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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres
Autoren: Paul C. Doherty
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Grimstone,
fouillerons votre maison, surtout la petite écurie, derrière. Nous y chercherons
les chiffons bourrés de paille qui servaient à assourdir le bruit des sabots de
votre monture. Et, bien entendu, nous reviendrons à Robert Bellen, dit Corbett
en frappant la corde de la cloche.
    Le magistrat se leva.
    — Je tiendrai tribunal dans cette église.
Je suis porteur du sceau royal. Et j’appellerai les morts pour qu’ils vous
accusent. La nef sera bondée ! Vous êtes un assassin, Burghesh. Vous
méritez la mort.
    Burghesh s’adossa à la porte et examina le clerc
de sous ses lourdes paupières.
    — Sorrel vous traitait de belette. Quel est
le compte exact de vos victimes ? Combien de tombes secrètes y a-t-il
autour de Melford ? Furrell et sa femme en ont découvert quelques-unes :
ce braconnier était votre Némésis. Savez-vous ce que cela signifie ?
    Son interlocuteur se contenta de ricaner.
    — C’est le jugement de Dieu, expliqua
Corbett. Je pense que Furrell a rapporté le triptyque d’Ipswich pour Sir Roger
et qu’il s’en est souvenu après la pendaison du pauvre homme. Il est évident
que Furrell vous soupçonnait. Il a inventé une chanson évoquant celui qui était
entre l’ange et le démon et faisait référence au triptyque de Chapeleys.
    — C’était un écervelé d’ivrogne !
    — C’était un écervelé fort sagace !
Pour citer les Écritures, Maître Burghesh, la folie de l’homme est souvent la
sagesse de Dieu. Vous avez aussi écarté Sorrel en tant que vagabonde mais, à
mon arrivée, vous avez changé d’avis. Vous avez compris qu’elle en savait
peut-être beaucoup : c’est pour cela que vous êtes allé à Beauchamp pour
la supprimer. Vous m’auriez volontiers tué aussi avec ce bout de corde tendu en
travers du pont. Une vieille ruse de braconnier ou, dans votre cas, de vieux
soldat ! J’ai vu des archers royaux user de ce même artifice pour faire
tomber des cavaliers. Oh, oui, ajouta Corbett en regardant Burghesh avec
attention, vous vous êtes faufilé hors de Melford et, si je n’avais pas été à
Beauchamp, Sorrel aurait disparu. Où l’auriez-vous inhumée, elle ? Vous
attiriez quelques-unes de vos victimes dans les bois, derrière votre maison,
et, comme avec Furrell, les ensevelissiez dans le cimetière.
    Corbett avança d’un pas.
    — Allons dans l’église, Burghesh. La nef
doit être pleine de fantômes réclamant la justice divine. Ils vous accuseront,
vous livreront au châtiment, dans cette vie et la prochaine.
    Burghesh arracha sa dague à son fourreau.
    — Qu’allez-vous faire ? interrogea
Corbett. Tuer le clerc du roi ?
    Il prit son propre poignard.
    — Je ne m’appelle point Elizabeth. Je ne
suis pas une douce jouvencelle terrifiée !
    — Non, en effet ! gronda Burghesh.
Vous êtes un clerc rusé. Vous ignorez ce que c’est que d’avoir des démons qui
cognent dans la cervelle. Vous avez raison sur un point : il est si aisé
de sortir de Melford et...
    Avant que le magistrat ait pu l’en empêcher, Burghesh
avait franchi la porte et l’avait verrouillée. Le magistrat entendit le bruit d’une
brève lutte et descendit. L’huis fut déverrouillé et ouvert à la volée. Ranulf
était sur le seuil, la pointe de son épée sous la gorge du tueur.
    — Où étais-tu ? gronda Corbett.
    — A votre recherche.
    Ranulf ne quittait pas son captif des yeux. Il
enfonça un peu son arme, obligeant Burghesh à le regarder.
    — Je n’ai pas pu trouver cet homme, mais me
suis souvenu de ce que vous aviez dit à propos du clocher. J’ai écouté un
moment à la porte, en saisissant vos phrases. Voilà donc ce que nous avons
capturé !
    — Attache-lui les mains ! ordonna
Corbett. Puis, quand ce sera fait, sonne la cloche !
    Ranulf s’exécuta. Corbett alla chercher la
chaire du chœur et la mit devant le jubé. Le père Grimstone, bouleversé, s’avançait
avec difficulté. Corbett signifia à Repton, quand il arriva, de le raccompagner
chez lui et de l’y enfermer. En un clin d’œil la nef fut pleine de gens qui
accouraient de la place du marché. Corbett se fit apporter le registre des
décès. Il expliqua ce qu’il voulait faire et apaisa les clameurs.
    — Est-ce vrai ? s’exclama Repton.
Maître Burghesh est en état d’arrestation ? Lui et Sir Louis Tressilyian ?
    — Oui, répondit Corbett. Mais il me faut de
nouvelles preuves.
    Il éleva la voix pour couvrir les murmures.
    — Nous devons
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