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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens !
Autoren: Max Gallo
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1.
    Louis Capet ci-devant Louis XVI, roi de France, est donc
monté sur l’échafaud, le lundi 21 janvier 1793, peu avant dix heures vingt du
matin.
    Il a voulu parler au peuple, mais à cet instant, Santerre, l’ancien
et riche brasseur du faubourg Saint-Antoine, devenu commandant général de la
garde nationale, a, selon un témoin, « levé son épée et fait battre tous
les tambours et sonner toutes les trompettes pour étouffer la voix de ce malheureux
monarque. Aussitôt les bourreaux le saisissent, le lient à la fatale planche et
font tomber sa tête que l’un d’eux montre trois fois au peuple. »
    Il est dix heures vingt.
    « Je n’ai pas la force de vous en dire davantage
aujourd’hui… mais plus un événement tragique est douloureux, plus on veut en
savoir les causes et les détails », poursuit ce témoin, le libraire Ruault,
esprit « éclairé », garde national, Jacobin de la première heure.
    « Je tiens ceux-ci d’un homme qui était posté à deux
pas de cette fatale voiture et qui nous les a racontés hier soir les larmes aux
yeux. Il nous disait que plus de la moitié de la troupe qui remplissait la
place était attendrie, frémissait d’horreur lorsqu’elle vit le roi monter les
mains liées, les cheveux coupés, sur l’échafaud. Si on lui eût laissé la
liberté de parler, de se faire entendre de cette multitude, qui sait ce qui
serait arrivé ? Un mouvement de générosité pouvait s’emparer de cette
foule, elle pouvait saisir ce prince, l’arracher des mains de ses bourreaux et
le porter de l’échafaud au trône. Il y aurait peut-être eu bataille sur la
place… Mais il n’en a point été ainsi : sa destinée était de mourir de la
mort des coupables en présence d’une foule immense d’hommes qui, il n’y a pas
si longtemps encore, étaient ses sujets. »
     
    En fait, pas un seul incident n’a troublé l’exécution du roi.
La dispersion des dizaines de milliers d’hommes de troupe mobilisés dans tout
Paris s’est effectuée dans l’ordre.
    « Malgré les prédictions sinistres, lit-on dans les Annales
patriotiques, Paris n’a jamais été plus tranquille. L’indifférence pourrait
être le sentiment qui domine le plus… »
    Et Lucile, l’« adorable petite blonde », l’épouse
d’à peine vingt-deux ans de Camille Desmoulins, le journaliste et député à la
Convention, ami de Danton, écrit : « C’est aujourd’hui qu’on a fait
mourir Capet. Tout s’est passé avec une tranquillité parfaite. »
     
    Dès le soir du lundi 21 janvier, la vie a repris. Les
théâtres sont ouverts, les cafés remplis.
    On parle davantage de l’assassinat du régicide Le Peletier
de Saint-Fargeau, par un garde du corps du ci-devant roi, que de l’exécution du
monarque, ce « tyran ». La Convention a décidé d’accorder à Le
Peletier les honneurs du Panthéon.
    Son corps nu, « huilé, verni », est exposé, puis
transporté en grande pompe jusqu’au Panthéon, et suivi par les députés, des
soldats et des gardes nationaux en armes. Et lorsque le cortège passe sur le
Pont-Neuf, on tire trente coups de canon.
    « Ce bruit porta l’épouvante dans le Temple. »
    Là, dans cette prison, Marie-Antoinette qu’on n’appelle plus
que la « veuve Capet », devenue une vieille femme méconnaissable, passe
de la prostration à des convulsions, « Madame Élisabeth, la sœur du roi, est
morte d’effroi, la petite princesse – Madame Royale – se roule par terre, le
petit dauphin se cache entortillé dans les rideaux du lit de sa mère. On daigna
les tirer de leur effroi. »
    Mais l’enterrement de Le Peletier bouleverse les patriotes.
    Lucile Desmoulins confie :
    « J’ai vu ce malheureux Saint-Fargeau. Nous avons fondu
toutes en larmes lorsque le corps est passé, nous lui avons jeté une couronne… Je
ne pouvais rester seule et supporter les terribles pensées qui allaient m’assiéger.
Je courus chez Danton, il fut attendri de me voir encore pâmée. »
    Les Jacobins craignent que les « aristocrates », et
ceux qu’ils soudoient ou entraînent, ne les assassinent et ne préparent un
assaut contre les sans-culottes et la Convention.
    Robespierre accuse le ministre de l’intérieur, le Girondin
Roland, d’avoir partie liée avec les aristocrates.
    Et Roland démissionne, mais le procès des Girondins continue.
    N’ont-ils pas, au cours du procès du roi, tenté d’en appeler
au jugement du peuple, puis évoqué le
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