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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée
Autoren: Bernard Cornwell
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déferler sur l’ Aigle-des-Mers.
    Cette bataille occupait toute l’entrée du
chenal. Derrière ces trois navires, la marée montante entraînait le reste de la
flotte d’Haesten vers les navires incendiés sur le rivage. Mais tous ne
brûlaient pas, et de plus en plus d’hommes s’y embarquaient et ramaient vers l’arrière-garde
d’Haesten. Le combat commençait là aussi. Au-dessus de moi, sur la colline de
Beamfleot, le château brûlait toujours et l’or du ciel était voilé par les
panaches de fumée où des cendres blanches dansaient comme des papillons de nuit.
    Les hommes d’Haesten, qui nous avaient fait
battre en retraite après avoir détaché la chaîne, pataugeaient et montaient à
bord du Dragon-Voyageur pour prendre d’assaut mon navire.
    — Suivez-les ! ordonnai-je.
    Les hommes de Sigefrid n’avaient aucune raison
de m’obéir : ils ignoraient qui j’étais et j’avais seulement combattu avec
eux. Mais ils comprirent ce que je voulais et ils étaient remplis de fureur :
Haesten avait trahi Sigefrid et pour eux, lui et les siens devaient mourir.
    Trop occupés à prendre d’assautl’ Aigle-des-Mers, les hommes d’Haesten nous laissèrent monter à leur bord. Ceux que je menais
étaient mes ennemis, mais ils n’en savaient rien et me suivaient volontiers, servant
leur seigneur. Nous prîmes l’équipage d’Haesten à revers et l’espace d’un
instant nous fûmes les seigneurs du massacre. Nos lames leur transpercèrent l’échine,
ils périrent sans avoir eu le temps de savoir qu’ils étaient attaqués. Lorsque
les survivants se retournèrent, nous n’étions qu’une poignée face à une
centaine. Il y avait trop d’hommes à bord du navire d’Haesten et trop peu de
place sur l’ Aigle-des-Mers pour qu’ils y montent et combattent. Mais ils
avaient à présent un ennemi : nous.
    Un navire est étroit. Notre mur de boucliers, qui
avait été si aisément débordé à terre, s’étendait d’un bord à l’autre du Dragon-Voyageur et les bancs de nage les empêchaient de nous charger. Ils
devaient avancer lentement au risque de trébucher, mais ils ne renoncèrent
point. Ils avaient Æthelflæd et tous se battaient pour leur rêve de richesse. J’avais
ramassé un bouclier sur un homme abattu et je les attendis, Rypere à main
droite, un inconnu à main gauche.
    Je me servis de Souffle-de-Serpent. Dard-de-Guêpe,
mon épée courte, était d’habitude plus utile dans le mur, mais ici l’ennemi ne
pouvait se rapprocher à cause d’un banc qui nous séparait. Au centre, où je me
trouvais, il n’y avait nul banc mais un porte-mât faisait obstacle et je devais
constamment guetter de part et d’autre.
    Une lance me frôla, glissant sur mon bouclier. Qu’ils continuent, me dis-je. Ils pouvaient lancer leurs javelots sur
des boucliers toute la matinée sans parvenir à rien. Tous hurlaient et
brandissaient leurs armes, et ceux qui arrivaient derrière poussaient les
premiers devant nos lames, mais nous étions forcés de reculer toujours, tandis
que d’autres tentaient de nous prendre à revers.
    Combien de temps dura ce combat ?
    Ce pourrait être un instant comme une heure, et
aujourd’hui encore je l’ignore. J’écoute mes poètes chanter ces batailles si
anciennes et je me dis que non, ce ne fut pas ainsi. Ni héroïque ni grandiose, et
je ne fus pas un seigneur de guerre semant la mort à la pointe de mon
impitoyable épée. Ce fut la panique, la peur abjecte des hommes qui se
concilient de terreur et agonisent dans la pisse et le sang en pleurant comme
des enfants qui ont reçu les verges. Ce fut un chaos de lames qui volaient, de
boucliers brisés, de coups portés et parés à l’aveugle. Nous glissions dans le
sang parmi les morts recroquevillés, dans un tumulte de cris, de pleurs et de
piaillements de mouettes. Et tout cela, les poètes le chantent, car c’est leur
travail que de le faire paraître merveilleux. Et la brise soufflait sur les
flots où tourbillonnait le sang avant de disparaître dans l’eau verte.
    Au début, il y avait eu deux batailles. Mon
équipage à bord de l’ Aigle-des-Mers, mené par Finan et renforcé des
survivants du navire barrant le chenal, se défendit désespérément contre les
soldats d’Haesten. Nous les aidâmes en montant à bord du Dragon-Voyageur, tandis
qu’à l’autre bout de la crique, là où brûlaient les navires, les hommes de
Sigefrid et d’Erik attaquaient l’arrière de la flotte
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