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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange
Autoren: Arlette Cousture
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fossé. C’est Micheline qui s’en extirpa, pour sortir ensuite des tonnes de
paquets du coffre. Sans même jeter un regard en direction de l’étang gelé, elle
posa le tout devant la porte et retourna à sa voiture.
    Élise s’était immobilisée et Wilson la
regardait, dans l’attente d’une indication quelconque sur ce qu’il devait
faire. Il avait vainement tenté de la faire fléchir et réfléchir.
    – Ça fait des années, Élise. Je ne
voudrais pas être arrogant, parce que j’aime ta perfection, mais elle n’est pas
donnée à tous…
    – Tu es arrogant, et ne parle pas comme
ça, Wilson. Ça n’a rien à voir avec moi.
    – Justement ! C’est bête de te
priver de ta sœur parce qu’elle a la morale élastique comme une trampoline sur
laquelle elle aime sauter une fois de temps en temps…
    – Ce n’est quand même pas sur une
trampoline qu’elle a sauté, cette fois-là !
    Près de cinq mois s’étaient écoulés depuis la
dernière fois que les sœurs s’étaient vues. Micheline avait d’abord logé des
appels, demeurés sans réponse. En revanche, elle s’occupait toujours du divorce
de Wilson, ce qui leur avait permis de reconduire Blanche et Napoléon à
l’aéroport sans risquer de se croiser, puisqu’ils s’étaient entendus à
l’avance. Micheline avait aussi utilisé les services de Wilson pour expédier
les cadeaux de Noël des petites.
    Wilson regardait donc Élise, attendant un
signe pour retenir Micheline. Le signe ne vint pas et Micheline partit comme
elle était venue, en dérapant sur la glace. À peine une minute s’était écoulée
qu’ils entendirent un terrible bruit de tôle froissée et de verre brisé. Élise
cria « Micheline ! » et partit à la hâte vers la route, Wilson
la devançant de peu, tandis que Jacqueline demeurait derrière avec les enfants.
    La voiture de Micheline avait capoté et
déboulé dans une petite rivière gelée, et ils ne pouvaient la voir. Ils
descendirent donc la pente, en se tenant aux branches. Élise pleurait en
suppliant Wilson de retourner la voiture à l’endroit.
    – Elle est peut-être coincée en dessous,
Wilson ! Vite ! Il faudrait pas qu’elle meure écrasée ou noyée !
Vite, bon Dieu !
    Ils forcèrent à deux et la voiture bougea
enfin un peu.
    – C’est pas nécessaire de vous donner un
tour de reins… Je suis ici.
    Ils se retournèrent et aperçurent Micheline
debout derrière un arbre. Wilson courut vers elle pour l’examiner.
    – Retourne à la maison, mon bel ami. Je
veux parler à ma sœur.
    – Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
    – Rien. J’ai simplement lancé la voiture
vide dans le ravin.
    – Tu veux dire que tu l’as fait
exprès ?
    Élise regardait sa sœur en hochant la tête. Du
plus profond de ses fibres, sa sœur défendrait toujours ses causes.
    – Évidemment ! Il fallait que je
sache si j’étais encore ta sœur, Élise.
    Wilson, comprenant le stratagème de Micheline,
se laissa tomber sur la neige en hurlant de rire. Élise regarda sa sœur, puis
Wilson, puis sa sœur encore. Elle s’essuya ensuite les yeux et donna un coup de
poing sur l’épaule de sa sœur.
    – Maudite niaiseuse, Micheline ! Ton
auto ?
    – Mon auto est stationnée à deux milles
d’ici, au garage. Ça, c’est une minoune avec des pneus aux fesses, que j’ai
payée cinquante dollars, plus dix, j’imagine, pour l’expédier à la casse. J’ai
gamblé, Élise.
    – Tu voulais me faire de la peine ?
Tu voulais que je pleure à cause de toi parce que tu penses que je l’ai pas
assez fait ?
    – Oui, c’est ce que je voulais, puis ça a
marché. Vivre sans sœur, moi, j’aime pas ça.
    – Tu t’es dit que si t’étais morte dans
un accident de voiture, je m’en serais voulu de ma rancune jusqu’à la fin de
mes jours ?
    – Je me suis aussi dit que t’as raison de
m’en vouloir jusqu’à la fin de tes jours. Mais c’est pas de l’enfer que
j’aurais pu plaider ma cause, Élise.
    Micheline se planta devant sa sœur, dans
l’attente de son verdict. Wilson avait cessé de rire et il s’était mis en route
vers la patinoire. Élise, calmée après son émoi, refusait de soutenir le regard
de sa sœur.
    – Je voudrais, Élise, que tu me gifles et
que tu m’engueules. Je peux plus supporter ton silence.
    – J’ai pas envie de jouer ton jeu,
Micheline. Tu arrives ici et tu me fais une peur atroce en simulant un
accident. C’est écœurant, ça, quand on
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