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L'âme de la France

L'âme de la France

Titel: L'âme de la France
Autoren: Max Gallo
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démocratie représentative, ou bien actes révélant les nouvelles ruptures de la société française ?
    « J'ai vu, témoigne un photographe, des jeunes se faire lyncher avec une violence inouïe. Je n'avais jamais encore été confronté à de telles scènes à Paris, à des jeunes capables de faire preuve gratuitement d'une incroyable violence. »
    En octobre-novembre 2006, des autobus ont été incendiés en Ile-de-France, dans le Nord et l'Est, à Marseille. Des policiers ont été attaqués.
    Pour maîtriser et calmer de telles tensions, les mots et les sourires charmeurs ne suffiront pas.
    L'élu(e) de la nation à la présidence de la République au printemps 2007 devra passer aux actes.
    Or les Français ont beaucoup appris depuis trente ans.
    Ils éliront « elle » ou « lui », mais ils ne se contenteront pas de postures avantageuses, d'habiletés, de générosités affichées.
    Ils ont fait l'expérience et l'inventaire du style mitterrandien et des gesticulations chiraquiennes.
    L'un était un président roué se complaisant dans les liaisons dangereuses, séducteur tout en arabesques et en hypocrites indignations de façade.
    L'autre, un bateleur dressant son étalage sur les grands boulevards, retenant un instant les badauds par son insolente esbroufe.
    Avec de tels acteurs, les Français ont beaucoup appris sur le théâtre politique, ses jeux de rôle et ses simulacres.
    Seuls quelques compères et les croyants applaudissent aux promesses des nouveaux candidats.
    Le vrai public partagé entre le scepticisme et l'espoir observe et attend.
    Certes, une femme élue présidente peut renouveler le répertoire, mais on exigera d'elle plus que de la compassion ou de la séduction : des résultats !

    Or les promesses seront d'autant plus difficiles à tenir que, pour être élus, les candidates et les candidats à la présidence de la République ou aux élections législatives auront d'abord divisé les Français, accusant leurs rivaux d'être responsables des maux qui frappent le pays.
    Le coupable, ce n'est pas moi, c'est l'autre, c'est la droite – ou c'est la gauche !
    Mais de grand guignol en farces, d'alternances en cohabitations, les Français savent que l'un vaut l'autre.
    Et en 2005, au moment du référendum sur le traité constitutionnel européen, quand les acteurs cessent d'interpréter la pièce Gauche-Droite , renoncent aux mimiques de leurs oppositions pour inviter les Français à voter oui , ceux-ci saccagent le théâtre en scandant non  !

    Les Français ne se contentent donc plus des tours de passe-passe des prestidigitateurs. Ils n'attendent plus qu'on sorte du chapeau un lapin blanc.
    Leur vie est difficile. Les conflits et la violence, le fanatisme, sont une réalité. L'horizon est obscurci par des risques majeurs.
    Que faire ?
    Il faudrait aux dirigeants le courage de dire et surtout d'agir. Car la « moraline » ne suffit pas.

    Ils devraient savoir où conduit le « lâche soulagement », comme disait Léon Blum au lendemain de Munich, en 1938.
    Fin, honnête, le leader du Front populaire voulait la paix, refusait l'« excitation du patriotisme » (septembre 1936), critiquait ceux qui croyaient la guerre inéluctable.
    Esthète sensible, il détournait la tête pour ne pas voir les dangers.
    C'est laid et brutal, la guerre.
    Mais l'illusion s'est fracassée contre le réel.
    Blum a été déporté par les nazis.
    Des centaines de milliers de Français qui avaient défilé en clamant qu'ils voulaient le pain , la paix , la liberté , ont moisi quatre années dans les camps de prisonniers en Allemagne, victimes de dirigeants qui avaient préféré leur dire ce qu'ils voulaient entendre, que le temps était aux congés payés – mérités –, et non à la mobilisation et à la préparation à la guerre.
    Elle eut lieu.
    Et les parlementaires élus en 1936 dans l'« embellie » du Front populaire votèrent le 10 juillet 1940, à Vichy, la mort de la République. Seuls 80 d'entre eux s'y refusèrent.

    Cette étrange défaite , le « plus atroce effondrement de notre histoire » (Marc Bloch), peut se reproduire.
    Point n'est besoin d'une invasion étrangère.
    Il suffit que, face à une crise intérieure avivée par une tension internationale, la lâcheté, le désir de rassurer, l'emportent sur le courage et la volonté.
    Or la nation ne peut plus se permettre de dépendre des stratégies de carrière de dirigeants soucieux de rassembler leurs
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