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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque
Autoren: Paul C. Doherty
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mot ! s’exclama Corbett avec rudesse. Vous avez enterré son corps pour vous en débarrasser, pour le cacher dans le sol aussi vite que possible. S’il s’était agi de n’importe quel autre cadavre, vous l’auriez envoyé à St Oswald-sous-les-Arbres pour qu’on le mette dans la fosse commune. Je me suis étonné que la grande Lady Madeleine prenne des mesures aussi rapides et aussi charitables. Vous êtes restée éloignée du cadavre, mais avez fait une enquête minutieuse. Et peut-être est-ce là que la main de Dieu s’est fait sentir : car vous vous êtes terriblement inquiétée des raisons pour lesquelles votre victime avait été abandonnée à l’huis du prieuré. Quelqu’un vous soupçonnait-il ? Avait-on surpris votre attaque contre la pauvre Françoise ? Était-ce destiné à vous le rappeler ? Puis, et c’est une série de coïncidences, n’importe quel autre jour vous auriez pu croire que c’était votre frère et l’une de ses subtiles ruses pour réveiller votre mémoire. Ce matin-là, ce ne pouvait être le cas, car il se préparait pour la grande chasse dans laquelle il serait tué plus tard.
    — Vraiment ? dit-elle avec une pointe d’humour.
    — Vous vous êtes rendue au dépositoire où l’on avait placé le corps vêtu d’une robe de religieuse et avez examiné avec grande attention le manteau dans lequel il était enveloppé quand on l’avait déposé devant la poterne. Je parierais un tonneau de vin que vous avez reconnu ce vêtement, l’un de ceux que votre prieuré avait donnés à frère Cosmas.
    — Et où est cette chape ? interrogea la prieure en levant les sourcils.
    — Oh, Madame, je suis sûr qu’elle a disparu à présent ! Vous avez, peut-être, identifié le point de couture et en avez conclu en bonne logique que c’est frère Cosmas qui avait apporté le corps. Ce que vous ignoriez c’est que le franciscain, à son tour, avait remis la chape à l’ermite, Odo, qui s’avère être le Hibou. Odo était venu à Ashdown pour se venger de Lord Henry.
    — C’est donc lui qui a découvert le corps ? demanda Lady Madeleine à voix basse.
    — Oui, c’est lui et il l’a avoué. Il n’a pas voulu l’emporter à St Oswald-sous-les-Arbres pour éviter les soupçons. Et comme il s’agissait d’une femme, il l’a laissé au prieuré.
    Lady Madeleine se leva brusquement. Corbett porta avec vivacité la main à son poignard. Elle se dirigea vers le reliquaire de chêne, mais resta à distance des armes de Ranulf posées dessus. Elle caressa un instant le bois sombre et ciré. Puis, le contournant, elle fixa le magistrat droit dans les yeux.
    — C’est un beau lieu saint, Corbett, observa-t-elle. Et j’en suis la gardienne et la prieure. Personne ne peut y être témoin de ce que je dis.
    — Sauf Dieu, tous ses saints et les puissances divines.
    — Auquel cas, Messire, ils connaissent déjà le tréfonds de mon coeur !
    Elle s’appuya contre le reliquaire, un petit sourire aux lèvres.
    — Or donc, Messire, vous êtes venu en ce sanctuaire pour porter de graves accusations à mon encontre, moi qui suis l’un des guides spirituels de notre sainte mère l’Église. Mais quelles preuves avez-vous ? Où sont les témoins ? Où sont les documents ? Comment pouvez-vous prouver que j’ai quitté le prieuré pour aller commettre des assassinats dans la forêt ?
    — J’ai fort peu d’arguments, Madame. Et je l’affirme depuis le début. Mais il y a une certaine logique là-dedans. Vous vouliez que votre frère meure. Vous deviez tuer Françoise. Il fallait faire taire Cantrone et le meurtre de Verlian fut l’oeuvre des détours de votre tortueux esprit retors !
    Lady Madeleine recula comme si le magistrat l’avait souffletée.
    — Comment osez-vous ! siffla-t-elle. Comment osez-vous venir parader ici !
    — Vous êtes un véritable démon !
    Corbett s’empara de l’épée et du poignard et les écarta.
    — Vous êtes un démon, Lady Madeleine, habillé en ange. Dieu seul sait ce que vous adorez céans, mais ce n’est pas Lui. Vous parlez de preuve. Je pourrais en chercher. Où est la chape qui revêtait le corps de Françoise ? Voulez-vous que nous fassions appeler soeur Veronica ? Je suis certain qu’elle constatera qu’elle a disparu et se demandera pourquoi. Ou soeur Fidelis ? Ou les autres nonnes ? Nous finirons probablement par établir qui a envoyé quérir Cantrone.
    Il s’interrompit.
    — Lequel, parmi
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