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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution
Autoren: Nicolas Bouchard
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surtout comment démasquer ce fameux Philosophe
inconnu ?
    Découragé, il fit signe à
Lepoulet et à Duglas déjà bien éméchés :
    — Venez, vous deux, le citoyen
Vadier nous a donné un travail ; vous savez ce qui arrive lorsqu’il n’est
pas satisfait.
    Ils ramassèrent leurs piques et
le suivirent sans plus de discussion.
    La prison de la Petite Force
n’était pas très loin de la rue des Ménétriers. Au départ, on y enfermait les
femmes, les hommes bénéficiant du confort très relatif de la prison de la
Grande Force, au coin de la rue du Roi-de-Sicile, mais les geôles conventionnelles
se remplissant au fur et à mesure que l’on appréhendait de nouveaux ennemis de
la Révolution, des détenus des deux sexes s’y trouvaient entassés.
    Les trois hommes parvinrent rue
Pavée. La présence d’une prison, surtout fréquentée par des aristocrates,
expliquait la présence d’un grand nombre de commerces divers qui allaient des
victuailles ordinaires jusqu’aux libraires et même aux perruquiers. La vie et
les affaires continuaient donc à un rythme trépidant, ponctué par les convois
chargés de condamnés qu’on menait place de Grève. Les deux porteurs d’ordres se
frayèrent un chemin dans la foule, tandis que Sénart, les jambes encore
flageolantes sous son haut bicorne, tentait de faire bonne figure.
    — Que veux-tu, citoyen ?
    Un groupe de gendarmes, plutôt
débraillés et qui passaient leurs longues journées à boire et à perdre aux dés
des montagnes d’assignats sans valeur, gardaient le grand portail édifié par
l’architecte Desmaison.
    Sénart montra le document signé
de la main de Vadier, ce qui provoqua un certain effet.
    — Quel détenu veux-tu
voir ?
    Et le gendarme rajouta avec un
petit rire :
    — À moins qu’on ne l’ait envoyé
au rasoir républicain aujourd’hui !
    — Je veux voir M lle  Lenormand.
    Les gendarmes se regardèrent
les uns les autres, surpris :
    — Alors, ça y est, voilà que le
Comité de sûreté générale a besoin d’elle, lui aussi !
    — Mais que fait-elle donc,
cette femme ? À quelle activité s’est-elle livrée pour être enfermée
ici ?
    Le sergent dévisagea le jeune
homme avec une expression ébahie.
    — Ça alors ! Tu n’es donc
pas au courant ? Tout Paris pourtant la connaît.
    — Réponds-moi, qui
est-elle ? Il faut que je la voie.
    L’homme eut un sourire
goguenard.
    — Je suis sûr qu’elle sait déjà
que tu vas venir ! Vois-tu, la ci-devant Lenormand est une sorte de
sorcière, ou plutôt de voyante comme certains disent, ou de médium aussi.
Toujours est-il qu’elle voit l’avenir, ça c’est sûr.
     

3
            
    Lepoulet et Duglas étaient
restés avec les autres gardiens et buvaient à la santé de Robespierre et de la
Grande Faucheuse nationale qui débarrassait la Révolution de ses ennemis. Le sergent
continuait ses explications tout en conduisant son visiteur à travers les
dédales de la prison, encombrés de détenus appartenant à toutes les classes
sociales, certains présentant un aspect particulièrement miséreux, d’autres
semblant sortir d’un bal à l’Opéra.
    — La Lenormand n’est pas une
fille comme les autres, pour sûr. Elle voit l’avenir avec son jeu de cartes. Si
j’avais été comme ces satanés dévots  – que l’Être suprême abatte leurs
maudites idoles ! -, j’aurais crié à la sorcellerie, mais nous sommes à un
âge de raison. Elle prétend que sa méthode est scientifique, ma foi, je n’en
sais rien. Toujours est-il qu’elle avait prévu la mort du citoyen Marat et
celle de Danton aussi.
    — Mais alors, pourquoi l’a-t-on
mise en prison ?
    Le sergent lui renvoya un
regard rusé :
    — Je ne le sais pas, d’ailleurs
cela ne me regarde pas. Mais on dit qu’un jour le citoyen Robespierre est venu
lui rendre visite. Personne ne sait ce qu’elle lui a dit mais, depuis, la belle
est enfermée ici, c’est tout ce que je sais. Ah ! Nous arrivons.
    Le quartier de la prison où ils
entraient était plus spacieux et confortable. Moins de détenus y étaient
entassés et on y apercevait de plus beaux costumes. Au lieu des grandes couches
communes qui pouvaient accueillir jusqu’à vingt prisonniers, on avait édifié un
grand nombre de petites stalles en bois qui garantissaient aux pensionnaires
des lieux une relative intimité.
    — La Lenormand est là, indiqua
le sergent en désignant une des stalles.
    — Depuis combien de
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