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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France
Autoren: Max Gallo
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camps politiques, oubliant que la France les transcende.
    « Je suis pour la France, disait de Gaulle en 1965 quand on l'accusait d'être le candidat de la droite. La France, c'est tout à la fois, c'est tous les Français. Ce n'est pas la gauche, la France ! Ce n'est pas la droite, la France ! Prétendre représenter la France au nom d'une fraction, c'est une erreur nationale impardonnable ! »
    Pour ne pas la commettre, il faut vouloir que la France se prolonge en tant que nation une et indivisible, et non en un conglomérat de communautés, d'ethnies, de régions, de partis politiques.
    Mais les élites de ce pays ont-elles ce désir d'unité nationale alors que, de concessions aux communautés en confessions et en repentances, elles déconstruisent l'histoire de ce pays ?
    Certes, il faut en finir avec la légende qui fait de l'histoire française une suite d'actions héroïques dictées par le souci du bien de l'humanité !
    Pour autant, la France n'est pas une ogresse dévorant les peuples – et d'abord le sien !
    En fait, on ne peut bâtir l'avenir de la nation sans assumer toute son histoire.

    Elle s'est élaborée touche après touche, au long des millénaires, comme ces paysages que l'homme « humanise » terroir après terroir, village après village, labour après labour, modelant l'espace en une sorte de vaste jardin organisé « à la française ».
    Et c'est ainsi, d'événement en événement, de périodes sombres en moments éclatants, que s'est constituée l' âme de la France .

    On peut l'appeler, avec Braudel, « la problématique centrale » de notre histoire. « Elle est, écrit-il, un résidu, un amalgame, des additions, des mélanges, un processus, un combat contre soi-même destiné à se perpétuer. S'il s'interrompait, tout s'écroulerait. »
    C'est la question qui est posée en ce début du xxi e  siècle à la nation : « Voulons-nous nous perpétuer ? »
    Nos élites le veulent-elles, partagent-elles encore la réflexion de Renan selon laquelle « tous les siècles d'une même nation sont les feuillets d'un même livre. Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé » ?

    Mais qui s'exprime ainsi aujourd'hui ?
    Le mot de nation , même s'il est à nouveau employé, est encore suspect. On évoque le pays, les régions, les provinces, l'Europe ou le monde. Rarement la patrie, mot tombé en désuétude.
    Et quand quelqu'un ose parler de patriotisme, de patriotes, on ricane ou bien on le soupçonne d'être un extrémiste de droite.
    La notion d'identité de la France fait même question, alors que Braudel en avait fait l'une de ses références.
    « Une nation, écrivait-il, ne peut être qu'au prix de se chercher elle-même sans fin, de se transformer dans le sens de son évolution logique, de s'opposer à autrui sans défaillance, de s'identifier au meilleur, à l'essentiel de soi, conséquemment de se reconnaître au vu d'images de marque, de mots de passe connus des initiés (que ceux-ci soient une élite ou la masse entière du pays, ce qui n'est pas toujours le cas). Se connaître à mille tests, croyances, discours, alibis, vaste inconscient sans rivages, obscures confluences, idéologies, mythes, fantasmes... »

    Ainsi s'est constituée, s'est maintenue, s'est déployée au cours de notre histoire l'âme de la France.
    Mais les présidents qui se sont succédé depuis trente ans, au lieu de se soucier d'elle, ont préféré parler des Français, leurs électeurs...
    Adieu la France, ont-ils tous lancé avec plus ou moins de nostalgie.
    Le premier jugeait que la France, ne représentant plus que 1% de la population mondiale, devait se fondre dans la communauté européenne.
    Le deuxième concédait qu'elle était encore notre patrie, mais que son avenir s'appelait l'Europe.
    Le troisième l'invitait à la repentance perpétuelle.

    L'alibi de nos trois présidents – et de nos élites – était que les Français se moquaient de la France, cette vieillerie !
    Les citoyens, prétendait-on, se souciaient du régime de leur retraite, de leur emploi. Ils voulaient qu'on les protège, que les hommes politiques les débarrassent du carcan « centralisé » de l'État et choisissent la proximité, la région, non les grandes ambitions nationales.
    On a donc remisé dans les caves et les greniers Jeanne d'Arc, la Sainte Pucelle, et le drapeau tricolore, nationaliste, Napoléon l'esclavagiste et La
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