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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée
Autoren: Bernard Cornwell
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lient d’amitié dans les
batailles. Nous nous moquons et nous insultons, mais nous nous aimons aussi. Dans
la bataille, nous devenons plus que frères, et Clapa et Rypere étaient de tels
amis. À présent, Clapa le Dane se mourait, et Rypere le Saxon pleurait. Ce n’étaient
point larmes de faiblesse, mais de fureur, et je le vis se retourner et lever
son épée.
    — Seigneur, dit-il.
    En me tournant, je vis d’autres hommes
accourir sur la rive.
    Haesten avait envoyé tout un équipage ouvrir
le chenal. Leur navire avait accosté à une cinquantaine de pas plus loin, et
derrière j’en aperçus d’autres prêts à ramer jusqu’à la mer une fois le chenal
ouvert. Haesten et ses hommes fuyaient Beamfleot en emmenant Æthelflæd. Au-delà
de la crique, sur l’abrupte colline où brûlait le château, je vis les hommes de
Sigefrid et d’Erik dévaler la pente pour attaquer le traître Haesten dont les
hommes se précipitaient sur nous en nombre.
    — Mur de boucliers ! cria une voix.
    J’ignore qui parlait. Je me rappelle seulement
avoir pensé que nous allions mourir sur ce rivage et j’éprouvai la même fureur
que Rypere. Je rengainai Souffle-de-Serpent, tapotai la joue ensanglantée de
Clapa et ramassai son énorme hache de guerre.
    Les hommes d’Haesten arrivaient en hurlant, cherchant
à fuir la crique avant que ceux de Sigefrid ne viennent les massacrer. Haesten
faisait d’ailleurs incendier les navires de Sigefrid échoués de l’autre côté de
la crique. Alors que je me préparais à l’assaut, j’eus à peine le temps de voir
les flammes lécher les cordages et la fumée monter dans le ciel.
    Ils chargèrent et nous aurions dû laisser la
vie sur ce rivage, mais celui qui avait donné l’ordre du mur avait bien choisi
l’emplacement, car l’un des nombreux fossés de Caninga s’étendait juste devant
nous. Il n’était guère profond, mais nos assaillants glissèrent sur le bord et
nous nous précipitâmes sur eux en hurlant, ma fureur devenue la rage rouge de
la bataille. Je fis tournoyer ma hache, et fracassai un casque et un crâne. Dans
le sang qui jaillissait, je frappai de nouveau. Je n’étais plus que colère et
désespoir dans la joie de la bataille et la folie sanguinaire. Nous nous étions
avancés au bord du fossé et nous fîmes un massacre.
    Mais nous étions dépassés par le nombre, et
débordés sur nos flancs. Nous aurions dû mourir auprès de ce poteau qui
retenait le navire, mais d’autres hommes en débarquèrent pour attaquer le flanc
gauche de notre adversaire. Cependant, les hommes d’Haesten étaient toujours
plus nombreux que nous. Nous fûmes forcés de reculer lentement. Je n’avais
point de bouclier et je faisais tournoyer ma hache à deux mains, tenant mes
adversaires à distance, bien qu’un lancier ne cessât de m’aiguillonner. Rypere
avait ramassé un bouclier et s’efforçait de me protéger, mais l’homme parvint à
glisser sa pointe par-dessous et à me fendre le mollet. D’un coup de hache, je
lui fracassai la face, puis je dégainai Souffle-de-Serpent pour la laisser
entonner son chant de guerre. Ma blessure était insignifiante, mais pas celles
qu’infligeait mon épée. Un acharné brandit alors sa hache vers moi et
Souffle-de-Serpent faucha son âme avec une grâce si élégante que j’éclatai d’un
rire triomphant.
    — Nous les tenons ! beuglai-je.
    Personne ne remarqua que j’avais crié en
anglois, mais en vérité, si notre petit mur tenait bon, nos adversaires avaient
débordé notre flanc gauche qui s’éparpilla.
    Les hommes d’Haesten poussèrent un rugissement
de victoire et nous ne pûmes que nous enfuir. Je ne saurais le dire autrement. Une
soixantaine d’hommes tentaient de nous massacrer, ils avaient déjà abattu
quelques-uns de ceux qui avaient débarqué du navire et nous battions en
retraite vers le rivage, là où la vase était épaisse. Je crus de nouveau que
nous allions mourir dans les vaguelettes boueuses, mais nos adversaires, satisfaits
de nous avoir chassés, retournèrent au poteau et à la chaîne. Certains nous
tinrent en respect pendant que les autres la tranchaient à coups de hache. Derrière
eux, sur le ciel encore sombre, se découpaient les silhouettes des navires d’Haesten
qui attendaient de s’élancer vers la mer.
    Des acclamations s’élevèrent et je vis la
lourde chaîne glisser comme un serpent dans la vase. La marée commençait à
monter et je vis, impuissant, le navire qui
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