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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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application et un zèle tels que, outre six mille dollars en
espèces diverses et variées, il vola aussi reçus, lettres de voiture et titres
non négociables, ainsi qu’un indicateur de l’U. S. Express. Jesse soupesa
ensuite le sac, puis, dépité, examina le magot à la lueur de la lanterne.
    « Y a pas cent mille dollars là-dedans, Dick. »
    Dick regarda à son tour dans le sac.
    « Je suis drôlement déçu », reconnut-il.
    Bob Ford était debout au-dessus du machiniste
et du chauffeur quand Jesse sauta du wagon et encouragea du bout de son
revolver le convoyeur et le chef bagagiste à faire de même. Du sang avait coulé
dans l’œil droit de Henry Fox, si bien qu’il n’entrevit Bob que du gauche quand
il tituba jusqu’au talus et s’affala dans l’herbe.
    Bob considéra la blessure avec une certaine
panique ; Fox confessa aux cheminots qu’il avait une épouvantable migraine ;
Jesse s’éloigna en compagnie de Charley et Dick et indiqua à Bob qu’ils
allaient faire le tour des voitures.
    « S’il y en a un qui moufte, colles-y un
jeton sur le carafon : c’est la seule langue qu’ils comprennent. »
    Au même moment, Frank
James avait déjà gravi les marches à l’arrière de la voiture pour dames après s’être
rattrapé à la poignée de porte en cuivre lorsqu’une douleur lui avait
transpercé la poitrine. Ed Miller et Clarence Hite étaient montés à sa suite et
c’était Miller qui avait pénétré le premier dans la voiture après avoir ouvert
la porte d’un coup de pied, un sac de farine percé de deux trous pour les yeux
sur la tête, son fusil de chasse à canon scié braqué droit devant lui à la
hauteur de sa poche droite. D’après les témoignages, il se serait alors écrié :
« Mains en l’air, enfants de putains ! », avant d’expédier une
taloche dans la gueule d’un passager afin d’étayer son propos.
    Puis Frank James était entré d’un pas lent
dans son manteau gris, son foulard jaune sur la bouche, colossal bien que
malade, malveillant. Face à lui, une trentaine d’hommes tremblaient de peur, cillaient
ou le fixaient avec des yeux sévères et accusateurs, cependant que leurs
épouses se recroquevillaient derrière eux. Il évaluait au bas mot à une
vingtaine le nombre de pistolets parmi les voyageurs. Il s’engagea dans l’allée
centrale avec la majesté du prince consort de la reine Victoria, faisant sonner
ses bottes sur le plancher en chêne, toisant les investisseurs ou les
vacanciers les plus récalcitrants, effleurant ici un bouton, là un col du canon
du Remington .44 Frontier qu’il devait remettre au gouverneur Crittenden moins
d’un an et un mois plus tard.
    « Y a-t-il parmi vous des pasteurs ? »
articula-t-il d’une voix forte.
    Nul ne leva la main.
    « Des veuves ? »
    Certains froncèrent les sourcils, curieux.
    « Nous ne détroussons ni les pasteurs ni
les veuves », clarifia-t-il.
    Quatre mains se dressèrent.
    « Non, non, c’est trop tard. »
    Ayant ainsi dompté toute velléité de rébellion,
Frank adressa un signe de tête derrière lui et un Clarence Hite voûté, tassé, émacié,
bondit dans la voiture, un Colt Navy calibre .36 dans sa main droite qui
paraissait chétive par comparaison, quêtant de ses yeux noisette fuyants l’approbation
de son cousin à chacune de ses actions. Il enfonça son revolver dans le ventre
d’un passager vêtu d’un manteau vert qui lui descendait jusqu’aux genoux et
vociféra : « Je suis Jesse James ! Aboule le blé, sale bâtard ! »
    L’homme tâtonna à l’intérieur de son manteau
et tendit à Clarence une enveloppe usée qui contenait soixante-quinze dollars, ainsi
qu’une montre anglaise en or qui s’avéra sonner l’heure avec une exactitude
rigoureuse en toute circonstance, quoi que magouillât alors Clarence. Le cousin
de Jesse repoussa le passager aux cheveux gris et brandit gaiement montre et
enveloppe en direction de Frank. Celui-ci remonta l’allée et escamota la
marchandise à l’intérieur de sa chemise, puis Ed Miller, Clarence Hite et l’infâme
Frank James dévalisèrent le reste de la voiture, raflant pêle-mêle pièces, billets,
montres, bracelets, bagues, épingles de cravate et pendentifs.
    Jesse, Charley et Dick, qui arrivaient du
wagon de l’U. S. Express situé juste derrière la locomotive et le tender, montèrent
les marches à l’avant de la voiture fumeurs, s’aperçurent qu’elle était vide et
traversèrent
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