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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution
Autoren: Nicolas Bouchard
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bourreaux.
     
    Le jeune homme entra dans la
cour du n° 5 où il avait vécu quelques journées marquantes et y poussa la
porte.
    Un huissier en noir
l’aborda :
    — Bonjour, monsieur, vous avez
rendez-vous avec la Sibylle ?
    Il secoua la tête.
    — Non, dites-lui que
Gabriel-Jérôme veut la voir.
    L’homme lui jeta un regard
désapprobateur mais obtempéra :
    — Si vous voulez bien vous
asseoir.
    Il prit le fauteuil réservé aux
visiteurs et attendit.
    Cela ne dura pas longtemps.
Elle entra, vêtue d’une de ces robes à l’anglaise presque indécente mais noire,
s’accordant parfaitement à la couronne de laurier qui lui ceignait le front.
    — Gabriel ! Tu es venu, je
suis si contente ! J’ai eu si peur pour toi.
    Elle se précipita vers lui mais
il ne se leva pas.
    — Bonjour, Marie-Adélaïde, tu
as l’air d’aller bien.
    — Oui, je vais très bien !
s’exclama-t-elle surprise par sa froideur, mais toi ? Tu es recherché,
n’est-ce pas ?
    — Tu sais très bien que je ne
cours aucun risque, du moins pour l’instant.
    Elle s’arrêta dans son élan et
son sourire disparut :
    — Que veux-tu dire ?
    — Que tu savais que je serais
libre et que j’allais venir te voir aujourd’hui.
    — Que veux-tu dire ? Tu me
dis cela sur un ton de reproche. D’accord, j’en avais une idée, mais tu ne vas
tout de même pas m’en vouloir de savoir…
    — Je ne te reproche pas de
connaître l’avenir, je te reproche de m’avoir menti.
    Elle se mordit la lèvre
inférieure comme pour réfléchir. Finalement, elle prit le tabouret à trois
pieds en face du fauteuil de son visiteur et s’assit.
    — D’accord, je ne t’ai
peut-être pas tout dit, mais c’était dans ton intérêt…
    Il éleva la voix :
    — Dans mon intérêt ! S’il
te plaît, ne me prends pas pour un demeuré. Dans toute cette affaire tu m’as
aidé, secondé. Sans toi, je ne serais sans doute arrivé à rien. Mais il n’est
pas possible que tu n’aies pas été au courant à l’avance de tout ce qui allait
arriver. En fait, je pense même… non, je ne pense pas, j’en suis persuadé, que
tu étais de mèche avec Vadier dès le premier jour. Voilà pourquoi tu savais que
j’allais venir te voir. Vadier m’a choisi pour mon manque de sens pratique, mon
caractère qu’il jugeait impressionnable, malléable, et mon indéfectible
loyauté.
    — C’est vraiment ce que tu
penses ?
    — Oui, sans aucun doute.
    — Mais, pourquoi aurais-je fait
cela ?
    Ils étaient comme deux
étrangers maintenant, s’affrontant du regard.
    — Ce que vous cherchiez n’était
pas le monstre qui tuait impunément dans Paris.
    Elle lui jetait un œil noir,
chargé de défi.
    — Non, ce que vous vouliez,
continua-t-il, c’était discréditer Robespierre. Il suffisait de dévoiler les
mystères de la mère de Dieu, de le lier à l’affaire par des courriers
fabriqués, de la faire apparaître à ses côtés le jour de la fête de l’Être suprême.
Il était ami avec Gerle, raison pour laquelle il lui a délivré un certificat de
civisme… Pour le reste, il ne savait rien et n’aurait certainement pas voulu
jouer le rôle de Messie que cette organisation secrète lui réservait. Un
complot pour le ridiculiser, voilà ce que vous avez entrepris.
    Il se leva, s’échauffant de
plus en plus au fur et à mesure qu’il parlait :
    — Un complot à la tête de
l’État, et moi, naïvement, j’ai été assez bête pour ne rien comprendre. Vous m’avez
traité comme un pion ! Voilà ce que je peux comprendre de la part de
Vadier, c’est bien dans sa nature. Mais toi… Quel intérêt y as-tu trouvé ?
Il te menaçait ?
    Elle fit non de la tête.
    — Il n’en a pas eu besoin. J’ai
immédiatement souscrit à son projet.
    — Mais pourquoi, alors,
pourquoi ?
    Elle plongea les yeux dans les
siens avec un regard crâneur.
    — Tu ne comprendrais sans doute
pas.
    — Je veux savoir.
    Elle haussa les épaules.
    — Très bien, alors écoute.
Après tout, qu’ai-je à faire que tu me croies ou non ? Je suis royaliste,
Gabriel. Une fervente royaliste. Je ne pense pas que le peuple puisse gouverner
un pays. Aucun argument ne me convaincra du contraire. C’est comme cela et tu
n’y pourras rien changer avec tes sermons républicains. Robespierre était pour
moi le plus grand ennemi des partisans de la monarchie, car il était
intelligent, résolu et idéaliste. De plus, le peuple l’admirait, le vénérait.
La commune
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