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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution
Autoren: Nicolas Bouchard
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la mort à Paris ces dernières semaines. Au contraire, il évoqua la fin de
ces réunions mystiques grâce à l’intervention providentielle des agents de son
Comité. Comme s’ils avaient arrêté qui que ce soit à part Gerle, la Théos et
quelques illuminés !
    Pour finir, Vadier présenta son
projet de décret à la Convention :
    — La Convention nationale,
après avoir entendu le rapport de ses Comités de sûreté générale et de salut
public, décrète ce qui suit : dom Gerle, ex-chartreux, ex-député à
l’Assemblée constituante, et Catherine Théos, se déclarant la mère de Dieu
[suivait une liste de prétendus complices] seront traduits au Tribunal
révolutionnaire pour y être jugés sur les faits de conspiration dont ils sont
prévenus. Charge l’accusateur public devant ledit Tribunal, de rechercher, poursuivre
tout autre auteur ou instigateur de ladite conspiration. L’insertion du présent
décret au bulletin tient lieu de publication.
    Et Fragonard ? Pourquoi
n’en parlait-il pas ? Et le meurtre de la rue des Ménétriers ? Et le
rôle de Marie-Adélaïde, pourquoi le passer sous silence ?
    Sénart commença à comprendre
lorsque, en sortant de la grande salle de l’amphithéâtre, à la porte qui
donnait sur la terrasse des Feuillants, il croisa deux députés du Marais :
    — Eh oui, mon vieux, lis un peu
cela, c’est à mourir de rire !
    — Quoi, encore plus que le
rapport de Vadier ?
    — C’est une lettre de la Théos
à qui tu sais. Écoute ! Fils de l’Être suprême, Verbe éternel, Messie
désigné par les prophètes, tu as été, oint du Seigneur, vengeur céleste,
renversant les idoles de pierre et de bois, et lançant la foudre au milieu des
éclairs, sur les titans orgueilleux, sur la partie enragée de la Nation… »
Il y en a des pages comme cela. Et le croiras-tu ? J’ai là un certificat
de civisme qu’il a délivré à ce cagot de Gerle. Cela ne fait plus aucun
doute ! Ce n’est pas un nouveau Brutus que nous avons élevé dans notre
sein, c’est un nouveau César !
    Sénart intervint :
    — Dis-moi, citoyen, puis-je
savoir qui t’a remis ces documents ?
    L’homme le regarda avec
circonspection.
    — Hum… Je crois qu’il n’y a
plus guère de danger à le dire maintenant. C’est Vadier et Barère. Tu peux
aller leur demander une copie si tu veux. Ils n’en sont guère avares.
    Vadier et Barère… Ils étaient
donc alliés. Il n’avait rien vu. Le secrétaire rédacteur n’avait plus qu’à se
retirer de l’enceinte du Palais national qu’on appelait autrefois les Tuileries
pour retrouver son bureau du Comité de sûreté générale et écrire de nouveaux
rapports qu’on ne lirait pas ou qu’on déformerait. Il avait enfin compris quel
pion il avait été dans cette gigantesque machination.
    Et il ne pouvait rien faire.

20
            
    L’affaire Catherine Théos fit
grand bruit, d’autant que, sans se justifier, Robespierre fit tout son possible
pour en étouffer les effets et éviter la mort pour la mère Catherine, pour dom
Gerle et pour les autres. Vadier dévoila son jeu, le traitant publiquement de
dictateur. Il décida donc de ne plus siéger au Comité de salut public, laissant
le champ libre à ses adversaires.
    Le 8 thermidor, voulant en
appeler à la Convention nationale, Robespierre commit sa plus grande
erreur : il proféra nombre de menaces à peine voilées contre les membres
du Comité de sûreté générale. Ceux-ci se dépêchèrent de s’allier avec les députés
du Marais, leur promettant la fin de la Terreur.
    Le 9 thermidor, journée
terrible, Robespierre paraissant à la Convention, y fut empêché de parler par
le tumulte. Mieux, on vota son arrestation à main levée.
    Malgré l’opposition farouche de
la commune de Paris, le 10 thermidor, il fut conduit à l’échafaud, lui dont la
rigueur de la politique y avait mené tant de monde. Paris et toute la France
respiraient enfin.
     
    Sénart connaissait bien le
chemin qui menait à la rue de Tournon. Depuis des semaines, il attendait de
pouvoir y retourner. Car, après cette séance mémorable où l’affaire Théos avait
éclaté au grand jour, il savait qu’il retrouverait Marie-Adélaïde là-bas, dès
que Robespierre tomberait, ce qui ne devait plus demander trop de temps. Il
marchait, le chapeau rabattu sur le visage, car depuis le 9 thermidor, il se
cachait. D’autres s’étaient enfuis. Le peuple demandait des comptes à ses
anciens
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