda :
    — Êtes-vous devenus fous ? Qu’avons-nous à redouter ?
Ou c’est elle, et tout est pour le mieux, ou ce n’est pas elle, et ça ne fera
qu’un bout de bois de perdu. Jetez-la dans le puits !
    — Donnez-la moi ! siffla Sohrawardi, en
s’approchant à pas lents, toujours soutenu par ses deux mamelouks.
    Séduit par le raisonnement du Perse, Châtillon fit tournoyer
la croix tronquée au-dessus de sa tête, tandis que Simon hurlait :
    — Noooon !
    Mais Châtillon lâcha la croix, dans la direction de la porte
des Enfers.
    C’est alors qu’un trait l’atteignit en plein vol, et la fit
dévier. La croix tronquée rebondit sur les dalles, non loin de Morgennes. Tous
regardèrent, stupéfaits, du côté des marches de l’escalier qui menait à l’étage
supérieur du dôme du Rocher, d’où Cassiopée les défiait de son arbalète :
    — Si j’étais vous, je l’oublierais…
    À cet instant, Wash el-Rafid ordonna à ses hommes :
    — Attrapez-la !
    Mais, trop tard : Cassiopée avait déjà disparu.
    — Non ! hurla Châtillon. Abattez-la !
    Wash el-Rafid regarda le Loup de Kérak, une lueur mauvaise
dans les yeux.
    — Prenez-la vivante ! siffla-t-il.
    — Tuez-la ! répliqua Châtillon.
    Les blancs manteaux se regardèrent, ne sachant à qui obéir.
Puis Wash el-Rafid tira ses deux carreaux métalliques sur Châtillon. Ceux-ci
l’atteignirent en pleine poitrine, où s’épanouirent deux gerbes rouges. Mais le
Loup de Kérak ne vacilla pas. Il dégaina sa puissante épée, vociférant :
    — Démon ! Ce n’est pas toi qui me tueras !
    Et il se jeta sur Wash el-Rafid.
    Kunar Sell avait sorti sa lourde hache danoise, et engageait
les Templiers blancs, pervertis par Wash el-Rafid, tandis que Bernard de Lydda
et Gérard de Ridefort se réfugiaient dans l’obscurité des souterrains de la
Moriah.
    Profitant de la confusion, Morgennes envoya un vigoureux
coup de coude au garde qui le tenait et se rua vers la croix tronquée. Il
pensait s’en servir comme d’une arme, ainsi que Simon l’avait fait à l’oasis
des Moniales. Bien lui en prit, car un autre soldat avait voulu la récupérer
avant lui ; mais Morgennes l’atteignit le premier. S’en saisissant, il se
débarrassa d’un puissant coup de croix du Templier et se tourna vers Simon.
    Wash el-Rafid et Châtillon étaient en train de s’entretuer.
Le Perse se battait avec Crucifère, qu’il avait prise à Morgennes. Il reculait,
esquivait, feintait, se baissait, sentant cent fois le souffle de la mort lui
passer sur le visage, cent fois l’épée bâtarde de Châtillon le frôler.
Crucifère brillait d’une lumière étrange, comme si la proximité de la porte des
Enfers l’excitait.
    — Je la vois, c’est elle ! caqueta Sohrawardi.
L’épée de saint Georges ! Sa lumière resplendit !
    Son corps exsuda aussitôt une odeur de bouc si violente que
de nombreux Templiers blancs reculèrent, frappés de nausée. Mais Châtillon n’y
parut pas sensible, comme si sa résurrection, ou la colère, l’avait privé
d’odorat. Il luttait avec d’autant plus de rage qu’il venait
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