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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon
Autoren: Evelyne Lever
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chargé comme un baudet de quatre-vingts portefeuilles de papiers d’affaires, de 33 mille prisonniers français en Angleterre à faire évacuer, de 18 millions de dettes du Canada dont j’ai esquivé le paiement tant que j’ai été ministre de France à Londres, que j’ai éludé de même ainsi que la démolition des fortifications et lunettes de Dunkerque. J’étais encore chargé de la négociation entre les deux cours pour l’arrangement et liquidation des comptes pour nourriture et fourniture aux prisonniers français, pour l’artillerie, vivres et munitions prises ou perdus entre les Français, les Anglais, les Prussiens, Hanovriens, Hessois, Brunswickois et sans les affaires courantes et courriers qui se succédaient jours et nuits. Enfin, pour fruit de toutes mes peines, travaux et écritures de jours et de nuits, ma seule récompense a été d’être empoisonné dans le vin d’une bouteille de bourgogne uniquement destinée pour moi, le octobre 1763 à la table du comte de Guerchy, ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté très Chrétienne auprès du Roi George Défenseur de la Foi. Plût à Dieu que ces deux grands princes n’eussent été que les défenseurs de la faiblesse de la veuve et de l’orphelin des empoisonnés, j’aurais été vengée par leur justice. J’ai si bien prouvé mon empoisonnement contre le comte de Guerchy et son écuyer Chazal, qui avait mis l’opium dans la bouteille de bourgogne, que j’ai obtenu par devant le tribunal des grands jurés du comté de Middlessex, où la ville de Londres est située, un indictement contre les deux coupables. Chazal a pris aussitôt la fuite. L’ambassadeur a été poursuivi avec tant de vigueur par moi, que résultat a été qu’après mon empoisonnement, Guerchy m’a querellé sans fin, que je n’ai jamais été payée de mes appointements de Ministre plénipotentiaire à Londres. Ils me sont toujours légitimement dus, car le défaut de paiement constaté par les registres du Bureau des Affaires étrangères et ceux du Banquier de la cour, et les lettres que le duc m’a écrites de sa main à ce sujet et que je conserve précieusement prouveront cette vérité constante. Et mes avocats (prouveront) qu’il a été obligé d’obtenir du roi d’Angleterre un noli prose qui à sa honte et confusion, ce qui a déterminé Louis XV à ne point lui donner le brevet de duc qu’il lui avait promis avant son crime, mais à le rappeler, à l’envoyer à son château de Nangis où il est tombé malade de chagrin, a obtenu de revenir dans son hôtel pour être secouru par ses médecins. La mort l’a emporté exactement quarante jours après son départ de Londres et la fin de sa belle ambassade. Le résultat fut cruel pour moi et ma bourse. Alors, malgré toutes les clameurs, des Guerchy, des Praslin criant contre moi comme des aveugles, des empoisonneurs et des assassins royaux, j’ai gardé par-devers moi tous les chiffres et papiers de la Cour la plupart écrits et chiffrés de ma main, jusqu’à ce que l’on ait payé mes appointements et mémoires légitimes de dépense. On s’est obstiné à ne pas me payer. Je me suis obstiné à les garder. Ma conduite publique à cet égard a été approuvée en secret par Louis XV.
    Ce monarque est venu enfin à mourir, le 10 mai 1774. On a trouvé le secret de mon sexe et de ma correspondance secrète à la levée des scellés sur les papiers du secrétaire de son cabinet. Le marquis de Prunevaux a été aussitôt dépêché par le comte de Mau- repas et le duc de Nivernais auprès de moi, à Londres, mais sans succès pour mon retour. Parce que j’ai persisté à ne pas vouloir quitter la cour de Londres sans qu’on ait réparé auparavant les torts, les injustices et les crimes commis contre moi à Londres. Le fameux Caron de Beaumarchais a été le second envoyé extraordinaire des comtes de Maurepas et de Vergennes auprès du roi muni d’un plein pouvoir et d’argent pour traiter à l’amiable avec moi. J’ai dit en moi même « Timeo danaos et dona ferentes   ». Si ce renard était ferré de ruse et d’argent, j’étais ferré de bonne foi. H a mieux réussi en partie que le marquis de Prunevaux parce qu’il avait plus d’esprit et plus d’argent pour payer mes dettes dans un pays aussi cher que Londres et où j’ai été en guerre, chicane, procès et dépenses depuis 1763, jusqu’en 1775. Beaumarchais, enflé du plein pouvoir du roi de France auprès d’un simple
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