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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée
Autoren: Bernard Cornwell
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d’Haesten.
    Mais à présent, tout changeait. Erik, ayant vu
ce qui se passait à l’embouchure, au lieu d’embarquer sur un bateau, menait ses
hommes jusqu’au navire barrière échoué, puis sautait à bord de l’ Aigle-des-Mers pour renforcer le mur de Finan. Et ils n’étaient pas de trop, car les premiers
navires d’Haesten étaient enfin venus au secours de leur seigneur tandis que d’autres
prenaient d’assaut le Dragon-Voyageur. Ce fut le chaos. Voyant faire les
hommes d’Erik, ceux de Sigefrid le suivirent, et Sigefrid lui-même se fit
porter à bord d’un navire qu’il lança à l’embouchure. Tous se battaient contre
tous. Je me souviens d’avoir pensé que c’était comme les batailles qui nous
attendent dans le château d’Odin, cette éternité de joie où les guerriers
combattent tout le jour et ressuscitent pour boire, faire ripaille puis aimer
leurs femmes toute la nuit.
    Durant un bref instant de répit entre deux
assauts, j’aperçus Æthelflæd. Accroupie sous la plate-forme du Dragon-Voyageur, elle contemplait l’amas de morts et de lames enchevêtrés devant elle, mais
nulle peur ne se peignait sur son visage. Elle enlaçait deux servantes et
regardait, les yeux écarquillés. Ces dernières heures n’avaient été que feu, sang
et mort. Haesten, nous l’apprîmes plus tard, avait ordonné d’incendier le
château de Sigefrid et profité du chaos pour attaquer les gardes placés par
Erik devant les appartements d’Æthelflæd. Elle avait été enlevée et emmenée sur
le Dragon-Voyageur. Cela avait été bien mené : le plan habile et
brutal aurait pu réussir si l’ Aigle-des-Mers n’avait attendu devant l’embouchure.
Et à présent, des centaines d’hommes combattaient, chacun sans savoir qui était
son ennemi, mais ils se battaient parce que le combat était leur joie.
    — Tuez-les ! Tuez-les ! hurlait
Haesten pour encourager ses guerriers.
    Il lui suffisait de tuer nos hommes et ceux d’Erik
pour avoir enfin la voie libre, mais derrière lui arrivait rapidement le navire
de Sigefrid, qui emboutit la proue de l’ Aigle-des-Mers à l’endroit où se
dressait le mur des hommes d’Haesten, qui s’affalèrent sous le choc. Sigefrid
manqua d’être renversé, mais il se redressa, revêtu de sa cape en peau d’ours, épée
à la main, et défia ses ennemis de venir tâter de sa lame, Donneuse-d’Effroi.
    Les hommes de Sigefrid se jetèrent dans la
bataille, tandis qu’Erik, hirsute et lame au poing, avait déjà sauté à bord du Dragon-Voyageur et se frayait à coups d’épée un chemin vers Æthelflæd. Le
sort de la bataille tournait. L’arrivée d’Erik et de ses hommes ainsi que le
choc du navire de Sigefrid avaient contraint les gens d’Haesten à la défensive.
    Les rescapés de l’ Aigle-des-Mers furent
les premiers à renoncer. Je les vis se hâter de gagner le Dragon-Voyageur et je crus qu’ils fuyaient Sigefrid, mais je m’aperçus que mon navire sombrait.
Sous le choc, sa coque avait été fracassée.
    — Tuez-les ! hurlait Erik.
    Et tous, nous nous élançâmes, repoussant nos
adversaires qui ripostèrent par une pluie de coups sur nos boucliers. Une hache
siffla au-dessus de ma tête et me manqua, car au même instant le Dragon-Voyageur vacilla : la marée l’avait soulevé de la vase et nous
étions de nouveau à flot.
    — Aux rames ! criai-je.
    — Aux rames ! hurla Ralla sur mon
navire.
    Je songeai que c’était de la folie de vouloir
faire avancer un bateau qui sombrait, mais Ralla n’était pas fou. L’ Aigle-des-Mers sombrait, mais le Dragon-Voyageur flottait et sa proue pointait vers l’estuaire
ouvert. Seulement, la moitié de ses avirons étaient brisés et Ralla cherchait à
monter à son bord avec ses propres rames afin de s’en emparer.
    Sur le Dragon-Voyageur, la bataille
faisait toujours rage. Les hommes de Sigefrid étaient montés à bord et s’attaquaient
à ceux d’Haesten, que mes compagnons et l’équipage d’Erik repoussaient. Erik n’avait
pas de bouclier, seulement sa longue épée, et il dut frôler la mort une dizaine
de fois. Mais les dieux lui souriaient, alors qu’Haesten et son équipage
étaient pris en tenaille.
    — Haesten ! ordonnai-je. Viens
affronter la mort.
    Il me vit et resta ébahi, mais j’ignore s’il m’entendit.
Le Dragon-Voyageur était à flot, mais l’eau était si basse que sa coque
raclait le fond. Haesten sauta par-dessus bord, suivi de ses hommes, et
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