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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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tout cas, Lady Madeleine, quand vous tuez, non seulement vous piétinez des vies, mais, en plus, vous entrez dans d’autres complots, d’autres projets. Cantrone se moquait comme d’une guigne de la relique. Lui et Lord Henry étaient impliqués dans d’autres stratagèmes, fort périlleux pour lui. Cantrone désirait juste s’enfuir. Son protecteur était mort et les Français voulaient lui mettre la main dessus. Il lui fallait de l’or et de l’argent, n’est-ce pas ? Ce n’est pas vous qui l’avez envoyé quérir. Il est venu au prieuré en exigeant de vous voir. Il a fait allusion à la relique et a insisté pour que vous achetiez son silence. De l’or, de l’argent et il partirait, ce qui mettrait un point final à cette affaire. C’est vraiment ce qu’il voulait, mais vous ne l’avez pas cru.
    — Mais j’étais céans quand il est reparti !
    — Non, Lady Madeleine, vous êtes rusée. Vous l’avez sans doute payé, puis vous vous êtes souvenue de la petite soeur Fidelis. Elle vous servirait d’excuse et de raison à sa visite. Vous avez fait croire que vous l’aviez envoyé chercher, ce à quoi Cantrone ne s’opposa point. Il s’en étonna un peu, mais, dit Corbett en haussant les épaules, que lui importait ? Ou vous lui avez offert de quoi se restaurer ? Le manoir d’Ashdown était sens dessus dessous après la mort de Lord Henry. Serviteurs et valets quittaient les lieux. Cantrone devait avoir faim. Vous avez ordonné qu’on le conduise aux cuisines et qu’on lui donne à manger. Pendant ce temps, vous avez une fois encore quitté le prieuré, comme vous l’avez fait avec moi. Ashdown, surtout pour un étranger, est un piège mortel. Il n’existe qu’une route pour sortir du manoir. Moi, Cantrone, Françoise Sourtillon, devions suivre cette chaussée ou nous perdre entre les arbres.
    «Avant qu’il n’y arrive, vous l’attendiez. Une autre flèche dans la gorge. Vous enlevez son escarcelle et sa sacoche. C’était un homme mince et léger ; vous le jetez en travers de sa selle, l’emmenez au fond des bois et le dissimulez dans un marais.
    Corbett se leva et jeta un coup d’oeil dans l’église où il nota que Ranulf était toujours installé au pied d’un pilier.
    — Finalement, Madame, nous en venons à une mort, à un meurtre qui n’aurait jamais dû se produire ! Celui de Robert Verlian !

 
    CHAPITRE XVI
    — Sa mort, ou plutôt celle de la personne que vous vouliez tuer en réalité, reprit le magistrat, était la plus rapide et la plus facile à organiser. Vous êtes allée à la maison du prêtre, avez frappé à l’huis et vous êtes abritée en toute hâte à l’ombre des arbres, à quelques mètres seulement. Vous pensiez que frère Cosmas était chez lui. Vous aviez remarqué de la lumière à la fenêtre. Le prêtre ouvrirait ; vous lâcheriez une flèche et le tour serait joué. Ce que vous ignoriez c’était que frère Cosmas était absent, qu’il était allé rendre visite à son ami Odo.
    Corbett s’assit près de la prieure.
    — Saviez-vous que l’ermite était le Hibou ?
    — Comment ?
    Pour la première fois depuis le début de l’interrogatoire du magistrat, Lady Madeleine eut l’air sincèrement surprise.
    — Oh, oui, il haïssait votre frère autant que vous le faisiez. Un péché ancien, lové comme un serpent venimeux. Le fruit des désirs libidineux de Lord Henry et de son indifférence envers autrui.
    — Pourquoi aurais-je tué un franciscain ? s’enquit-elle d’un ton sec.
    — Revenons à la mort de Françoise Sourtillon.
    Vous l’avez tuée, avez enterré son corps et avez cru que c’était la fin de l’affaire. Il est vrai que la tombe n’était que peu profonde. Le cadavre pouvait être exhumé un jour, mais on considérerait sans chercher plus loin que c’était la victime d’une attaque de bandit, voire même de l’infâme Hibou. C’est votre générosité qui a éveillé mes premiers soupçons. Lady Madeleine, vous êtes peut-être consacrée au Christ, mais, pour être franc, vous mettez peu en pratique son enseignement. Vous êtes enfermée dans votre paradis privé en laissant avec soin à la porte les hommes et les violences de la vie. Et pourtant vous avez sur-le-champ proposé d’ensevelir le cadavre d’une étrangère. Pourquoi ?
    — C’était faire oeuvre de miséricorde. C’est l’un des actes de compassion de notre congrégation.
    — Vous ne comprenez point le sens de ce
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