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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
Autoren: JACQUES GERNET
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nature
économique et sociale. L’impression d’ordre et
de prospérité que présente la Chine du Sud au
milieu du XIII e siècle est un trompe-l’œil qui
cache l’appauvrissement continu et tragique de
l’Etat, la misère et la désaffection des campagnes, les luttes de factions à l’intérieur de la
classe dirigeante. L’édifice est fragile : il cédera
à la première poussée vigoureuse des Barbares.
    Mais, en dépit de sa fragilité, il est impressionnant. Au XIII e siècle, la Chine amputée de ses
provinces du Nord est encore un très grand
empire. De la province la plus occidentale, le
Sichuan, jusqu’aux plaines du bas Yangzi, il
s’étend sur plus de deux mille kilomètres et, des
côtes sud aux frontières du nord, sur plus de
mille. Sa superficie totale atteint presque trois
millions de kilomètres carrés, soit à peu près six
fois la France d’aujourd’hui. La population estsupérieure à soixante millions d’habitants 1 – chiffre énorme pour l’époque et d’autant plus
étonnant que les régions montagneuses qui
couvrent les trois quarts de cette Chine sont
presque désertes – et elle se trouve concentrée
dans deux régions de plus forte densité : le bassin de Chengdu au Sichuan occidental et les
plaines de la basse vallée du Yangzi (provinces
actuelles du Jiangsu et du Zhejiang). Le Yangzi,
navigable jusqu’aux riches plaines de la région
de Chengdu que l’on gagne par un affluent de ce
grand fleuve, constitue la principale artère commerciale de la Chine du Sud. La partie orientale
de l’empire est traversée par des canaux qui
relient entre elles les grandes villes et sur lesquels le trafic est ininterrompu de jour et de
nuit. Une flotte innombrable de bateaux de
cabotage maintient en liaison les grosses agglomérations des côtes du Sud-Est et du Sud jusqu’à Canton tandis que de grandes jonques de
haute mer font chaque année, à la mousson, l’allée et venue entre la Chine et les grandes îles de
l’Extrême-Orient, l’Inde et le Moyen-Orient.
Dans l’intérieur, à la jonction des routes nord-sud et du cours du Yangzi, se sont développés de
grands marchés permanents où le volume destransactions est sans commune mesure avec
celui des plus gros centres commerciaux de
l’Europe à la même époque.
    La Chine du XIII e siècle frappe par son modernisme : par son économie exclusivement monétaire, sa monnaie de papier, le développement
des effets de commerce, le volume des échanges
entre régions, l’importance de son commerce
extérieur (soieries et porcelaines), la spécialisation de ses productions régionales. Une grande
partie du commerce est entre les mains d’un Etat
omniprésent qui tire le plus gros de ses revenus
d’un système de régies et d’impositions indirectes. Dans le domaine de la vie sociale, des
arts, des distractions, des institutions et des
techniques, la Chine est sans conteste le pays du
monde le plus évolué à cette époque. Elle est en
droit de penser que le reste de l’univers n’est
peuplé que de Barbares.
     
    Voilà définies certaines raisons de notre
choix : l’invasion mongole a mis un terme à une
période de rapides progrès qui annonce déjà en
Chine les temps modernes. Cette période fut
marquée par un développement extraordinaire
des centres urbains et des activités commerciales. En moins d’un siècle, la population de
Hangzhou a doublé et dépasse sans doute largement le demi-million en 1275. Mais cette croissance n’est pas particulière à la capitale. Enportant principalement l’attention sur la vie
urbaine, nous n’avons fait ici que souligner un
des caractères les plus originaux de l’époque.
    D’autres motifs ont décidé de notre choix
dans l’espace et dans le temps. Sans doute, les
documents archéologiques de l’époque des Song
sont rares et d’un faible secours. En dehors des
céramiques, dont la production avait été très
importante aux XII e et XIII e siècles et dont il reste
aujourd’hui d’innombrables spécimens, seuls
subsistent quelques petits objets tels que bijoux
de femmes, coupes en verre, coffrets ou vases
laqués, oreillers de faïence peinte, pièces de
monnaie de cuivre… Aucun monument de l’architecture n’a résisté, car les matériaux de la
construction chinoise sont légers et périssables.
Ce sont principalement les peintures qui peuvent
fournir des détails intéressants sur la vie quotidienne. Les peintres de l’époque des
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