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La Vallée des chevaux

La Vallée des chevaux

Titel: La Vallée des chevaux
Autoren: J. M. Auel
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sur les rochers, des clams, des bernicles et des
flaques pleines d’anémones de mer. Elle accéléra aussitôt l’allure.
    Le soleil était presque au zénith lorsqu’elle arriva dans la
baie formée par la côte sud du continent et l’extrémité nord-ouest de la
péninsule. Elle avait enfin atteint le large goulet qui reliait l’un à l’autre.
    Après s’être débarrassée de son panier, Ayla escalada une
falaise qui dominait le paysage environnant. Au pied de la paroi se trouvaient
de gros rochers arrachés par le ressac. Des hirondelles de mer et des mergules [1] nichaient en haut de l’éperon rocheux et, quand elle ramassa leurs œufs, les
oiseaux poussèrent des cris perçants. Elle en goba quelques-uns, encore tièdes
de la chaleur du nid, et fourra les autres dans un repli de son vêtement. Puis
elle redescendit vers le rivage.
    Elle retira alors ses chausses et pénétra dans l’eau pour y
rincer les moules légèrement sableuses qu’elle venait de ramasser sur les
rochers. Quand, penchée sur une flaque laissée par la marée descendante, elle
avança la main pour arracher des anémones de mer, celles-ci replièrent leurs
tentacules chatoyants qui ressemblaient à des pétales de fleur. Leur forme et
leur couleur lui étant inconnues, elle préféra terminer son repas avec des
clams qu’elle dénicha en fouillant dans le sable à un endroit où une légère
dépression trahissait leur présence.
    Rassasiée par les œufs et les coquillages, la jeune femme se
reposa un moment sur le rivage, puis elle escalada à nouveau la falaise. Arrivée
en haut, elle s’assit, les genoux entre les mains, respirant à pleins poumons
l’air du large.
    D’où elle était, elle apercevait parfaitement le doux arc de
cercle que traçait en direction de l’ouest la côte sud du continent. A peine
masqué par un étroit rideau d’arbres, elle voyait aussi le vaste pays des
steppes qui ressemblait en tout point aux froides prairies de la péninsule.
Nulle part il n’y avait trace de vie humaine.
    Me voilà arrivée sur le continent, se dit-elle, cette terre
immense qui se trouve au-delà de la péninsule. Et où dois-je aller maintenant,
Iza ? Tu m’as dit que c’était ici que vivaient les Autres. Mais je ne vois
personne.
    Ayla se souvenait parfaitement des paroles prononcées par Iza la
nuit où elle était morte, trois ans auparavant :
    — Tu n’appartiens pas au Clan, lui avait rappelé la
guérisseuse. Tu es née chez les Autres. Tu dois partir et retrouver les tiens.
    — Partir ! Mais où irais-je, Iza ? Je ne connais
pas les Autres et je ne saurais même pas où les chercher.
    — Dirige-toi vers le nord, lui avait alors conseillé Iza,
vers les vastes terres qui se trouvent au-delà de la péninsule : c’est là
que vivent les Autres. Va-t’en, Ayla ! avait-elle ajouté. Trouve ton
peuple et ton compagnon.
    Ayla n’était pas partie au moment où Iza le lui avait conseillé
car elle ne s’en sentait pas capable. Mais maintenant, elle n’avait plus le choix :
elle était seule au monde et devait trouver les Autres. Il lui était impossible
de revenir sur ses pas et elle savait qu’elle ne reverrait jamais son fils.
    A la pensée de Durc, ses joues se mouillèrent de larmes. Depuis
qu’elle avait quitté le Clan, il avait fallu qu’elle se batte pour rester en
vie et avoir du chagrin était un luxe qu’elle ne pouvait pas se permettre. Mais
maintenant qu’elle avait commencé à pleurer, elle ne pouvait plus s’arrêter.
    Elle versa des larmes sur les membres du Clan qu’elle avait
laissés derrière elle et sur Iza, la seule mère dont elle eût gardé le
souvenir. Elle pleura en pensant à la solitude qui était la sienne et aux
dangers qui l’attendaient dans ce pays inconnu. En revanche, elle fut incapable
de verser des larmes sur Creb, l’homme qui l’avait considérée comme sa propre
fille. La blessure était trop fraîche : il était trop tôt pour qu’elle
puisse affronter le fait que Creb était mort, lui aussi.
    Quand ses larmes cessèrent de couler, Ayla se rendit compte
qu’elle avait les yeux fixés sur les vagues qui déferlaient au pied de la
falaise avant de venir mourir autour des rochers déchiquetés.
    Ce serait tellement facile, songea-t-elle.
    Non ! ajouta-t-elle aussitôt en hochant vigoureusement la
tête. Je lui ai dit qu’il pouvait prendre mon fils, m’obliger à partir et
lancer sur moi la Malédiction Suprême, mais que jamais il ne
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