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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux
Autoren: J. M. Auel
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qu’il
était toujours vivant. Mais la mort de Creb était si récente...
    La douleur qu’elle avait gardée au fond d’elle-même depuis le
tremblement de terre qui avait tué le vieux magicien resurgit soudain.
« Creb... Oh, Creb ! cria-t-elle. Pourquoi es-tu retourné dans la
caverne ? Pourquoi fallait-il que tu meures ? »
    Éclatant en sanglots, elle enfouit son visage dans la fourrure
de son sac, puis elle poussa un gémissement aigu, venu du plus profond
d’elle-même. Elle se mit alors à se balancer d’avant en arrière et son
gémissement se transforma en une lamentation funèbre qui exprimait son
angoisse, son chagrin, son désespoir. Mais il n’y avait personne pour se
lamenter avec elle et partager son chagrin. Elle était seule avec sa peine et
elle pleurait sur sa propre solitude.
    Quand ses sanglots et ses gémissements se calmèrent, elle était
épuisée, mais comme délivrée. Au bout d’un moment, elle s’approcha de l’eau et
se rafraîchit le visage. Puis elle rangea son sac de guérisseuse dans le panier
sans en vérifier le contenu qu’elle connaissait parfaitement. La douleur
qu’elle avait éprouvée un peu plus tôt avait maintenant fait place à la colère.
Broud ne me fera pas mourir ! dit-elle en jetant rageusement son bâton à
fouir.
    Puis elle respira à fond et s’approcha à nouveau de son panier.
Après y avoir rangé sa drille à feu, sa sole en bois et la corne d’aurochs,
elle fouilla dans un des replis de son vêtement et en sortit quelques outils en
silex. Dans un autre repli se trouvait un caillou rond qu’elle lança en l’air
avant de le rattraper dans le creux de sa main. A condition d’avoir la bonne
taille, n’importe quel caillou pouvait être projeté avec une fronde. Mais le
tir était bien plus précis lorsqu’on utilisait des projectiles ronds et lisses.
Ayla en avait toujours quelques-uns d’avance et elle décida que mieux valait
les garder.
    Ensuite, elle prit sa fronde, une bande en peau de daim, renflée
au milieu pour servir de logement à une pierre et dont les longues extrémités
effilées étaient entortillées par l’usage, et la posa à côté des cailloux. Puis
elle défit la longue lanière en cuir qui retenait son vêtement en peau de
chamois. Cette lanière était enroulée autour d’elle de manière à faire des plis
à l’intérieur desquels elle transportait toutes sortes de choses et quand elle
l’eut dénouée, la peau de chamois tomba sur le sol. Elle ne portait plus qu’un
petit sac suspendu par un cordon autour de son cou – son amulette.
Quand elle passa le cordon par-dessus sa tête, elle frissonna : sans
amulette, elle se sentait vulnérable. Pour se rassurer, elle toucha du doigt
les petits objets durs placés au fond du sac.
    Tout était là, tout ce qu’elle possédait, tout ce dont elle
avait besoin pour rester en vie – auquel il fallait ajouter :
l’intelligence, le savoir, l’habileté, l’expérience, la détermination et le
courage.
    Elle déposa son amulette, sa fronde et ses outils à l’intérieur
de son vêtement en peau, replia celui-ci et le rangea à l’intérieur du panier.
Puis elle enveloppa le panier dans la peau d’ours, attacha le tout à l’aide de
la lanière en cuir et, après avoir empaqueté son baluchon dans la peau
d’aurochs, elle le fixa à l’arrière du tronc fourchu en se servant de la tige
de clématite.
    Pendant un court instant, elle contempla le large fleuve et la
berge opposée qui semblait si lointaine. Elle recouvrit son feu de sable, eut,
une rapide pensée pour son totem et poussa le tronc d’arbre dans l’eau, en aval
de l’arbre mort. Après quoi elle se logea entre les deux branches et, s’y
agrippant solidement, lança son radeau dans le courant.
    L’eau du fleuve, chargée de la fonte des neiges, était glaciale
et Ayla se mit à haleter, le corps engourdi. Le courant était puissant et il
entraînait le tronc, bien décidé, semblait-il, à l’emmener jusqu’à la mer.
L’arbre tanguait, mais ne se retournait pas grâce aux deux branches qui
l’équilibraient. Ayla luttait contre le courant en agitant frénétiquement les
pieds pour se frayer un chemin dans cette masse d’eau tourbillonnante. Ses
efforts finirent par être récompensés : elle réussit à virer de bord et
commença à se diriger vers la rive opposée.
    Elle poussait le tronc en travers du courant, sa progression
était mortellement lente et chaque fois qu’elle
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