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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution
Autoren: Nicolas Bouchard
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verrou derrière eux.
    — Peut-être que cela ne
l’arrêtera qu’un instant, mais j’aurai essayé !
    Ils se retrouvaient dans la
première pièce. Celle où était exposé le cavalier de l’Apocalypse. Il
ressemblait à s’y méprendre à leur poursuivant. Sauf que ce dernier était bel
et bien vivant !
    — La sortie est là.
    De l’autre côté, ils aperçurent
la porte vitrée qui s’ouvrait sur la cour. Un rayon de lune éclairait
faiblement la pièce.
    Ils coururent jusque là-bas
tandis qu’une nouvelle fois un fracas se fit entendre : la double porte
volait en éclats sous les assauts du monstre. Sénart se retourna : il vit
Abaddon traverser la travée en trois bonds, heurter le cavalier de l’Apocalypse
qui s’écroula, fracassant au passage une autre préparation, et s’élancer dans
leur direction. La cour s’étendait devant eux mais là, en terrain découvert,
ils ne pourraient le distancer. Sénart se remémora le mort de la rue des
Ménétriers et ceux de la loge maçonnique et ses yeux tombèrent sur la jeune
fille qui courait à ses côtés. Elle tourna la tête et leurs regards se
rencontrèrent.
    — Non, lui dit-elle simplement.
    Il faillit s’arrêter, surpris.
Elle lisait ses pensées ! Elle avait su qu’il projetait de la tuer de ses
mains pour lui éviter l’étreinte affreuse d’Abaddon qui martyrisait ses
victimes avant de les faire mourir. Comme un garnement s’amuse à arracher les
ailes des mouches ou les pattes des sauterelles.
    — Qu’est-ce qui se passe ?
Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?
    Le concierge accourait à leur
rencontre. Il portait un fusil à la main.
    Sénart prit juste la peine de
lui lancer :
    — Derrière, prenez garde !
Tirez ! À la tête ou au cœur !
    Et ils continuèrent leur course
folle. Derrière eux, le bonhomme émit un cri étouffé, il y eut un coup de feu
mais bientôt le concierge poussa un hurlement qui se finit en affreux gargouillement.
On entendit un bruit. Sans doute la créature jetait-elle le cadavre au loin.
    Enfin, ils étaient à la grille.
Elle n’était pas fermée. Ils la franchirent et la tirèrent derrière eux,
espérant que la chose ne connaissait rien aux serrures.
    La place pavée s’ouvrait devant
eux et, un peu plus loin, ils aperçurent la haute silhouette du pont de Charenton
qui se découpait dans la nuit.
    Marie-Adélaïde commençait à
faiblir : elle n’était pas habituée à courir ainsi et se tenait la
poitrine.
    — Encore un effort, lui
souffla-t-il.
    — Tu veux franchir le
pont ?
    Il lui renvoya un bref sourire.
    — Non, j’espère que tu sais
nager.
    — J’ai appris en prévision de
ce jour !
    Il la prit par le bras et
l’aida. Il ne restait que quelques dizaines de pas. Un coup d’œil par-dessus
son épaule lui apprit que le monstre passait par-dessus la grille et retombait
lourdement sur le pavé. Il se rétablit très vite et continua à les poursuivre.
    — Viens !
    La berge était juste devant
eux. À leurs pieds s’étendait l’eau noire de la Marne.
    — Accroche-toi à moi !
    Et, une seconde plus tard, elle
poussait un cri en plongeant brusquement dans l’eau glacée. Elle crut qu’elle
ne pourrait jamais respirer. Comment l’eau pouvait-elle être aussi
froide ?
    — Marie-Adélaïde ! Je suis
là…
    Il l’aidait à garder la tête à
la surface alors que sa robe, gorgée d’eau, l’entraînait vers les profondeurs.
    — Où… où est-il ?
    — Là, regarde !
    Le monstre se tenait sur la
berge et les examinait de ses gigantesques yeux globuleux. Il trépignait sur
place, comme si l’eau lui faisait peur. Il poussa un long hurlement aussi
terrifiant que celui de l’amphithéâtre.
    — Qu’est-ce qu’on fait
maintenant ?
    Sénart se débarrassa comme il
put de sa veste. Il soutenait la jeune femme.
    — Viens, nous allons traverser.
    — Mais, je sais à peine
nager !
    — Je vais t’aider. De toute
façon, nous ne pouvons pas sortir.
    Elle s’accrocha désespérément à
lui et c’est avec les plus grandes difficultés qu’ils commencèrent la
traversée.
    — Nous nous accrocherons aux
piles du pont et il y a des îles, regarde.
    — Que fait-il ?
    — Je ne sais pas !
    Pendant qu’ils nageaient, le
monstre resta un long moment à les regarder. Dans l’obscurité, seuls ses yeux
immenses brillaient. Brusquement, il poussa un nouveau cri et courut vers le
pont. À la faveur d’un rayon de lune à travers les nuages, il venait de
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