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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2
Autoren: Mireille Calmel
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mais une prière, certainement.
    — Qu'Allah vous entende ! le salua Djem dans le couloir.
    — Et que Dieu vous garde ! le bénit Guy de Blanchefort, sincère.
     
    En sa couche, Almeïda la Grecque l'attendait, nue, une jambe repliée sur le drap qu'elle relevait avec une fausse pudeur entre les seins. La lèvre frémissante et l'œil provocant, elle était la plus sensuelle et la plus charnelle de ses épouses. L'amour qu'elle lui portait supportant mal la rivalité, elle soumettait les quatre autres femmes du harem à un arbitraire implacable, se débrouillant pour s'accorder le meilleur et le maximum du temps de Djem. Le prince avait bien vu son manège. Il eût pu sans peine y mettre fin, mais n'en avait pas le cœur. Du moment que les autres s'en accommodaient, il laissait à Almeïda le privilège qu'elle s'octroyait, et jouissait d'elle autant qu'elle le voulait.
    — Tu as été bien long ce soir, mon prince, murmura-t-elle dans une moue provocante.
    Djem se déshabilla devant la cheminée qu'on avait rechargée puis se glissa près d'elle.
    — N'avais-je pas demandé Catarina ?
    — Sa gorge piquait et elle était fiévreuse. J'ai craint qu'elle ne te donne son mal, Zizimi chéri.
    Il passa la langue sur la pointe turgescente d'un sein.
    Elle gémit de plaisir.
    — Et toi, n'es-tu pas fiévreuse ? Ne risques-tu pas de me contaminer de même ?
    Elle se coucha d'autorité sur lui et ondula jusqu'à se sentir pénétrée de son vit dressé. Un râle de satisfaction lui échappa tandis qu'elle se redressait pour mieux le chevaucher.
    — Si fait. Mais je sais le moyen de t'en guérir, haleta-t-elle.
    — Je crains, hélas, que cela ne soit très long. Jusqu'à l'aube peut-être.
    Incapable de répondre encore, elle s'arqua sous les coups de rein langoureux dont l'accompagnait son maître et Djem se remplit les yeux du plaisir qu'elle se donna.
    *
    La douleur dressa Algonde sur sa couche. Son bas-ventre lui semblait vouloir se déchirer. Elle y porta ses deux mains en retenant un cri. Quelques secondes. Cela cessa. Son regard accrocha la pleine lune par la croisée en ogive de sa chambre. L'heure était venue. Comme pour l'en assurer, une nouvelle contraction l'écartela. Elle se leva, regarda sous elle. Le drap n'était pas même humide. Sa mère ne lui avait-elle pas appris qu'on perdait les eaux avant tout accouchement ? Même si cette chose n'avait rien d'humain, cela ne tarderait pas. Refusant de souiller son lit, elle gagna péniblement son cabinet de toilette, posa la chandelle sur un tabouret et s'accroupit bestialement au-dessus d'une bassine. Attrapant un linge, elle le roula en un cordeau qu'elle mordit à pleines dents. Pressée d'en terminer au plus vite, elle poussa de toutes ses forces. Trois quarts d'heure plus tard, éreintée, elle était libérée et se laissait glisser mollement sur le côté.
    Son répit ne fut que de courte durée pourtant. Adossée à la paroi en encorbellement, Algonde se mit à grelotter, recouvrant instantanément les premiers effets de la morsure de la vouivre. Elle ruisselait d'une sueur froide, et l'intérieur de ses cuisses tétanisé par la posture tressautait par à-coups. Rattrapée par un spasme d'une telle violence qu'il la projeta en avant, elle éructa un liquide noirâtre qui se fraya un passage entre les lames du parquet. Cela ne dura que quelques secondes. Ensuite tout fut terminé. La chaleur revint en elle, par bouffées tièdes. Elle s'essuya la bouche avec le linge tombé à ses côtés, un goût de limon sur la langue. Rampant misérablement, elle gagna un seau d'eau prévu pour sa toilette du lendemain matin. Les deux mains agrippées au rebord, elle y plongea son visage, ouvrant grands la bouche et le nez pour se rincer à sa vivifiante fraîcheur. Inspira par réflexe. Se redressa aussitôt à la limite de l'étouffement. Noyée. Elle toussa au-dessus du seau jusqu'à avoir recraché l'eau de ses poumons, puis se rassit, échevelée, défaite. Un moment passa. Ses bronches sifflaient. Elle se fustigea de sa sottise. Avait-elle oublié que le prétendu pouvoir de Mélusine n'était qu'un leurre entretenu par cette chose en elle ? Ses doigts recueillirent au sol un peu de cette substance qu'elle avait vomie. Poisseuse et gluante. Le poison de la vouivre. Elle était sauvée. Un ricanement de victoire lui échappa. Fallait-il que Mélusine soit sûre de sa supériorité pour avoir cru qu'elle ne se poserait aucune question et
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