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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon
Autoren: Evelyne Lever
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s’étant alors retiré des affaires et même de ce monde je n’avais plus de connaissances et d’amis j’avais auprès du nouveau Banquier de la Cour pour faire taxer ma course   ; on m’a toujours amusé de l’espérance que je serai payé d’une façon ou d’une autre. Le vrai a été que M. Rouillé, Ministre des Affaires étrangères, s’est retiré, que l’abbé comte de Bernis lui a succédé et que son règne s’est éclipsé comme une comète   ; que le duc de Choiseul lui a succédé, que mon protecteur, le maréchal de Belle-Isle, après m’avoir consolé par une lettre de la perte que je faisais, qu’il saurait m’en dédommager autrement, en attendant il est mort. M. de Boullogne, gendre du Marquis de l’Hôpital qui m’avait aussi promis de me dédommager a quitté sa place et la vie, le Marquis de l’Hôpital s’est retiré de son ambassade ruiné par ses grandes dépenses pour soutenir l’éclat de la cour et de la nation française à la cour de Russie où régnait alors un luxe moitié oriental et moitié européen. Et moi, j’ai été rejoindre mon régiment de dragons et ma place d’aide de camp du maréchal et du comte de Broglie où je n’ai gagné que des coups de sabre, d’autres blessures et de la gloire, toujours sans autre argent que celui que Louis XV me faisait passer en secret par les mains du comte de Broglie auquel il m’avait recommandé en particulier,
    Après mon bonheur en Russie et mon malheur en France, j’ai éprouvé d’autres bonheurs et malheurs en Angleterre. J’y suis arrivée comme Premier secrétaire de l’ambassade du duc de Nivernais, ce seigneur plein d’esprit, de (   ?) et de zèle pour le service de son maître y avait adroitement débuté par changer quelques points essentiels de Fultimatum d’après lequel le roi de France avait envoyé pour ambassadeur et plénipotentiaire le duc de Nivernais à Londres et celle d’Angleterre le duc de Bedford à Paris. Ce changement avait tellement indisposé l’esprit du roi d’Angleterre et celui de son Conseil privé que l’on était au moment de signifier au duc de Nivernais de se retirer et de partir pour la France. Le duc, malgré son génie et celui de ses conseillers, ne savait ni avancer ni reculer, ni quel parti prendre. Après avoir été si vivement affligée en mon particulier de son angoisse et de son embarras, je lui dis   : « M. le duc, si vous voulez me laisser faire, je crois pouvoir vous tirer bientôt d’embarras par un mezze termine que vous devez mieux connaître que moi puisque vous êtes d’origine italienne et moi française.   » « Comment donc faire   ?   » « Rien de plus facile, lui dis-je, M. le duc je vais aller de ce pas déclarer à Milord Egremont Secrétaire d'État que c’est moi en votre absence qui ai fait la faute de changer quelques termes à l’ultimatum par zèle pour ma patrie, sans faire attention aux conséquences. Le Cabinet de St James écrira contre moi   ; votre honneur sera sauvé et moi je m’en retournerai en France contente si vous me rendez justice auprès du Roi et de ses ministres.   » Mon mezze termine fut accueilli avec joie et reconnaissance et couronné d’un plein succès. Les conférences commencèrent et furent terminées en peu de temps. Le duc de Nivernais a eu la générosité d’écrire de sa main au Roi, aux ducs de Praslin et de Choiseul le récit simple du service important alors que je lui avais rendu et à la cause de la paix générale. Le roi d’Angleterre, qui ne fut pas la dupe du duc de Nivernais, pour me récompenser contre l’ordinaire des choses me chargea de porter au duc de Bedford, son ambassadeur à Paris, sa ratification de la paix. Le duc de Praslin, l’esprit rempli de l’orgueil de sa naissance, de son savoir ou de son ignorance, et de ses richesses accumulées par sa dextérité et son avarice personnelles, a cru me récompenser magnifiquement en me faisant accorder six mille francs de gratification et la croix de Saint-Louis après avoir été blessée trois fois à l’armée, en différentes batailles et combats. Aussitôt que la paix a été signée, le duc de Nivernais, sous prétexte de ses pauvres yeux et de la faiblesse de ses nerfs, s’est enfui comme une hirondelle à Versailles pour y jouir de sa gloire et à Paris pour y voir tirer le feu d’artifice en l’honneur de sa paix. Il m’a laissé à Londres en qualité de Résident, puis de Ministre plénipotentiaire
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