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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange
Autoren: Arlette Cousture
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jumeaux, ils tentaient
tous d’attirer leur attention. Élise eut soudain un serrement au cœur en
pensant à l’inquiétude de sa mère, qui devait être sur le point de se mettre en
route pour l’église. Elle avait certainement téléphoné à L’Avenir et Côme
n’avait pas entendu la sonnerie, ivre de douleur et d’alcool, ou bien il avait
décidé de ne pas répondre, connaissant la raison de l’appel. Tant pis pour les
fleurs. Non… Dommage pour les fleurs.
    Lorsqu’elle entra dans la sacristie, Élise
entendit des éclats de voix mêlés à des soupirs de soulagement. Elle ne vit pas
sa mère et elle ne vit pas Napoléon. Elle vit les fleurs, puis, parmi les
visages maintenant sans sourire, elle reconnut Micheline. Laissant les menottes
des filles, toujours en pyjama, elle se dirigea vers sa sœur, qui n’eut pas le
temps de dire un mot. Le son d’une gifle envoyée avec désespoir retentit dans
la sacristie. Élise se retourna, aperçut l’air catastrophé de sa mère et celui,
choqué, de Napoléon. Elle se dirigea vers eux et étreignit sa mère en lui
murmurant à l’oreille qu’elle avait de bonnes raisons d’avoir agi ainsi. Puis
elle embrassa Napoléon. « Père Napoléon, lui dit-elle, ma mère est
chanceuse d’avoir retrouvé son âme. » Elle reprit ses filles par la main
et disparut par où elle était venue. Wilson Philippe haussa les épaules et la
suivit.
    En sortant de l’église, Élise poussa un cri. À
la porte se tenait Conrad Ballard, plus chauve, plus gris, plus carié que jamais.
Les petites pleurèrent, troublées par son énervement.
    – Oh ! la belle petite mère !
Je savais que tu profiterais du mariage de ta mère pour venir me voir… J’ai
pensé que tu serais intéressée à savoir qu’un peu plus et j’allais aux
Olympiques de Munich !
    – Aux Jeux ?
    – Ouais, au lancer du marteau ! Le
marteau, c’est moi ! Puis j’aurais pu me lancer le marteau jusqu’au mur de
Berlin !
    Satisfait de sa blague, Conrad éclata de rire.
Élise s’était accroupie pour consoler ses petites, qui s’arrachaient sa jupe.
    – Deux petites pareilles !
    Elle avait saisi qu’il était fou, fou de rage,
fou d’elle, fou à lier, et que cette folie n’était pas douce.
    – Oui, puis regarde-les bien, parce que
je veux plus te voir, Conrad Ballard. On a cassé, ça fait des années ! Tu
t’en souviens pas ? J’imagine que t’es marié, maintenant…
    Elle vit se déformer les traits de Conrad et
reconnut la main de Wilson, posée sur son épaule.
    – Oh ! tu t’es pris un bouncer au Black Bottom  ? Pas laid ! Hé ! Fais-tu du pumping
iron  ?
    Wilson se frotta les jointures tandis qu’Élise
ne relâchait pas la prise qu’elle avait sur les mains des petites.
    – Non. Je fais de la boxe. Et toi ?
    – Lancer du marteau ! Regarde-moi
bien faire…
    Conrad tourna sur lui-même comme s’il tenait
effectivement un marteau, un pied calé et plus reculé que l’autre, puis,
feignant d’être tiré par un poids, il disparut en direction de l’avenue
Laurier, triste illuminé que les piétons s’écartèrent pour laisser passer.
Wilson se pencha pour prendre Violaine tandis qu’Élise s’emparait de Viviane.
    – Nous avons quitté Côme.
    – C’est ce que j’ai compris.

– 39 –
     
     
    Élise aurait souhaité attendre un peu, mais sa
faim de bonheur était si grande qu’elle chercha une petite maison à la
campagne, moins éloignée de Montréal, mais suffisamment pour s’y sentir en
visite.
    – J’ai pensé à des moutons pour l’agneau,
à du soja ou carrément à une ferme maraîchère, quitte à embaucher du personnel
saisonnier pour en assurer le roulement. J’aimerais trouver une fermette de
rêve où les enfants auraient du plaisir en été et une patinoire en hiver.
    – Sur un beau petit étang, j’imagine…
    – Évidemment, Wilson.
    Pas une seule fois Wilson n’avait mis en doute
sa capacité de gérer cette ferme, ce qui lui avait donné des ailes. Ils
s’étaient soudés en cœur comme deux libellules, mais tous deux désiraient
attendre que la poussière soit retombée, et surtout, comme disait Wilson,
qu’Élise se soit refait une bonne peau moins fragile et moins rose sur ses
blessures.
    – Crois-en ton médecin, cette peau-là,
une fois refaite, sera encore plus solide.
    – Mais, Wilson, ma peau va très bien. Ce
qui est difficile à refaire, ce sont mes pensées.
    À son grand étonnement, ce
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