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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens !
Autoren: Max Gallo
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extraordinaire
nommé bientôt « Tribunal révolutionnaire ».
    On se souvient des massacres de Septembre, et Danton s’écrie :
    « Le salut du peuple exige de grands moyens, des
mesures terribles… Profitons des fautes de nos prédécesseurs. Faisons ce que n’a
pas fait l’Assemblée législative. Soyons terribles, pour dispenser le peuple de
l’être. »
     
    Les « délégations » mandatées par les
quarante-huit sections de Paris se succèdent à la tribune de la Convention.
    Elles font toutes la leçon aux députés, s’inquiètent de la
situation aux frontières, des victoires des Autrichiens, de la retraite des
troupes de Dumouriez, et une fois encore, ces « sectionnaires »
redoutent la trahison du général, reprenant ainsi les accusations de Marat.
    « Nous venons sans crainte de vous déplaire jeter la
lumière sur vos erreurs et vous montrer la vérité », lance un sans-culotte
aux députés.
    Puis, inspiré par l’abbé Jacques Roux, par Varlet, par les
Enragés, l’orateur des sections répète :
    « Citoyens législateurs, ce n’est pas assez d’avoir
déclaré que nous sommes républicains français, il faut encore que le peuple
soit heureux, il faut qu’il ait du pain, car où il n’y a pas de pain, il n’y a
plus de loi, plus de liberté, plus de république. »
     
    Danton intervient, veut éviter l’affrontement entre ceux qui
possèdent et ceux qui sont démunis, tous patriotes, tous républicains !
    « Que les propriétaires ne s’alarment pas, dit-il. La
nation toujours juste respectera les propriétés. Respectez la misère et la
misère respectera l’opulence ! Ne soyons jamais coupables envers le
malheureux et le malheureux qui a plus d’âme que le riche ne sera jamais
coupable ! »
    La Convention l’acclame. Les députés votent l’abolition de
la contrainte par corps.
     
    Mais le soir, les femmes aux premiers rangs des manifestants
envahissent les tribunes des Jacobins, stigmatisent cette « société pleine
d’accapareurs », ovationnent les noms des Enragés, Jacques Roux, Varlet.
    La hausse des denrées, la peur de l’étranger, de ces troupes
autrichiennes qui ont réoccupé Aix-la-Chapelle et Liège, la crainte d’un
complot aristocratique, se nouent pour accroître la tension.
    On pille. On saccage les imprimeries des journaux girondins,
dans la nuit du 9 au 10 mars, les Enragés tentent de former un comité d’insurrection.
    Les citoyens patriotes et modérés s’indignent.
    « Le défaut d’ordre a fait tout le mal, affirme le
libraire Ruault. Comment quatre ou cinq mille femmes des faubourgs, quelques
hommes, des petites filles, des petits garçons, auraient-ils pu forcer seize ou
dix-huit cents boutiques à livrer la chandelle à douze sous, le sucre à
vingt-cinq, le café à quinze, le savon à dix-huit, si la force publique les eût
devancés d’une heure ou deux ?… La municipalité dit, pour s’excuser, que
ce désordre a été fomenté par l’étranger. Je n’en crois rien du tout. Il n’est
pas besoin de l’étranger pour ravager Paris… »
    Et la voix de cet homme patriote, sage et cultivé, devient
rageuse, menaçante, tant le besoin d’ordre et la peur de l’anarchie sont grands.
    « Il y a dans Paris, cette grande ville, trop de
gredins, trop de femmes mégères, de malheureux que la misère poursuit soit par
leur faute, soit par la faute du gouvernement, si on ne les réprime point, si
la municipalité les laisse faire : sinon on sera forcé de les tuer comme
des voleurs de grands chemins, il n’y aura pas d’autres moyens d’assurer les
propriétés. »
     
    Au même moment, dans tout l’Ouest de la France, plus de cent
paroisses, du Maine-et-Loire, de la Vendée à la Loire-Inférieure entrent en
insurrection, apprenant que la Convention réclame des hommes en vertu de la
levée de trois cent mille hommes qui doivent se porter aux frontières.
    Les paysans s’arment, se dressent contre ces « bourgeois »
des villes, ces « républicains » accapareurs, ces « sans-Dieu »
qui ont persécuté les « vrais » prêtres et soutenu les abbés
constitutionnels.
    La violence se déchaîne. On frappe. On tue. On crucifie même.
On massacre.
    À Machecoul, dimanche 10 mars, c’est le carnage. Il y aura
près de six cents tués. On extermine les patriotes de toute la région. Les
prisonniers attachés à une longue corde et formant « chapelet » sont
menés le long des douves du château,
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